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LA RÉPARTITION TIRE AUSSI LA SONNETTE D’ALARME
Dressant un bilan sinistré de l’activité des répartiteurs, marqué par des résultats en chute de plus de 50 % en trois ans, Claude Castells, président de la Chambre syndicale de la répartition, réclame d’urgence une révision de la rémunération des grossistes-répartiteurs. Il demande aussi une évolution du statut de la profession.
La situation est proprement inacceptable ! Les chiffres démontrent que l’on est en train de détruire un outil qui est absolument irremplaçable ». Un an, presque jour pour jour, après son élection à la tête de la répartition, Claude Castells, président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), tire la sonnette d’alarme. L’économie des répartiteurs est au plus mal. Après une perte de 26 % en 2010, ils s’attendent à une nouvelle baisse de leurs résultats de plus de 10 % en 2011. « Nous avons perdu plus de la moitié de nos résultats en trois ans », dresse-t-il en guise de bilan.
Des propositions avant la fin juin
Pénalisés comme les officinaux par la baisse des volumes, souffrant de la concurrence du direct qui concourt avec d’autres facteurs (short liners, application des quotas…) à la dérégulation du marché, les répartiteurs se retrouvent actuellement en état de surcapacité de 30 à 50 % par rapport aux besoins. Après une première et vaine tentative à l’été 2010, Claude Castells demandera à nouveau dans les prochains jours aux ministères de la Santé et des Finances une « refonte de la marge des répartiteurs à coût constant pour la collectivité ». Elle tient en trois points : une révision de la dégressivité de la marge dégressive lissée MDL (réévaluation du plafond de rémunération de 14,89 € autour de 20 €) ; l’instauration d’un plancher de rémunération par boîte ; la prise en compte d’un coût de détention en stock des médicaments onéreux. Si la détérioration des comptes de la répartition ne souffre d’aucune contestation, la tutelle ne semble pas vouloir toucher à la rémunération des répartiteurs tant que les décisions sur la marge des pharmaciens ne sont pas rendues. « Nous sommes prisonniers de la vignette », remarque Claude Castells. Et de s’interroger face à l’inertie de l’Etat : « Tout se passe comme si la désorganisation du marché était là pour justifier des changements de réglementation. »
Les répartiteurs souhaitent également une modification de leur statut qui permettrait de ne plus être propriétaire de certains stocks tout en maintenant les obligations de service public. Ce nouveau statut, à définir, permettrait plus de flexibilité, une contractualisation avec les laboratoires et une prestation de services sur la distribution des produits chers, destinés à un nombre de patients limité.
Les short liners sont la bête noire
La CSRP s’inquiète également de l’ascension des short liners, même s’ils ne représentent que 2,5 % du marché. « Leur concurrence nous pose aujourd’hui un problème plus qualitatif que quantitatif, explique Claude Castells. Ce qui nous gêne le plus, c’est qu’ils ne se soumettent pas aux obligations de service public. » Il regrette le désintérêt des pouvoirs publics et l’impuissance de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé à régler le problème, reprochant notamment à celle-ci de laisser le nombre d’autorisations d’ouverture prendre le pas sur celui des fermetures. « Il y a une ou deux fermetures pour huit à dix ouvertures sur lesquelles personne ne dit rien », tempête-t-il. L’agence répond qu’elle n’a « pas les moyens juridiques de contrôler les short liners, qui peuvent facilement obtenir une autorisation d’ouverture, car en France les répartiteurs ne sont tenus que par des obligations de moyens et non pas de résultats ». La situation est d’autant plus ubuesque que le secrétariat d’Etat à la santé, dans une réponse écrite adressée à la sénatrice Christiane Demontes (Rhône), « reconnaît l’existence et les dommages des short liners, et prend acte qu’ils s’affranchissent des obligations de service public, désorganisent la chaîne de distribution et n’ont pas d’existence légale ».
Les répartiteurs plébiscités
Les répartiteurs sont menacés d’extinction et, paradoxalement, plébiscités tant par les industriels que les pharmaciens d’officine qui estiment à plus de 90 % que ce circuit est le mieux placé pour distribuer les médicaments et répondre à leurs attentes (source : enquête Celtipharm). Ils le jugent comme le plus performant, devant le direct et les plateformes de groupements. S’ils sont attachés à leur répartiteur, ils confessent toutefois recourir à d’autres circuits (direct, groupements, short liners) uniquement pour des considérations économiques et commerciales.
GILLES BONNEFOND, PRÉSIDENT DE L’USPO
« Les répartiteurs subissent exactement les mêmes effets négatifs des mesures économiques prises sur le médicament que les pharmaciens. Il est légitime qu’ils s’invitent à la table des négociations mais ils auraient peut-être pu entamer les discussions de façon concomitante avec les pharmaciens. La demande de la CSRP d’un honoraire minimum à la boîte montre que la revalorisation de la marge doit porter sur tous les médicaments. En cela, la CSRP et l’USPO partagent la même analyse : le marché ne va pas forcément évoluer vers les produits les plus chers, compte tenu des retraits de spécialités récentes auxquels on assiste. Le statut de dépôt-vente est à encourager car il peut amener de la fluidité dans les approvisionnements aux officines. »
PHILIPPE GAERTNER, PRÉSIDENT DE LA FSPF
« Nos modes de rémunération sont proches et, pour les mêmes raisons que nous, la répartition demande une refonte de sa marge. La Fédération n’a pas d’avis à donner sur les modifications souhaitées par les répartiteurs. La FSPF veillera seulement à ce que les modifications qui pourraient être apportées ne portent pas atteinte à la rémunération du pharmacien. Il serait totalement inacceptable de payer une partie de leur revalorisation, y compris par le biais des remises. Elle sera aussi vigilante à ce que le changement de statut demandé n’ait aucune répercussion négative sur la qualité du service rendu et la sécurité des approvisionnements. »
FRÉDÉRIC LAURENT, PRÉSIDENT DE L’UNPF
« La mise en place d’un nouveau statut où le distributeur ne serait plus propriétaire de son stock mérite réflexion. Il faut être très prudent, car s’il est accordé aux grossistes, rien n’interdit ensuite une extension de principe à l’officine, ce qui pourrait mettre à mal notre modèle libéral. Si le pharmacien n’est plus propriétaire des médicaments qu’il vend, l’évolution vers un statut de pharmacien salarié de la Sécurité sociale est un pas qui peut être vite franchi. »
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