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Médicaments chers : petits volumes aux grands effets
La croissance des médicaments coûteux n’en finit plus de flamber. L’an dernier, déjà, la délivrance des prescriptions hospitalières et la hausse du nombre de molécules chères avaient boosté le chiffre d’affaires (CA) des officines. La tendance se poursuit en 2024. Selon les données du Gers Data, le marché des médicaments chers (au-dessus de 468,97 € en prix fabricant HT), enregistre, sur les 12 derniers mois à fin septembre, une croissance de + 12 % en pourcentage du CA par rapport à septembre 2023, pour atteindre 10,2 milliards d’euros. Du côté des médicaments onéreux (tranche 5), au prix fabricant HT supérieur à 1 930 €, le marché s’élève, en septembre, à 5,6 milliards d’euros, avec une progression toutefois plus relative, de l’ordre de + 2 %, versus l’année passée, et un volume d’unités remboursées qui chute de 11 %. En cause, « les baisses de prix de certains médicaments très chers, désormais classés en tranche 4 et donc sans impact sur la marge », analyse David Syr, directeur général adjoint du Gers Data et directeur exécutif Cegedim Pharma. Malgré ces circonstances, « le marché des médicaments chers et onéreux reste dynamique et les tranches 4 et 5 sont toujours les premiers contributeurs de croissance du médicament remboursable, reprend David Syr. Selon les données du cabinet d’expertise comptable AdequA, ils connaissent la plus forte progression de marge en valeur dans les officines. Ces médicaments représentent aussi « 42 % du CA des officines généré par les délivrances de médicaments remboursables à prescription médicale obligatoire, mais seulement 0,4 % des volumes », développe David Syr.
Gérer le risque
De petits volumes aux grands effets, notamment sur le CA qu’ils peuvent rendre instable, ainsi pourrait-on qualifier le marché des médicaments chers et onéreux. « Un pharmacien de ma connaissance génère actuellement 1,5 million de CA avec seulement deux traitements, parce qu’en ce moment, deux de ses patients sont sous traitement onéreux. Si elle en perd un, son CA s’effondre », pointe Julien Chauvin, président de la commission études et stratégie économique de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Comme l’explique Emmanuel Leroy, associé chez KPMG, « le montant de ventes pouvant être augmenté artificiellement par des délivrances exceptionnelles de produits très chers, la pérennité de l’économie n’est pas toujours assurée ». Pour faire face à cette instabilité, « nous réclamons que nos déclarations de CA soient exemptées de ces médicaments », pose Julien Chauvin. Autres problématiques soulevées par les experts, les indus, de plus en plus fréquents, et plus largement, « une gestion du risque qui est particulière », souligne Bertrand Cadillon, expert-comptable chargé du marché de la pharmacie chez Fiducial. Une ordonnance non conforme, une boîte perdue ou un problème de stockage entraînant la perte du produit aura un impact très significatif sur l’économie de l’officine, tout comme le décès du patient ou un changement d’officine alors que la boîte est déjà commandée. Si le faible taux de marge ne semble pas compenser les prises de risque, la marge en valeur, elle, progresse avec la croissance du marché qui devrait se poursuivre en 2025.

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