Répartition : comment les grossistes combattent les tensions d’approvisionnement

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Répartition : comment les grossistes combattent les tensions d’approvisionnement

Publié le 21 août 2023
Par Magali Clausener
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Ils n’échappent pas à la règle. Les grossistes-répartiteurs sont de plus en plus confrontés aux tensions d’approvisionnement et aux ruptures de stock de médicaments. Et essaient d’apporter des solutions pour permettre aux officines d’y faire face.

Délivrer les médicaments est tout sauf un exercice simple. Avec l’augmentation des tensions d’approvisionnement et des ruptures de stock, les pharmaciens et leurs équipes doivent trouver des solutions (appeler le médecin afin de changer la prescription, joindre le laboratoire, etc.) pour répondre aux besoins des patients mais aussi à leurs questions : pourquoi le médicament n’est-il pas disponible ? Quand le sera-t-il de nouveau ?  Est-ce grave si j’arrête provisoirement de le prendre ?

« Les tensions d’approvisionnement et ruptures de stock affectent aussi les grossistes-répartiteurs au même titre que les pharmaciens, observe Emmanuel Déchin, délégué général et directeur des affaires publiques de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP). Elles rendent également les relations entre grossistes-répartiteurs et pharmaciens clients plus complexes, ainsi que l’approvisionnement des officines. »

Deux leviers d’action

Dans ce contexte, comment la répartition pharmaceutique peut-elle aider les pharmaciens à jouer au mieux leur rôle ? Déjà, la CSRP et les grossistes-répartiteurs échangent très fréquemment avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) afin de faire le point sur la situation. Cela a notamment été le cas l’hiver dernier lors des pénuries de paracétamol, d’amoxicilline mais aussi de prednisone et de prednisolone. « En réalité, il y avait très peu de ruptures totales de certains produits, mais des tensions d’approvisionnement ne permettant pas de répondre à la demande. L’ANSM nous demandait par conséquent quels étaient nos stocks, explique Emmanuel Déchin. En la matière, fournir des informations journalières est techniquement très lourd. En outre, il ne s’agit que d’une photographie à un instant T qui, par conséquent, ne présente que peu d’intérêt. Or, nous ne pouvons pas indiquer les stocks journaliers. Ce n’est pas un problème de transparence, toutefois c’est compliqué et cela mobilise du personnel. Techniquement, le rythme hebdomadaire est plus approprié mais il n’est pas très utile non plus. » A partir de ces données et de celles transmises par les laboratoires pharmaceutiques, l’ANSM peut alors prendre certaines décisions, comme interdire, durant un certain temps, les ventes directes, ainsi qu’auprès des grossistes-répartiteurs. « Le premier levier d’action consiste à ce que le grossiste-répartiteur ne livre que ses clients n° 1, c’est-à-dire ceux pour lesquels il est le grossiste principal. Cela permet d’éviter que les pharmaciens s’adressent à plusieurs grossistes pour constituer des stocks de précaution », détaille Emmanuel Déchin. Le deuxième levier concerne les contingentements ou les rationnements des médicaments auprès des pharmaciens. « L’ANSM nous demande de limiter le nombre de boîtes livrées aux pharmacies », précise le délégué général de la CSRP.

Une information incomplète

« Les grossistes-répartiteurs ont pleinement leur rôle à jouer. On s’appuie sur eux, mais il faut qu’ils agissent avec intelligence », estime Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Philippe○Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), pointe, quant à lui, l’information. « Celle fournie par les grossistes-répartiteurs est très parcellaire et parfois discordante avec celle des laboratoires pharmaceutiques. Il faudrait que les informations de Pharma-ML et du DP-Ruptures soient cohérentes. Cela nous permettrait de mieux renseigner les patients sur les tensions d’approvisionnement et les ruptures », note-t-il. La CSRP est consciente du problème. « Parfois, il existe des incohérences entre les informations transmises par Pharma-ML et celles du DP-Ruptures, relève Emmanuel Déchin. Nous devons mener une réflexion pour que les informations du DP-Ruptures soient fiables et standardisées et qu’elles puissent ainsi être diffusées aux pharmaciens via Pharma-ML. » Dans le domaine des tensions et ruptures d’approvisionnement, l’information est aussi le nerf de la guerre.

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