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Le salut par le service

Publié le 8 novembre 2008
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Lors de ces Rencontres, l’universitaire Francis Megerlin a insisté sur la nécessité pour les pharmaciens de se repositionner radicalement sur le service. A méditer.

Où se situe désormais la création d’utilité de valeur de la pharmacie, interroge Francis Megerlin, maître de conférences en droit et économie de la santé à Paris-V, sachant que l’analyse pure de l’ordonnance apparaît de plus en plus automatisable avec les logiciels, et que « ce n’est pas parce qu’un acte est accompli par un pharmacien qu’il est pharmaceutique » ? Eh bien dans la vérification de l’adéquation de la demande avec une analyse clinique (renouvellement d’ordonnances, prescription d’analyse biologiques, adaptation posologique…). Et, contrairement à la formalisation de la demande du patient, l’analyse de l’ordonnance, la préparation éventuelle des doses à administrer ou la délivrance de l’information, ceci n’est pas possible à distance, assène Francis Megerlin. D’où la nécessité pour le pharmacien de se recentrer sur l’analyse clinique pour justifier sa valeur ajoutée. Et d’où les contradictions du modèle économique actuel de l’officine.

« Tout ceci est bien joli, mais avez-vous des idées de ce que nous pourrions faire dès à présent sur le plan économique ? », a demandé un pharmacien. « Pourquoi ne pas créer une joint-venture entre plusieurs officines pour réaliser des économies d’échelle, mutualisant l’expertise comptable par exemple ? Voire monter une holding entre des officines qui partagent les mêmes valeurs (ce qui remet cependant totalement en cause la logique actuelle de capitalisation via le fonds) ? Installez-vous dans une logique de développement de service », a répété l’universitaire.

Demain, la valeur de la pharmacie ira là où est la compétence

L’idée de Francis Megerlin : se voir reverser par le payeur (Sécu, complémentaires, établissements médicosociaux, qui raisonnent de plus en plus à enveloppe constante) une fraction des coûts évités grâce à l’intervention du pharmacien. Mais cela signifie aller vers une contractualisation individuelle (ou de groupes de pharmacies). Autrement dit vers un référencement qui répondra à un cahier des charges et des critères précis. Il estime que les acheteurs de services chercheront plutôt à référencer des profils de pharmaciens (maîtrisant telle ou telle compétence) que des points de vente. Car, à bien y regarder, il y a trois monopoles, insiste Francis Megerlin : « celui des compétences, celui de la vente et celui de la capitalisation. Et la présence formelle d’un pharmacien n’est pas strictement indispensable dans les trois domaines »… Demain, estime l’universitaire, la valeur de la pharmacie (et du capital) se déplacera là où est la compétence.

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