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Frais de personnel : des évolutions paradoxales et inattendues

Publié le 10 novembre 2001
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Contre toute attente, le poste « frais de personnel » n’a pas explosé en 2001 avec la mise en place des 37 ou 35 heures. Les difficultés actuelles que traverse le marché de l’emploi en officine en sont une explication. En revanche, le léger ralentissement de la croissance du chiffre d’affaires des officines sur le premier semestre est moins surprenant.

Les statistiques professionnelles se suivent et se ressemblent. L’enquête du CGP (groupement national de cabinets d’expertise comptable spécialisés dans les professions de santé), portant sur les comptes de résultats d’une centaine de pharmacies clôturant leur exercice social au 30 juin 2001, confirme le tassement de la croissance annoncé par Fiducial Expertise sur le premier semestre de cette année (lire Le Moniteur n° 2415).

Aux + 8,34 % sur 2000 enregistrés par ce dernier succède dans ce bilan CGP à mi-parcours, en année glissante, une progression globale de 6,35 % du CA, avec un plus fort accroissement pour les pharmacies de centre commercial qui ressort à 8,76%. L’érosion du taux de marge « nouvelle MDL » corrobore celle de Fiducial Expertise et semble se stabiliser à 0,4 point sur douze mois. Mais, en valeur absolue, la marge progresse de près de 5 %, représentant 29,36 % de l’activité hors taxes.

Les frais généraux, en dehors des frais de personnel, augmentent de presque 4 %, représentant en moyenne 4,5 % du CA hors taxes sur les deux dernières années. « Ce qui signifie que malgré l’augmentation du CA, le pharmacien n’a pas pu mieux absorber ses frais fixes, observe Gérard de Marchi, expert-comptable au cabinet Codex à Lyon, membre du CGP. Deux explications sont possibles : d’abord, la nécessité d’investissements informatiques généralement financés sous forme de location, et ensuite les difficultés de recrutement entraînant un recours accru à l’intérim, poste qui, en droit comptable, n’est pas classé dans les frais de personnel. »

Un EBE qui se maintient entre 11 % et 12 %

Les frais de personnel passent de 10,79 à 10,25 % du CA hors taxes et augmentent en valeur de 1 %, ce qui est relativement faible. Gérard de Marchi souligne un paradoxe : « En période de réduction du temps de travail et donc théoriquement d’embauche, l’accroissement aurait dû être sensiblement plus important. D’autant que, compte tenu de l’état du marché de l’emploi, les coûts salariaux ont augmenté, certains titulaires étant contraints « d’acheter leur tranquillité sociale », d’autres de recruter à des prix un peu trop élevés. »

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Mais là aussi, deux phénomènes sont venus contrecarrer ces facteurs d’accroissement. « Primo, les difficultés de recrutement ont évidemment sérieusement freiné les embauches, relève Gérard de Marchi. Secundo, dans le cadre de la réduction du temps de travail, trois cas de figure se présentent sans pour autant que l’on puisse en extraire une tendance générale : soit le pharmacien avait anticipé ses besoins futurs, soit il a aménagé les horaires de ses salariés et/ou a réduit les horaires d’ouverture, soit il a « bouché les trous ». »

Conséquence : l’excédent brut d’exploitation se maintient en moyenne entre 11 et 12 %, frôlant même les 13 % dans les pharmacies de bourg.

Au-delà de ces premiers résultats 2001, « il ne faut pas perdre de vue que des efforts importants sont déployés par les pharmaciens et que cette situation ne saurait perdurer », prévoit Gérard de Marchi. Le passage aux 35 heures, les difficultés de recrutement, SESAM-Vitale et les coûts informatiques qui en découlent, les génériques, les menaces de baisse de marge, les contrôles de la DGCCRF et bien sûr la mise en place de l’euro risquent de provoquer des turbulences dans les comptes 2002. –