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LIVRAISON À DOMICILE DE MÉDICAMENTS : COMMENT CHOISIR SON PRESTATAIRE

Publié le 25 juin 2022
Par Yves Rivoal
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Zone d’intervention, groupements partenaires, délais et coûts de livraison figurent parmi les critères majeurs pour sélectionner son prestataire de livraison à domicile. Les représentants de ces sociétés éclairent sur leurs services. Suivez le guide.

C’est une tendance lourde de l’après Covid-19 : de plus en plus de pharmacies proposent un service de livraison de médicaments à domicile. Pour faire son choix, le premier réflexe est de se tourner vers son groupement. Celui-ci a peut-être déjà négocié des conditions préférentielles avec un prestataire partenaire. « Si c’est le cas, il faut s’assurer qu’il propose la livraison dans la ville où la pharmacie est installée, conseille Nicolas Schweizer, fondateur de Pharmao. Sinon une visite sur les sites des autres acteurs du marché permettra de voir qui est susceptible d’opérer les livraisons. »

Gratuit pour les pharmaciens

Plusieurs critères sont pris en compte au moment de choisir son prestataire. Si tous les opérateurs ont choisi de proposer gratuitement ce service aux pharmaciens, en se rémunérant sur les frais de livraison, le coût minimum facturé au patient varie de 4,99 € TTC chez Livmed’s à 7,90 € TTC chez Mymediks. Les intervenants se distinguent aussi par des modes de livraison différents. Livmed’s, Mymediks et Pharmao ont fait le choix de la livraison express grâce à des flottes de coursiers. Avec des délais qui oscillent entre 30 minutes et 1 heure une fois que le pharmacien a préparé et validé la commande. Mes médicaments chez moi est la marque ombrelle qui consolide l’ensemble des modes de livraison du groupe La Poste. Elle propose la livraison à J + 1 par le facteur via Proxi course santé, en une heure par coursier via la filiale Stuart et par les livreurs d’officine de Minute Pharma. Ce choix stratégique a une incidence sur les zones de livraison couvertes. Proxi course santé est en capacité de livrer partout en France, tout comme Livmed’s. « Pour ce faire, nous faisons appel à Envoi du Net, une communauté de 500 e-commerçants permettant de mutualiser les volumes d’envois, précise Talel Hakimi, président de Livmed’s. Nous étudions également avec la société Hdrones une solution qui nous permettrait de livrer rapidement, au moyen de drones, les zones rurales les plus éloignées. » En express, Pharmao est présent dans 240 villes, Livmed’s et Stuart dans une centaine, tandis que Minute Pharma en couvre une cinquantaine et Mymediks, 18. Un autre paramètre important pour les pharmacies qui souhaiteraient élargir la livraison à domicile à l’over the counter (OTC) et aux produits de parapharmacie : l’interfaçage avec le logiciel de gestion officinale (LGO). Cette fonctionnalité n’est pour l’instant pas intégrée dans les services de livraison du groupe La Poste, alors que tous les autres acteurs la proposent. « Chez nous, tout est géré de manière automatique. Nous nous connectons au LGO pour générer le catalogue de produits qui est synchronisé avec les prix et les stocks de la pharmacie. Ce travail d’interfaçage est gratuit pour le pharmacien », explique Doria Barchiche, présidente de Mymediks. Chez Livmed’s, 40 % des patients avec ordonnance achètent aussi des médicaments OTC ou des produits de parapharmacie. Un taux qui atteint 60 % chez Pharmao.

Un cadre à respecter

Le dernier critère important à prendre en compte porte sur le respect des bonnes pratiques de dispensation, notamment sur la nécessité de présenter une ordonnance lors de la première délivrance*. Trois acteurs, Mes médicaments chez moi, Pharmao et Mymediks ont fait le choix de respecter ce cadre. « Tous nos services de livraison intègrent dans leur parcours un premier passage chez le patient pour aller chercher l’original de l’ordonnance, la carte Vitale et la carte de mutuelle, et l’apporter au pharmacien, assure Marc Vu Quang, directeur général de la division santé de La Poste. Celui-ci dispose donc bien des documents originaux lorsqu’il enclenche la délivrance et la facturation. Les médicaments sont par ailleurs toujours placés dans un paquet scellé au nom du patient et lui sont remis en main propre. » De son côté, Livmed’s a mis en place un parcours 100 % digital. « 80 % des ordonnances nous sont transmises après une téléconsultation. Sur notre application, le patient peut l’adresser à son pharmacien en PDF ou en la prenant en photo. Idem pour la carte Vitale et l’attestation. Toutes les transmissions vers nos serveurs agréés hébergeurs de données de santé (HDS) sont cryptées », confie Talel Hakimi. Le choix du prestataire effectué, reste à instaurer les process qui favoriseront le développement des usages. « Il faut que l’équipe officinale s’approprie le service et en fasse la promotion au comptoir, conseille Doria Barchiche. Il doit aussi être mis en avant sur les écrans du point de vente, sur le site internet et sur la page Facebook de la pharmacie. Enfin, il faut adopter une organisation qui permette de traiter les commandes en ligne comme au comptoir dans un délai compris entre 2 et 15 minutes, afin de ne pas générer de la frustration ou de la déception chez les patients qui s’attendent à être livrés rapidement. »

* Selon l’article R. 5132-22 du Code de la santé publique.

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DISPENSATION À DOMICILE : RÉMUNÉRÉE ET RESTRICTIVE

La dispensation à domicile est intégrée à la convention pharmaceutique de 2022. Sur un périmètre toutefois limité au dispositif de sortie hospitalière Prado (programme d’accompagnement du retour à domicile) portant sur quatre champs : personnes âgées, chirurgie, pathologies chroniques et Covid-19. C’est le conseiller de l’Assurance maladie qui contacte le pharmacien choisi par le patient afin de l’intégrer au programme. Et c’est l’équipe de soins de l’établissement de santé qui évalue la nécessité de mettre en place cette dispensation. « Elle peut être assurée par un pharmacien, un préparateur ou un étudiant en pharmacie », rappelle Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Il invite les titulaires à s’emparer de ce nouveau service pour démontrer son intérêt : « Cela nous permettra peut-être, dans un second temps, d’élargir son périmètre au-delà du Prado, et de négocier un forfait plus incitatif que les 2,50 € accordés pour chaque dispensation, dans la limite de cinq par jour au maximum. »