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Le cauchemar des pharmaciens
Pour les officinaux allemands, la réforme signifie la fin de leur monopole. Dès 2004, la propriété multiple sera autorisée. Tout titulaire pourra gérer jusqu’à trois officines. Une décision dont pourraient se réjouir les 21 500 pharmaciens allemands s’ils n’étaient déjà en surnombre et si cette mesure n’était « la porte ouverte à la création de chaînes », comme le redoute Hans-Günter Friese, président de l’ABDA (Fédération des syndicats professionnels des pharmaciens allemands). Elle fera en tout cas le bonheur des répartiteurs, Celesio (ex-Gehe, maison mère de l’OCP) et Phoenix, qui n’auront qu’à dupliquer sur leur propre territoire leur expérience à l’étranger, mais aussi des grandes chaînes de drogueries (Schlecker, DM), de la grande distribution (Metro et Wal Mart) voire des discounters alimentaires, Lidl et Aldi. Une récente étude annonce que 38 % des Allemands sont favorables à la vente de médicaments en station-service…
Apotheke sur le Net.
Autre coup de massue pour la profession : la vente sur Internet. Sans attendre le verdict européen, le législateur y autorise la vente de médicaments par correspondance. Seules conditions : être pratiquée par un pharmacien détenant le droit de commercialiser ses produits par VPC et un délai maximum de deux jours à respecter entre la commande et la livraison. Contourner cette loi sera un jeu d’enfant pour le Hollandais DocMorris qui réalise déjà 75 % de son CA sur le sol allemand. Et la poste allemande est déjà prête à établir des services logistiques spécialisés… L’ABDA a décidé de mettre fin à ce scénario-catastrophe et contre-attaque en ouvrant son portail http://www.aponet.de à la vente par correspondance. « Avec ce service, tout client peut joindre le pharmacien de son choix. Nous sommes capables de livrer dans des conditions plus rapides et plus sûres que n’importe quel vépéciste anonyme et étranger », riposte Hans-Günter Friese.
Des résultats amputés de 40 %.
Les pharmaciens allemands ont d’autant plus un sentiment d’injustice qu’ils ont déjà payé un lourd tribut aux miniréformes précédentes. Depuis janvier dernier, ils sont obligés d’accorder aux caisses un rabais par médicament de 6 à 10 % du prix de vente. Cette charge supplémentaire évaluée à un milliard d’euros aura contraint les pharmaciens à supprimer plus de 10 000 emplois cette année. A partir de janvier 2004, le rabais proportionnel sera remplacé par un rabais fixe de deux euros par médicament. Là où une officine moyenne gagnait avant impôts 104 000 Euro(s) en 2002, elle ne percevra plus que 60 000 Euro(s) l’année prochaine. Les compensations restent maigres et les pharmaciens sont pessimistes. Ils ne croient pas aux pouvoirs dopants de la libéralisation des prix de l’OTC à partir de janvier 2004, « facteur de trop grande concurrence entre les officines », estime l’ABDA. Ils n’espèrent pas davantage de retombées positives de la hausse de l’automédication, engendrée par le futur déremboursement des médicaments pouvant être obtenus sans ordonnance. Seule consolation à leurs yeux : la refonte de la marge des pharmaciens. Dégressive en fonction du prix du médicament, elle sera désormais calculée sur une base combinée, ajoutant à un fixe de 8,10 Euro(s) par produit plus 3 % du prix de vente.
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