Médicaments : faut-il revoir leur trop polluante distribution ?

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Médicaments : faut-il revoir leur trop polluante distribution ?

Publié le 30 août 2023
Par Magali Clausener
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Dans son rapport remis le 29 août au gouvernement, la mission interministérielle sur le financement et la régulation des produits de santé aborde également la distribution en termes de coûts et d’impact environnemental. Et émet des recommandations pour que la chaîne de distribution soit plus optimale.

La mission s’est penchée sur de nombreux sujets dont ceux des impacts économiques et environnementaux de la chaîne du médicament. La distribution en fait partie. Le constat est sans appel. Sur le plan économique, « les coûts associés à la distribution des médicaments en ville sont particulièrement élevés », relève la mission. Ils sont de l’ordre de 8 milliards d’euros dont 1,5 milliard d’euros pour la distribution en gros et 6,5 milliards d’euros pour l’officine, « à comparer à une dépense totale de l’ordre de 18 milliards d’euros ».

4 tonnes de CO2 par an

D’un point de vue environnemental, la mission souligne que « la logistique « du dernier kilomètre » paraît particulièrement peu optimisée : des milliers de véhicules parcourent la France pour livrer des médicaments (mais aussi d’autres produits vendus en pharmacie), et mobiliser la pharmacie parfois plus de dix fois par jour d’après les auditions ». Elle estime, à raison de 300 millions de kilomètres par an au plan national, que la livraison d’une officine générerait en moyenne 4 tonnes de CO2 par an.

« Au total, il apparaît que la structuration, le financement et le mode opératoire de fonctionnement de cette chaine ne sont plus optimaux et doivent être revus de façon globale et cohérente ».

Revoir les marges et verdir la distribution

La mission recommande donc de lancer un groupe de travail réunissant les acteurs de la distribution, les industriels, les associations de patients, les collectivités locales, les experts environnement, etc. d’ici la fin de l’année pour construire une liste de propositions. Il devrait notamment :

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 – examiner « si les obligations de service public ne pourraient pas être allégées notamment en ville où il y a une forte densité de pharmacie, car elles représentent un coût pour le système peut être évitable » ;

– s’appuyer sur une analyse économique de la répartition de la valeur entre les acteurs et tenant compte des automatisations des entrepôts de stockage, des évolutions de la logistique du dernier kilomètre, etc. ;

– examiner si la marge de distribution en gros ne devrait pas être supprimée pour les circuits de distribution qui ne répondent pas aux obligations de service public (vente directe / dépositaires) ;

– s’interroger sur l’impact sur les coûts de distribution d’un niveau croissant d’écart entre le prix facial et le prix net, alors que les marges sont calculées sur les prix faciaux et non les prix nets pour des raisons de confidentialité ;

– mieux comprendre les impacts environnementaux notamment  sur le CO2, et examiner les options pour verdir rapidement la distribution.