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© Getty Images
Nouvelles missions : les étudiants sont-ils bien formés ?
Objectif : officinaux opérationnels. Formés à la pharmacie clinique sans que ne s’éteigne la flamme entrepreneuriale. Pour cela, les évolutions du métier s’intègrent au fur et à mesure dans les enseignements dispensés par les facultés. Avec des disparités et parfois des incohérences. Immersion en amphi.
Les nouvelles missions se déploient à l’officine au fil de l’évolution de la convention pharmaceutique. C’est également de manière progressive qu’elles sont intégrées dans le cursus des étudiants. « Nous faisons en sorte d’être proactifs concernant cette intégration au sein des enseignements, indique Julien Perrin, vice-doyen de la faculté de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Les nouvelles missions sont abordées dès le milieu de la 4e année dans la filière officine. Mais certaines ne sont enseignées qu’en 6e année, avec comme perspective une mise en application lors du stage officinal. » Les évolutions du métier sont dispatchées au sein du programme existant. « Il n’y a pas d’unités d’enseignement (UE) spécifiques pour les nouvelles missions. Nous voyons où et comment cela peut s’intégrer », rapporte Julien Perrin. En pratique, à la faculté de Nancy, l’entretien court de la femme enceinte a trouvé sa place dans un module de 20 heures déjà consacré à la grossesse. « Et nous avons ajouté le diagnostic de l’angine et le dépistage du cancer colorectal en 5e année. » Quant à la dispensation sous protocole, elle est intégrée à une UE de 5e année sur l’automédication, précise-t-il encore. Il se peut également que la thématique liée à une nouvelle mission soit renforcée. « Avec la mise en place des entretiens dans le cadre des chimiothérapies orales, le programme a, par exemple, été enrichi pour traiter davantage de la cancérologie. » Mais approfondir un enseignement n’est pas si simple. Dans un cursus déjà long et dense, on travaille à volume horaire constant pour une matière donnée. Si on ajoute, il faut retirer. Même si ce ne sont que quelques heures en plus. D’une faculté à l’autre, il peut aussi y avoir une disparité par rapport au temps consacré aux disciplines. Ainsi, si les thématiques sont systématiquement abordées dans toutes les facultés, elles sont plus ou moins approfondies, relève Servanne Lalinec, vice-présidente de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) en charge des perspectives professionnelles. « Les missions sont traitées mais pas toujours la démarche pour les mettre en place. Cela reste très “faculté-dépendant” », pointe celle qui est aussi étudiante en filière officine à Montpellier (Hérault).
Une latitude et des incohérences
Certes, les universités ont gagné en autonomie depuis une quinzaine d’années et organisent leurs enseignements comme elles l’entendent. Le nombre d’heures consacrées aux matières et la qualification des enseignants qui en assurent la formation peuvent varier. L’arrêté du 8 avril 2013 relatif au régime des études en vue du diplôme d’Etat de docteur en pharmacie fixe les grandes lignes des enseignements sans entrer dans le détail. A chaque faculté de s’organiser. Mais ces latitudes données à chacune peuvent soulever des incohérences. Concernant par exemple les tests rapides d’orientation diagnostique de l’angine, qui peuvent être abordés à l’occasion d’enseignements sur l’infectiologie. « Mais pourquoi en 4e année à l’université Paris-Saclay et en 5e, 6e année ou même pas du tout dans d’autres facultés, questionne la représentante des étudiants. Et pour la vaccination, il arrive que la partie théorique soit enseignée à un certain moment et que le geste vaccinal le soit à un autre dans le cursus. Cela peut être en 4e, 5e ou 6e année. Ce qui interroge, alors que les étudiants sont habilités à vacciner dès la 4e année. » De son côté, Julien Perrin constate que « la formation validante théorique et pratique sur la vaccination a été lancée dès que les pharmaciens ont été autorisés à vacciner. » La formation sur l’éducation thérapeutique du patient fait figure d’exception. D’une durée de 40 heures, elle se doit d’être répartie entre la 4e et la 5e année au sein du tronc commun puis de la filière officine. L’initiation à l’exercice coordonné, avec l’apprentissage des démarches pour notamment monter une communauté professionnelle territoriale de santé est au programme de la 6e année. « Parce que nous sommes au plus proche de l’exercice en officine, justifie Servanne Lalinec. C’est important que cet aspect de notre métier nous soit enseigné à ce moment-là pour ne pas avoir à l’ajouter en se formant par nous-mêmes à l’issue de nos études. »
Devenir aussi un chef d’entreprise
Les étudiants doivent être en capacité d’exercer ces nouvelles missions même si les officines où ils travailleront ne les mettent pas en place. « C’est une plus-value dont peut se saisir le titulaire », appuie la future pharmacienne. La présence d’un étudiant pour son stage officinal peut aussi être un élément déclencheur. Tous les maîtres de stage ne sont pas forcément avancés dans la mise en place des nouvelles missions. « Nous leur demandons s’ils y sont investis. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas rédhibitoire. Le pharmacien peut tout de même obtenir son agrément. » L’objectif est que l’étudiant réalise au moins un bilan partagé de médication (BPM) au cours du stage de 6e année. « Ce n’est pas toujours facile. De nombreuses pharmacies n’en ont jamais fait. Et il y a une difficulté à convaincre et à prendre rendez-vous avec les patients. Autrefois nous demandions que trois BPM soient réalisés, mais c’était un objectif difficile à atteindre. » Avant d’effectuer leur stage officinal, les étudiants sont mis en situation pratique pour se préparer aux BPM. Dans la mesure du possible, ces enseignements sont partagés entre futurs pharmaciens et médecins généralistes. Passés par la faculté, les étudiants seront-ils forcément porteurs du flambeau de la pharmacie clinique ? Certains choisissent avant tout l’officine pour ses dimensions entrepreneuriales et managériales. « Même si c’est le cas, ils conservent un fort attrait pour la santé publique et pour la prise en charge du patient. Tout en se sentant aptes à diriger une équipe et à avoir leur propre officine », rapporte Servanne Lalinec. « Les jeunes sont attachés à une diversité d’activité. Et les nouvelles missions leur permettent d’élargir le panel », constate également Julien Perrin. Aux étudiants bien formés, la valeur n’attend point le nombre des années de faculté.
« Créer une pharmacie à mon image »
« Cela fait longtemps que je m’intéresse à la pharmacie. C’est d’ailleurs dans une officine que j’ai fait mon stage de 3e au collège », rapporte Thomas Blain, étudiant en 5e année à Poitiers (Vienne). Pas eu envie de faire médecine. « Ce sont les compétences sur le médicament, le suivi du patient et le conseil pharmaceutique qui m’ont attiré. » Le futur officinal veut développer des entretiens pharmaceutiques pour tous les patients pour lesquels « la maladie prend de la place sur la qualité de vie ». Devenir titulaire, selon lui, c’est le projet de toute une vie. « Mes envies de professionnel de santé et d’entrepreneur vont très bien ensemble. Je veux créer une pharmacie à mon image. Ce que je vois aujourd’hui en travaillant à l’officine m’aide à me projeter plus facilement. Je m’intéresse à l’agencement. Le déploiement des nouvelles missions en dépend. »
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