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Les petites officines étranglées par le marché
Sept pharmacies ont fermé leurs grilles depuis janvier dans Paris. Si les grosses s’en sortent plutôt bien, les petites sont confrontées à une double loi du marché, pharmaceutique et immobilière.
Ce métier que j’ai adoré, je ne l’aimais plus du tout à la fin. » Marie-Claude Sarrazin, la soixantaine, a du mal à se remettre de la liquidation judiciaire de sa pharmacie qu’elle a dirigée pendant dix-sept ans, « dont huit ans de redressement judiciaire ». La pharmacienne a finalement jeté l’éponge au mois de juin et son officine a été reprise depuis. Marie-Claude Sarrazin effectue maintenant des remplacements.
Sept fermetures depuis janvier
A Paris, sept officines dans sept arrondissements différents ont fermé depuis le mois de janvier. Licence restituée, liquidation judiciaire ou regroupement, les raisons sont diverses. Marie-Claude Sarrazin assure que, dans son cas, la concurrence de Citypharma (ex-Fouhety), une pharmacie connue pour ses prix bas, l’a poussée à abdiquer. « Les gens venaient, passaient un quart d’heure pour écouter nos conseils et allaient acheter ailleurs », explique-t-elle, amère. A cette concurrence s’est ajouté le départ de deux médecins du voisinage. Marie-Claude Sarrazin a même pensé, dans un dernier sursaut, à fonder une association avec ses confrères pour faire face, mais « c’était sans compter sur l’individualisme de la profession ».
Les « petites » pharmacies sont-elles condamnées à fermer à Paris ? Marie-Claude Sarrazin en est persuadée. « Les pharmacies de quartier, malgré leur écoute et leurs conseils ne sont plus viables », analyse-t-elle. Jean-Jacques De Moutis, président de l’ordre des pharmaciens d’Ile-de-France reconnaît qu’il « n’est pas bon être une petite voire une moyenne pharmacie à Paris où les frais fixes sont supérieurs pour une rentabilité identique à celle d’une officine du Larzac ».
Une officine pour 1 046 habitants !
En 30 ans, la ville a perdu un tiers de ses habitants. Paris est donc excédentaire en nombre d’officines. Pour 2 millions d’habitants, elle en compte 1 046. Un surnombre qui fait que « beaucoup d’officines sont en deçà du seuil de rentabilité », indique l’Ordre.
En plus de la concurrence, ces points de vente sont aussi confrontés à la pression immobilière. Dans certains quartiers, l’immobilier a pris une telle valeur que des enseignes de luxe sont prêtes à racheter la pharmacie à un prix exorbitant pour décrocher l’emplacement. Moins de population, des loyers toujours plus chers, une concurrence effrénée, des contraintes d’horaires donc de personnel sont autant d’obstacles à surmonter.
Transfert en banlieue possible mais difficile
« Il y a des incitations dans les textes à des transferts de Paris vers la banlieue », souligne Jean-Jacques De Moutis, qui ajoute que « la voie prioritaire est aussi celle du transfert ». Malheureusement, la banlieue est déjà bien pourvue en officine. Seuls des secteurs comme Montigny-le-Bretonneux, dans les Yvelines, ou autour du pôle Eurodisney, en Seine-et-Marne, peuvent encore voir des créations tous les deux à trois ans. Jean-Jacques De Moutis rappelle que ces créations ne sont possibles que si la voie du transfert a échoué.
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