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Dernières révisions avant le jour J
Sauf report de dernière minute, les TFR entrent en scène le 12 octobre pour 71 groupes génériques. Prix, marges, remboursement, vignettes, réponses au patient… Tout ce qu’il faut garder à l’esprit pour bien passer le cap des TFR.
PRIX
Lorsqu’un TFR est fixé dans un groupe générique, les laboratoires de génériques et de princeps concernés peuvent choisir d’aligner ou non leurs prix publics TTC sur cette base maximale de remboursement.
Trois cas différents peuvent se présenter :
– Sur le générique
En principe, le prix du générique est inférieur ou égal au prix du TFR, donc rien ne reste à la charge du patient en le délivrant.
– Sur le princeps
1) S’il a conservé son prix (supérieur au TFR), le patient prend alors à sa charge le paiement de la fraction du prix supérieure au TFR, sauf s’il demande un générique ou s’il accepte la substitution du pharmacien.
2) S’il a baissé son prix (égal au TFR). Il n’y a aucune différence à régler par le patient pour l’achat du princeps.
MARGES
Pour les spécialités sous TFR (princeps et génériques), la marge officinale est calculée selon le droit commun : deux tranches dégressives appliquées au prix fabricant HT + forfait à la boîte. Il n’y a plus d’équivalence de marge en valeur entre princeps et générique, d’où une diminution de 25 % de la marge sur les prix alignés sur le TFR.
La vente d’un princeps qui ne baisse pas son prix dégage une marge en valeur supérieure à celle du générique au TFR. Mais, en se désengageant de la substitution, le pharmacien n’a-t-il pas plus à perdre qu’à gagner ? En tirant un trait sur les génériques sous TFR, il délaisse une partie des fruits de son investissement sur les génériques en se privant d’autres ressources (remises, coopération commerciale) que cette politique peut offrir, alors que ces mêmes ressources peuvent compenser la baisse de marge directe induite par les TFR.
A noter qu’au sein d’un groupe générique hors TFR, l’équivalence de marge princeps/générique est maintenue : la marge du générique reste égale en valeur à celle de son produit princeps…
REMISES
Le plafond légal des remises est fixé à 6 % du prix facturé à l’officine pour tous les princeps et génériques soumis au TFR jusqu’au 30.06.04, puis à 2,5 % après cette date. Pour les génériques hors TFR, le plafond légal reste à 10,74 % du PFHT.
REMBOURSEMENT
La prise en charge par la Sécurité sociale et les complémentaires est dorénavant calculée sur le TFR. Exemple d’un princeps avec un prix public de 4,16 Euro(s) sous un TFR de 3,04 Euro(s) remboursé à 65 % : la Sécu rembourse 1,98 Euro(s), la mutuelle 1,06 Euro(s), la contribution du patient est de 1,12 Euro(s), soit une économie pour l’assurance maladie de 0,728 Euro(s).
VIGNETTES
Si le prix public TTC est supérieur au TFR, le code-barre à 16 caractères se termine par 01. Le prix public TTC et le prix du TFR figurent alors en clair sur la vignette. Attention, l’information sur le prix de vente n’est pas donnée par le code-barre (seul le TFR est pris en compte) ! En cas de lecture du code-barre d’un princeps, il convient de vérifier la conformité du prix de vente indiqué par l’ordinateur avec celui de la vignette.
Si le prix public TTC est inférieur ou égal au TFR, le code-barre se termine par 00 et mention est faite du seul prix public TTC sur la vignette.
STOCKS
Vous devez cesser la commercialisation des spécialités sous TFR arborant une ancienne vignette après le 12 octobre. En cas de délivrance, vous vous exposez à un refus de prise en charge et à un rejet du dossier par la caisse. Un délai de tolérance serait à l’étude, la balle étant dans le camp du ministère.
CLIENT
Avec les TFR, le discours à tenir devant le client va devoir être adapté. Voici trois cas de comptoir. – Le client veut un princeps dont le prix est supérieur à celui du générique : il faut lui expliquer qu’il a dorénavant une partie du prix à sa charge mais que s’il veut avoir le même produit sans bourse délier, il doit accepter un générique car son prix correspond à la nouvelle base de remboursement.
– Le prix du princeps est égal à celui du générique : la substitution peut se dérouler dans le contexte habituel. Un avantage : le patient sera peut-être d’autant plus réceptif qu’il a été sensibilisé par les médias sur les implications économiques du TFR.
– Le patient est au courant que le princeps a baissé son prix et, de fait, ne veut plus du générique. Pourquoi ne pas reprendre l’argument précédent sur la garantie d’un remboursement à 100 % avec le générique, tout en lui expliquant qu’il n’a pas de raison particulière d’arrêter un produit qui lui convenait parfaitement jusqu’ici ?
Ces labos qui ne se sont pas alignés sur le TFR
Les fabricants de princeps qui ont aligné leurs prix sur les TFR inondent la presse professionnelle de publicités pour expliquer leur position. Elle peut se résumer ainsi : « Donner la possibilité aux patients de poursuivre leur traitement sans les pénaliser financièrement. » Mais sept laboratoires maintiennent leurs prix*. S’ils peuvent à tout moment le baisser, le pari reste risqué de voir le produit délaissé par les patients. Pari tenu par AstraZeneca et son Avlocardyl 40 mg : « C’est une vieille molécule et la différence de prix avec le TFR n’est pas suffisante pour que nous nous alignions. Nous misons sur les innovations, explique le labo qui dispose d’un dosage à 160 mg hors Répertoire. Les officinaux disent qu’ils ne sont pas favorables au TFR, nous allons dans leur sens. » Si Axcan a décidé de maintenir le prix du Tagamet, c’est aussi parce que ce dernier ne représente pas un enjeu capital : « Les volumes sont faibles. La décision est économique, le risque de perte a été quantifié et l’opération reste rentable. » « Il nous a semblé que nous n’avions pas encore une visibilité suffisante sur la réaction des différents acteurs du marché », précise de son côté Aventis, dont les trois produits ne représentent pas non plus de gros volumes. En revanche, Surgam est le produit phare de Grünenthal : « Nous ne voulions pas faire le jeu des génériqueurs et souhaitions que l’officine conserve une marge. Il se trouve aussi que nous avons racheté la molécule l’an dernier et que l’on ne peut pas se permettre de perdre 30 % dessus. »
* Nalcron, Profénid et Corvasal (Aventis), Surgam (Grünenthal), Tagamet (Axcan), Pevaryl (Janssen-Cilag), Fludex (Euthérapie), Avlocardyl (AstraZeneca), Timoptol (MSD).
A noter
Pour repousser la menace de futurs TFR et/ou conserver les avantages des génériques, voici quelques conseils :
– Sensibilisez l’équipe officinale sur les nouveaux enjeux de la substitution face à la menace des TFR et affichez dans l’arrière-boutique la liste du GEMME des groupes à substituer en priorité pour échapper à la deuxième vague de TFR.
– Mettez des messages informatiques d’alerte du type « Attention TFR, substituer par un générique ! », et bloquez les recommandes automatiques chez le répartiteur.
– Dans les rayons, rangez vos stocks de princeps à un endroit moins accessible (en hauteur ou en réserve) et, à l’emplacement laissé vacant, placez vos génériques avec une fiche repère pour déclencher le réflexe de substitution.
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