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Portrait-robot d’une profession
Si le nombre de nouveaux inscrits à l’Ordre a augmenté en 2018, celui des entrants en section A a légèrement diminué. Pour autant, l’Ordre se montre optimiste car les jeunes pharmaciens s’installent en nombre. La relève serait donc assurée. Synthèse en 4 points du panorama annuel de la démographie pharmaceutique.
L’année 2018 n’est pas marquée par des évolutions tonitruantes pour la profession de pharmacien. Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre, le souligne dans l’introduction du rapport sur la démographie au 1er janvier 2019 : « Les tendances déjà observées en 2017 se confirment. Le maillage existant permet d’apporter au patient un service de qualité et de proximité avec des pharmaciens ancrés dans les territoires, dont le renouvellement et la mobilité sont assurés. » Au-delà de ce constat, la profession continue de vieillir et de se féminiser. Quant au réseau officinal, il poursuit sa restructuration.
Le nombre d’inscrits à la section A baisse
En 2018, l’Ordre des pharmaciens, toutes sections confondues, compte 74 115 pharmaciens inscrits, soit + 0,1 % par rapport à 2017 et + 1,9 % par rapport à 2008. Cette stabilité globale des effectifs masque des évolutions variables selon les métiers. En effet, le nombre de titulaires (section A) inscrits en 2018, qui s’élève à 26 212, enregistre une baisse de 1,3 % par rapport à 2017 et de 6,9 % en 10 ans. Entre 2017 et 2018, le nombre de pharmaciens adjoints (section D) augmente légèrement de 0,7 %, portant le nombre d’inscrits à 27 777. Ce qui fait dire à l’Ordre que « la progression du nombre d’adjoints, associée à la décroissance des pharmaciens d’officine intérimaires, témoigne d’une mise en œuvre progressive mais réelle de l’exercice de nouvelles missions (entretiens pharmaceutiques, bilan de médication, vaccination, etc.) au sein des officines ». Les plus fortes hausses des effectifs concernent les pharmaciens de l’industrie (section B) avec + 4,6 % en 1 an et les pharmaciens hospitaliers (section H) avec + 2 %. Les titulaires d’officine représentent néanmoins 35,4 % des effectifs. Les pharmaciens adjoints et autres exercices (section D) sont les plus nombreux (37,1 %). Pour Alain Delgutte, président de la section A, « l’installation en tant que titulaire d’officine demeure attractive ».Il en veut pour preuve les 1 209 cessions enregistrées en 2018. Il s’agit du nombre le plus élevé depuis 6 ans. Surtout, dans 54 % des cas, cette installation a concerné un pharmacien de moins de 36 ans. Au total, 708 pharmaciens adjoints ont rejoint la section A, dont 380 avaient moins de 36 ans, 232 de 36 à 46 ans et 96 âgés de plus de 47 ans.
La féminisation de la profession reste toujours marquée. La section A compte 55 % de femmes, ce qui n’est rien à côté de l’ultraféminisée section D (81 %). Cette tendance, plus ou moins marquée selon les métiers, est constante depuis ces 10 dernières années : les effectifs féminins ont connu une croissance de 4,3 % alors que les effectifs masculins ont décru de 2,7 %.
Les titulaires vieillissent
Un autre phénomène qui persiste est celui du vieillissement de la profession. L’âge moyen des titulaires d’officine s’établit à 50,2 ans, soit 3,5 ans de plus que celui de l’ensemble des pharmaciens (46,7 ans). Si 59,5 % des titulaires ont moins de 55 ans, entre 2008 et 2018 l’augmentation du nombre de pharmaciens titulaires âgés de 55 ans et plus atteint + 38,2 %. Les régions les plus concernées par ce vieillissement sont la Bretagne, la Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes. Les pharmaciens de 56 ans et plus représentent au total 37,2 % des inscrits de la section A, soit 9 775 titulaires.
Globalement, au niveau de toutes les sections ordinales, les pharmaciens de 66 ans et plus représentent 3,6 % des inscrits à l’Ordre. « Cependant, la population se renouvelle. Le nombre de pharmaciens de moins de 35 ans augmente (+ 1,4 %) , observe l’Ordre. Cette hausse compense largement l’augmentation, liée à l’allongement des carrières, du nombre de pharmaciens proches de la retraite. En effet, les jeunes pharmaciens de moins de 35 ans représentent désormais le quart de la population alors que les plus de 66 ans en représentent 3,6 %. »
Le réseau officinal se restructure
La diminution du nombre des titulaires ces dix dernières années est en lien avec celle du nombre d’officines. En 2018, on comptabilise 20 966 pharmacies en métropole, soit 1 220 en moins par rapport à 2008 (- 5,5 %). Cette baisse se traduit par 4 officines de moins en moyenne en 10 ans pour 100 000 habitants. Heureusement, en 2018, on compte encore 32,4 pharmacies en moyenne pour 100 000 habitants. Le maillage territorial est donc préservé, 33 % des officines étant installées dans des communes de moins de 5 000 habitants et qu’un autre tiers se situe dans les villes de 5 000 à 30 000 habitants.
Cette restructuration du réseau est due à la fermeture de 1 556 officines en 10 ans, dont 226 en 2018. Ce qui est le nombre le plus important sur la période 2008-2018. Ces fermetures se traduisent dans les faits par des restitutions de licence (39 %), des cessions de clientèle (32 %), des regroupements (21 %), des liquidations judiciaires (6 %). Un élément important : 69 % des fermetures concernent des officines réalisant moins de 1 million d’euros de chiffre d’affaires (30 % dont le CA est inférieur à 500 000 € et 39 % dont le CA est compris entre 500 000 et moins de 1 million d’euros). Quant aux transferts, ils sont au nombre de 261 en 2018. Sur les 10 dernières années, ils représentent 1,2 % des officines.
Les SEL confirment leur attrait
Dernière tendance de fond que confirme l’année 2018 : le succès des sociétés d’exercice libéral (SEL) ne se dément pas. Pour la première fois, leur part représente 53 % des officines, soit 11 165 pharmacies. En 10 ans, le nombre de SEL a été multiplié par 3. De fait, le nombre de sociétés de participations financières de professions libérales (SPF-PL) continue de progresser : en 2018, elles étaient 2 381 contre 1 846 en 2017, soit une croissance de 29 %. Il faut cependant noter qu’entre 2016 et 2017, la hausse avait atteint + 49 %. A contrario, seulement 21 % des officines sont aujourd’hui exploitées en nom propre.
Parmi les 16 092 officines n’ayant qu’un seul titulaire, 3 589 exercent seuls, 4 534 travaillent avec des adjoints à temps partiel et 5 578 avec des adjoints à temps plein. Près de 3 400 des titulaires ont à la fois des adjoints à temps plein et à temps partiel. Finalement, 2,6 pharmaciens (titulaires et adjoints) sont dénombrés par officine en moyenne en 2018, contre 2,4 en 2010. De fait, malgré la restructuration du réseau officinal, la présence pharmaceutique a légèrement augmenté durant ces 10 dernières années. §
PHARMACIENS FRANÇAIS MAIS DIPLÔMES ÉTRANGERS
+ 10 % : c’est la hausse du nombre de pharmaciens français ayant obtenu un diplôme à l’étranger. En 2017, elle était de + 4,7 %. De fait, les pharmaciens dans ce cas inscrits à l’Ordre étaient 732 en 2017 contre 805 en 2018. Ces diplômés étrangers viennent principalement de Belgique (32 %), mais aussi de Roumanie (13 %). Le nombre de Français ayant obtenu un diplôme roumain continue en effet de progresser (+ 34 % sur 1 an). Mais l’Ordre observe surtout la recrudescence de pharmaciens français avec un diplôme algérien (17 %), dont le nombre a été multiplié par 5 depuis 2017.
En outre, en 2018, 665 professionnels européens (hors nationalité française) ont obtenu leur diplôme à l’étranger contre 628 en 2017, soit + 6 % en 1 an. Au total, 72 % des diplômes (toutes nationalités confondues) ayant été obtenus hors de France l’ont été en Europe.
À RETENIR
• L’Ordre national des pharmaciens publie, comme chaque année, un panorama démographique. Au 1er janvier 2019, les tendances déjà observées ces dernières années se confirment.
• Le maillage territorial reste harmonieux, favorisant ainsi l’accès à des soins de proximité.
• Le renouvellement de la profession est assuré, les pharmaciens sont de plus en plus jeunes.
• La profession est particulièrement féminine.
• Le nombre de fermetures d’officines est au plus haut depuis 10 ans.
REPÈRES
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