Les salaires et les loyers absorbent la marge des officines

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Les salaires et les loyers absorbent la marge des officines

Publié le 12 mars 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Les chiffres 2024 des officines présentés le 7 mars 2025 par le groupement d'expertise comptable CGP affichent des résultats positifs : une progression de 5,03 % du chiffre d’affaires et une évolution de la marge brute globale de 1,17 %. Pour autant, l’heure n’est pas aux grandes réjouissances car les charges pèsent de plus en plus lourd sur les comptes des officines.

Les charges externes ont fait un bond de près de 6 % l’an passé, progressant en moyenne de 7 000 euros par officine. « Rapportée à la progression de la marge, évaluée à 8 000 euros, on comprend rapidement qu’il y a peu de place à l’investissement », souligne Bastien Legrand, président du groupement d’experts comptables CGP.

Parmi les principaux contributeurs à cette hausse :

le loyer moyen qui s’établit à 33 300 euros pèse pour plus d’un quart dans le montant total des frais généraux. Il est en augmentation de 5 % par rapport à l’an passé ;

– les contrats de leasing conclus en 2022 et 2023, quand les trésoreries étaient plus florissantes, pour l’achat de robots, de matériel informatique, la création de sites internet… pèsent également sur le niveau de rentabilité, de même que le coût de leur maintenance ;

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– l’inflation énergétique qui bien que moindre est toujours persistante.

65 000 euros de salaires en plus

Les charges de personnel viennent elles aussi grignoter la marge brute globale. Elles représentent 11 % du chiffre d’affaires, soit une augmentation de 14 000 euros. « Ces charges ne cessent d’augmenter. Sur trois ans, on enregistre une évolution de 65 000 euros sur ce poste », continue Bastien Legrand. Un poids financier en forte évolution qui s’explique par :

– une surenchère salariale à l’embauche compte tenu des difficultés de recrutement ;

– un alignement des salariés déjà présents pour éviter toute défection ;

– la répercussion des hausses de salaires actées en 2023.

« Nous notons toutefois que certains de nos clients ont réussi à maintenir leurs frais de personnel au même niveau que l’an passé, mais ne nous voilons pas la face, cela signifie qu’ils ont travaillé avec une personne de moins. On comprend dès lors les discours sur la fatigue et l’exaspération croissante des pharmaciens… Les compétences nécessaires aux nouvelles missions et la réforme de la formation des préparateurs entraineront, à n’en pas douter, une nouvelle hausse de la masse salariale des officines dans les prochaines années. Plus que jamais, les trésoreries sont à surveiller comme le lait sur le feu », conclut l’expert-comptable.