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CINQ CONSEILS POUR MOBILISER L’ÉQUIPE

Publié le 14 avril 2012
Par Fabienne Rizos-Vignal
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Motiver son équipe doit être une préoccupation permanente. Sur fond de crise, l’exercice peut paraître difficile mais s’avère crucial pour ne pas sombrer dans le pessimisme ambiant. Et si la solution provenait du titulaire et de sa capacité à positiver ? Conseils.

1 Désintoxiquez-vous du pessimisme ambiant

« Ça va comme un lundi. » Si votre préparatrice commence la semaine avec cette réponse, le baromètre de son humeur n’est pas au top. « Cette petite phrase n’est pas anodine. Elle est symptomatique d’une lassitude et d’une projection négative de l’avenir », analyse Yves de Montbron, professeur de management à l’école supérieure de commerce de La Rochelle et fondateur du blog Manager-positif.com. Ce désenchantement de votre préparatrice ne fait d’ailleurs pas figure d’exception. Selon un récent sondage BVA (décembre 2011), les Français sont les champions du monde du pessimisme. Certes, la crise économique, politique et sociale crée un climat anxiogène. Mais ce bruit de fond alarmiste est largement amplifié par le matraquage médiatique que nous subissons du matin au soir. « D’où la nécessité de se désintoxiquer des messages négatifs », conseille Yves de Montbron. Dans son ouvrage Eloge de l’optimisme, Philippe Gabilliet, spécialiste de la motivation, met en garde contre les effets délétères de l’attitude négative au travail : « C’est un cocktail “létal” car potentiellement tueur de motivation et d’enthousiasme », affirme-t-il.

2 Partagez votre enthousiasme

Avec ses collaborateurs, le chef d’entreprise ne peut pas entretenir cette morosité ambiante. « Il a un devoir de mobilisation de son équipe », rappelle Yves de Montbon. Or, l’attitude positive au travail est un phénomène contagieux qui peut se propager à l’ensemble des dimensions de l’entreprise, qu’il s’agisse de la relation avec les clients, les fournisseurs, les collègues et les confrères (plutôt que les concurrents). « Le titulaire ne peut pas espérer une attitude positive de ses salariés si lui-même véhicule des paroles et des attitudes négatives, explique Jérôme Paresys-Barbier, adjoint et président de la section D de l’ordre des pharmaciens. Dans la pharmacie où je travaille, la titulaire va de l’avant et partage les responsabilités. »

S’il n’existe pas de recette universelle, Yves de Montbron insiste sur le fait qu’un « manager n’est pas seulement un chef, un contrôleur. Il doit être surtout un entraîneur qui fait partager son projet collectif et son enthousiasme ».

3 Dynamisez l’ambiance de travail

A charge donc pour le titulaire d’absorber les inquiétudes et d’exporter de l’énergie positive. En période de crise, l’une des premières attentes des salariés est de donner du sens à leur travail, donc d’être dirigés avec une grande clarté sur les buts poursuivis. « Les salariés ne peuvent plus être tenus à distance des décisions stratégiques de l’entreprise. Des réunions régulières doivent permettre d’élaborer un projet collectif », souligne Claude Jacquet, attachée commerciale à la CERP Rhin Rhône Méditerranée. La reconnaissance individuelle est également une valeur essentielle. En pratique, cela consiste à valoriser ce qu’il y a de meilleur chez ses collaborateurs. « Qui aurait envie de se défoncer pour quelqu’un qui n’exprime que des critiques ? », fait remarquer Yves de Montbron. Une culture managériale positive met en avant les réussites, les points positifs et les points de progrès, plutôt que les points faibles des salariés.

4 Bousculez les codes et les habitudes

La monotonie crée une lassitude et une usure. Pour les éviter, bousculez l’ordre des choses et proposez des idées nouvelles qui permettront de relancer l’intérêt. Par exemple, si vous avez l’habitude d’organiser une réunion d’équipe mensuelle, confiez son animation à tour de rôle à un collaborateur. Votre équipe porte immuablement la même blouse blanche ? Renouvelez donc ce code vestimentaire une fois par an… « Il ne s’agit pas de tout changer mais de porter un regard neuf et original, même sur les choses les plus simples, indique Yves de Montbron. Par exemple, offrir des ballons aux enfants, afficher une pancarte avec une citation optimiste dans la pharmacie… » Ces marques d’attention seront rafraîchissantes pour l’équipe et pour les clients.

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5 Instaurez des moments de détente

Une ambiance conviviale renforce la cohésion relationnelle. C’est un élément humain intangible sur lequel l’employeur doit investir, même si ce n’est pas un temps de travail productif. Brigitte Defoulny, dirigeante d’Héliotrope, suggère par exemple de fêter à l’officine quelques dates incontournables : offrir des brins de muguet pour la fête du Travail, déboucher le champagne en début d’année, partager une galette des rois pour l’épiphanie, etc. « Ces fêtes jalonnent le calendrier, nous les célébrons dans notre vie personnelle, et le faire dans le cadre de l’entreprise permet de s’extraire temporairement du travail pour partager un moment récréatif. »

Certains titulaires vont même plus loin. Une titulaire savoyarde a ainsi convié ses salariés et leurs conjoints pour une escapade à Rome le prochain week-end de la Pentecôte. « L’année dernière, quand j’étais enceinte, mes collaboratrices m’ont très bien suppléée. Plutôt qu’une prime, j’ai pensé que c’était une façon originale et marquante de les récompenser, mais je leur ai laissé individuellement le choix », explique la jeune titulaire. La majorité des salariées a opté pour la capitale de la dolce vita.

Attention aux ingrédients toxiques au travail !

Dans toute entreprise, c’est l’atmosphère générale qui crée le terrain sur lequel vont se développer des tensions. Les ingrédients d’une attitude négative sont toujours les mêmes : pessimisme, jalousie, défiance, critique systématique et rumination. Leur mélange conduit assez rapidement à l’instauration d’un sentiment collectif d’impuissance et de découragement.

Les 7 attitudes d’un manager optimiste

1° Il concentre l’essentiel de son action sur les « points forts », c’est-à-dire sur les qualités de ses collaborateurs ainsi que sur leur potentiel.

2° Il n’ignore pas les « points faibles », (gros défauts, carences structurelles, etc.), mais il « fait avec » voire il les neutralise en les compensant, par exemple à travers un développement extrême de « points forts ».

3° Il privilégie les solutions « comment faire pour » plutôt que de rechercher vainement les causes des échecs ou l’origine d’une difficulté.

4° Il traque toutes les « petites victoires », aussi modestes soient-elles, même lorsqu’elles ne sont qu’une étape vers un objectif à atteindre.

5° Il pousse ses collaborateurs à la persévérance et à la prise de risques.

6° Il accorde le droit à l’erreur dès lors que cette erreur peut représenter une source d’apprentissage.

7° Il donne la permission d’innover et de faire bouger les lignes.

Source : « Eloge de l’optimisme » par Philippe Gabilliet (éditions Saint-Simon, 2010).