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PANNE SÈCHE

Publié le 17 décembre 2011
Par Francois Pouzaud
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Les plans successifs de maîtrise des dépenses de santé finissent par peser lourd dans les comptes des officines. Le réseau est victime d’une panne de croissance durable dont on ne voit toujours pas le bout. Les chiffres d’affaires stagnent quand ils ne décroissent pas.

L’an dernier, les officines ont entamé leur quatrième année de croissance faible ou nulle ou de décroissance. Les statistiques de la FSPF, issues de l’analyse de plus d’un millier de bilans clôturés au cours de l’année 2010, montrent une nouvelle fois que les chiffres ne sont pas bons. Le fait que toutes les pharmacies étudiées ne clôturent pas leur exercice comptable le 31 décembre, mais seulement 20,7 %, n’y change rien. La très nette dégradation intervenue sur le dernier trimestre n’est que partiellement prise en compte dans les résultats de l’enquête économique de la FSPF.

LES DISPARITÉS ENTRE OFFICINES S’ACCENTUENT

Avec un chiffre d’affaires moyen de 1,544 million d’euros, la pharmacie a régressé de 0,19 % en 2010. Le chiffre d’affaires total du réseau est alors de 33,9 millions d’euros (voir graphique ci-contre). « C’est la première fois que le chiffre d’affaires des officines baisse, et cela risque de ne pas être la dernière », fait remarquer Philippe Besset, en charge de l’économie à la FSPF, qui s’attend à une reconduction de cette tendance jusqu’en 2013.

Comme toujours, les disparités entre officines s’accentuent : 41,4 % d’entre elles régressent. La même proportion d’officines (41 %) connaît une très légère progression jusqu’à 6 %. Seule une petite minorité (17,6 %) affiche une croissance du chiffre d’affaires supérieure. « Les écarts se creusent entre ces trois groupes de pharmacie », commente Philippe Besset.

D’une façon générale, les chiffres montrent que la moitié des officines affichent un CA inférieur ou égal à 1,5 million d’euros, un quart entre 1,5 et 2 millions d’euros et une sur quatre un CA supérieur à 2 millions d’euros. La frange la plus haute connaît encore un certain niveau de croissance et continue à s’étoffer en nombre d’officines. Philippe Becker, directeur du département Pharmacie chez Fiducial Expertise, observe que les officines de taille importante, souvent exploitées en association et/ou situées dans les centres commerciaux, progressent en moyenne toujours mieux.

110 M€ DE CA EN MOINS POUR LE RÉSEAU

En dépit de ces disparités, les chiffres Pharmastat montrent de façon plus fine une situation en nette détérioration. La croissance du CA en médicaments remboursables stagne (+ 0,2 % pour 80 % du CA total), les ventes de médicaments non remboursables (- 4,5 %, 7 % du CA total) et de parapharmacie (- 2,3 %, 7 % du CA total) ne compensant rien. Seuls les produits de la liste des produits et prestations remboursables (LPPR) font bonne figure (+ 1,2 %, 6 % du CA total). Résultat : en 2010, le réseau perd 110 millions d’euros de CA.

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Sur l’année 2011, en cumul sur les sept premiers mois de l’année, la tendance baissière se confirme : – 0,1 % pour le CA total. La part des ventes de médicaments remboursables vire dans le rouge (- 0,2 %) et la part de l’AMM non remboursable est toujours enlisée dans la récession (- 2,3 %). Les ventes de produits de la LPPR maintiennent le cap de la croissance, affichant une progression de 2,5 %. Et, bonne surprise, les ventes de parapharmacie se ressaisissent (+ 1,3 %), parvenant, même si cela ne suffit pas – du fait de leur faible part dans le chiffre d’affaires total –, à redresser l’ensemble de l’activité officinale. En année glissante, c’est donc toujours le statu quo (– 0,3 % de baisse générale).