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© Getty Images
Pénuries de médicaments : relocaliser, mais pas à tout prix
Invité du Café Nile du 3 mai, Louis-Samuel Pilcer, Directeur de projets « relocalisation des industries de santé » à la Direction générale des entreprises (DGE), a fait le point sur la politique de réindustrialisation française.
Premier constat : en 2008, les 2/3 des principes actifs consommés en Europe étaient produits en Europe et, en 2022, les 2/3 sont produits en Asie (Chine et Inde). Pire encore : pour 1 médicament sur 6, aucun producteur en Europe n’existe. D’où l’urgence de relocaliser la production de certains principes actifs et médicaments dits critiques tant sur le plan thérapeutique que sur le plan industriel.
A cette fin, la Direction générale des entreprises (DGE) et le ministère de la Santé sont en train d’établir une liste de molécules prioritaires. Pour l’heure, seules 48 molécules ont été retenues sur les 200 que devrait contenir cette liste, annoncée pour fin mai par François Braun. Selon Louis-Samuel Pilcer, l’élaboration de cette liste est longue car les sociétés savantes sont consultées, ainsi que l’Académie nationale de pharmacie. La Commission européenne a également prévu, dans le cadre du « paquet pharmaceutique », une telle liste au niveau européen pour fin 2023. Selon Louis-Samuel Pilcer, la France a déjà transmis à la Commission européenne sa première liste ainsi que la méthodologie pour son élaboration.
L’exemple des collyres antibiotiques
Mais c’est surtout la question du prix faible de certains médicaments qui a suscité des commentaires de la part des participants au Café Nile. Ainsi, Martine Claret, présidente du laboratoire Horus Pharma, société française indépendante spécialisée en ophtalmologie, a mis en exergue ce problème. « En ophtalmologie, le problème principal c’est le prix. Nous avons des prix absolument dérisoires avec certains produits critiques comme les collyres antibiotiques. Leur prix est de 2,5 €-3 €, trois fois au moins inférieur aux prix en Allemagne. Et le Comité économique des produits de santé (CEPS) nous propose des prix en-dessous du prix de revient industriel. Nous ne savons pas si nous allons continuer à produire des antibiotiques. Il faut aussi veiller à ce que les industriels ne quittent pas la France », a-t-elle expliqué.
« La relocalisation n’est pas l’alpha et l’oméga d’une politique publique, il faut aussi s’assurer que les activités de production en France sur lesquelles les acteurs sont en difficultés et susceptibles de cesser la fabrication, doivent aussi être soutenues, a répondu Louis-Samuel Pilcer. Il faut s’assurer que la politique tarifaire ne soit pas au détriment de la production en France de ce type de produits. » Cependant, il a souligné qu’il fallait attendre dans ce domaine les conclusions de la mission interministérielle sur la régulation et le financement des produits de santé, prévues pour juillet 2023.
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