- Accueil ›
- Business ›
- Economie ›
- Stratégie et Gestion ›
- Installation et nouvelles missions : les investissements à prévoir
![Installation et nouvelles missions : les investissements à prévoir](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2023/07/44ac4d816d75622b59c8b213be420.jpg)
© Getty Images/iStockphoto
Installation et nouvelles missions : les investissements à prévoir
La mise en œuvre de nouvelles missions peut nécessiter des investissements plus ou moins importants après l’acquisition de l’officine convoitée. Il est donc important de mener une réflexion en amont et de pouvoir évaluer les coûts avant de prendre une décision d’achat.
Se lancer dans les nouvelles missions implique des prérequis. La formation en fait généralement partie, disposer de suffisamment de personnel aussi. Mais cela peut également conduire à revoir l’aménagement de son officine. En effet, pour réaliser les entretiens pharmaceutiques, la vaccination ou encore les tests rapides d’orientation diagnostique (Trod), un espace de confidentialité est le minimum exigible. Ce qui peut en outre conduire à revoir les flux de circulation de la patientèle ainsi que l’agencement. Mais avant de se lancer dans des travaux, un titulaire doit déjà réfléchir à sa stratégie (quelles missions veut-il réaliser et comment ?) et, dans un deuxième temps, procéder à une estimation des investissements nécessaires.
Trouver de la place
« Dans les grandes villes, les pharmacies ont une vraie difficulté avec la place. C’est le facteur n° 1 », expliquait Philippe Becker, consultant externe de Fiducial, lors d’un débat sur les nouvelles missions et le retour sur investissement, organisé par Le Moniteur des pharmacies le 11 mai 2023. Plusieurs solutions peuvent résoudre ce problème. La première consiste en un réaménagement de l’officine. Ce qui revient entre 1 000 et 1 200 € le mètre carré. « Si un pharmacien réalise des travaux, il doit choisir de bons conseils et de bons intervenants, sinon cela peut lui coûter le double », insiste Philippe Becker, qui préconise aussi de faire appel à un architecte d’intérieur car aménager sa pharmacie ne signifie pas de tout casser. Autre moyen d’augmenter la superficie de son officine : acheter un commerce attenant afin de récupérer de la surface. Au pharmacien d’effectuer une veille sur ce que Philippe Becker appelle « le voisin d’à-côté », c’est-à-dire les commerces susceptibles d’être mis en vente. « L’extension sera réglementée mais elle permettra de bénéficier de place pour les nouvelles missions », observe le consultant. Enfin, dernière solution moins immédiate : un transfert ou un regroupement avec une autre pharmacie. Dans cette hypothèse, les tarifs grimpent vite : entre 200 000 et 1 million d’euros.
L’aménagement de l’officine peut également requérir, dans le cadre d’une nouvelle organisation, l’achat d’un robot pour la préparation des commandes, soit un investissement évalué entre 75 000 et 200 000 €. L’installation d’une télécabine revient, quant à elle, à un prix de 20 000 à 30 000 €, sachant qu’elle peut être acquise en leasing. Un ordinateur avec une webcam et des outils connectés (stéthoscope, tensiomètre, etc.) dans un espace de confidentialité peuvent aussi suffire. Le montant à débourser est alors moindre, même s’il faut intégrer le coût de l’abonnement à une plateforme de téléconsultation.
Investissement et retour sur investissement
Le chiffrage peut donc être élevé : il est à prendre en compte lors de l’acquisition d’une officine si celle-ci ne répond pas aux objectifs que s’est fixés le pharmacien. Alors, est-ce que de tels investissements en valent la peine ? Selon Philippe Becker, « c’est très difficile à quantifier », d’autant que le retour sur investissement (ROI) n’est pas seulement comptable et financier. Par ailleurs, il ne s’inscrit pas uniquement à court terme. Pour Olivier Delétoille, expert-comptable et commissaire aux comptes, cocréateur du cabinet AdequA, il faut distinguer les investissements stratégiques des investissements opérationnels. « Investir 30 000 € pour créer un espace confidentiel ne représente pas un risque pour une pharmacie moyenne. C’est un investissement opérationnel comme la proposition d’une nouvelle gamme. C’est tout ce que fait le pharmacien au jour le jour pour améliorer son exercice quotidien, explique-t-il. En revanche, passer d’une stratégie discount à une stratégie de soins, et engager 400 000 € de travaux, cela relève de l’investissement de stratégie. Et dans ce cas, le pharmacien ne sait pas forcément si sa stratégie va réussir. » Une certitude cependant : « Les nouvelles missions ne sont pas bien payées, mais à un moment donné il faut les faire, car, au fond, le pharmacien prépare l’avenir », remarque Olivier Delétoille. « Le vrai ROI, c’est le travail d’équipe, l’amélioration de l’ambiance générale, la fidélisation du personnel et des clients, et la valorisation du fonds, souligne Philippe Becker. Je rencontre des pharmaciens qui n’arrivent pas à vendre parce qu’ils n’ont pas eu de stratégie. Ils ont considéré que parce qu’ils étaient là et qu’ils avaient obtenu leur diplôme, tout allait fonctionner. Ce n’est plus vrai. Les situations de rente et de monopole disparaissent de plus en plus vite. Il faut avoir en permanence une vision stratégique. Les nouvelles missions, c’est l’occasion de valoriser son affaire, de montrer que l’on possède une pharmacie moderne qui a su évoluer. »
![Bilans de prévention : pas si simples !](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2024/07/article-defaults-visuel-680x320.jpg)