L’équipe passion

– Leur histoire

A Cabannes, village du nord des Bouches-du-Rhône, il y a deux officines dont celle de Gisèle Colombani, créée en 1990. Féminine à 100 %, l’équipe est composée d’une pharmacienne adjointe et de quatre préparatrices. Toutes travaillent à temps partiel de leur propre gré.

– Pourquoi ça marche ?

– Le point de vue de la titulaire. Depuis sa création, cette officine a su retenir dans ses filets presque toutes les personnes qui y ont travaillé. Les compétences et la bonté de Gisèle ont attiré une clientèle de plus en plus nombreuse, et le trio originel constitué de Gisèle (51 ans), Annie (50 ans), adjointe, et de Marilyn (38 ans) s’est étoffé avec les arrivées successives de Myriam (42 ans), Audrey (30 ans) et Agnès (30 ans). Avant toute chose, Gisèle désirait partager son idée du métier officinal : efficacité plutôt que rentabilité, être à l’écoute des autres (et en priorité du patient) et les aider, mais aussi travailler en équipe et progresser ensemble. Elle a donc d’emblée joué la carte de la confiance et de la responsabilisation. « Je souhaitais par exemple que chaque personne ait un accès à la documentation, aux hebdomadaires comme aux livres de référence. Je ne voulais pas être un employeur qui savait tout et qui ferme l’information aux autres. » Logiquement, les solutions aux problèmes, Gisèle les cherche avec l’aide de toutes, son rôle se limitant à prendre la décision. « Mon choix n’est pas forcément le meilleur. Il faut être capable de se dire que c’est l’une d’entre elles qui a raison. »

Si parfois les caractères s’affrontent dans ce huis clos officinal, chaque récrimination est entendue mais Gisèle ne tranche jamais. Par peur de blesser ou de faire souffrir, elle estime avoir suffisamment de pouvoir en tant que titulaire pour ne pas avoir besoin de manifester son autorité. « Elles sont adultes, non ? »

– Le point de vue des collaboratrices. De retour depuis 2002, après une absence de huit ans en tant que titulaire, Annie constate que rien n’a changé : Gisèle a su conserver le même climat autour d’elle en s’intéressant à chacune et en les ménageant sans jamais envenimer aucune situation. Myriam surenchérit : « Elle apaise toujours. Avec elle, il y a une solution à tout. » « Très diplomate, elle arrive à te dire ce qu’elle souhaite ou pense sans que tu le ressentes comme une réflexion désagréable », souligne Marilyn. « Elle prend en considération chaque personne et chaque opinion lui importe. Elle est à l’écoute sans être maternelle. Gisèle pratique la pharmacie comme j’espérais qu’on pourrait le faire », conclut Agnès, qui fait près de 80 kilomètres par jour pour venir travailler.

L’AVIS DU CONSULTANT

– Les valeurs fortes

Nous sommes là dans une démarche participative avec une autorité qui n’hésite pas à responsabiliser. La titulaire possède des qualités importantes pour exercer ce métier : ouverture aux autres, humanité, respect et considération des personnes. Elle sollicite, elle associe, elle responsabilise sans perdre à aucun moment sa crédibilité de patronne. Ce faisant, elle développe chez ses collaboratrices leur capacité à être responsables afin de vivre des rapports d’adulte à adulte. Elle apporte à ses employées un équilibre dans leur métier en contribuant à les faire exister professionnellement.

– L’excès de style

La limite de cette titulaire est son refus d’arbitrer les conflits interpersonnels qui, dans le contexte d’une pharmacie « familiale », n’ont jamais posé de grosses difficultés. Celles-ci s’aplanissent parce que les gens l’aiment bien mais ce n’est pas suffisant. Si l’officine venait à se développer, il faudrait intégrer cette dimension car elle est le garant de l’efficacité du groupe. On doit considérer l’autre comme un adulte capable d’analyser et de réfléchir sur son comportement en lui montrant les avantages du changement d’attitude, tout en assurant le suivi de l’engagement pris.