Déremboursement de l’homéopathie : les jeux sont-ils faits ?

Les laboratoires homéopathiques (Boiron, Weleda et Lehning) ont fait front commun ce 12 juin pour défendre le maintien du remboursement des médicaments homéopathiques devant la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) dans le cadre de la procédure contradictoire. Ils avaient 45 minutes pour répondre aux remarques de la HAS dans son projet d’avis de 200 pages, défavorable.

Les trois experts mandatés par les laboratoires avaient la mine grave au sortir de l’audience commune : « Nous avons été très bien reçus à la HAS », annonce en préambule de la conférence de presse le D^r Bernard Poitevin, médecin allergologue et homéopathe, conseiller scientifique auprès de la Société savante d’homéopathie, rejoint dans ses propos par Jean-Lionel Bagot, médecin généraliste homéopathe, membre de la Société homéopathique internationale de soins de support en oncologie et enseignant à la faculté de médecine et de pharmacie de Strasbourg, et Patrick Blin, médecin de santé publique et spécialiste de la méthodologie des études en vie réelle et de pharmacologie. « Mais nous avons l’impression d’un malentendu. La question posée n’était pas celle à laquelle nous devions répondre. Il y a une partie du dialogue qui ne s’est pas bien effectuée. Nous présentions des travaux qui portaient sur une stratégie thérapeutique, on nous a enfermés dans une discussion qui ressemblait à celle sur un médicament précis. »

Et le taux de 15 % ?

Solution intermédiaire, un taux de remboursement à 15 % a plusieurs fois été proposé, notamment par les syndicats pharmaceutiques. « 15 %, c’est synonyme de service médical rendu faible. C’est souvent, aussi, le point de départ vers un déremboursement, se défend Anabelle Flory-Boiron, directrice France des laboratoires Boiron, dans une table ronde qui se déroulait en parallèle de l’audience des experts. Pour nous, cela ne paraît pas du tout être la solution, compte tenu de l’intérêt pour la santé publique démontré par l’homéopathie dont le service médical rendu est donc supérieur. » Pour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), également présent autour de la table ronde, le remboursement de l’homéopathie doit être maintenu pour « son intérêt dans l’arsenal thérapeutique ».

La Haute Autorité de santé communiquera son avis définitif le vendredi 28 juin. Qu’il reste défavorable au maintien du remboursement de l’homéopathie ou non, ou qu’un autre taux de remboursement soit proposé, il reviendra au gouvernement de prendre la décision finale.