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Brexit sur le hors monopole
Matériel médical, optique, parapharmacie… Et si vous faisiez de ces activités des sociétés distinctes de votre officine ? Illustration à travers trois initiatives.
Une porte cochère sépare physiquement le magasin de matériel médical « Matériel 34 » et « La pharmacie du marché » à Lodève (Hérault). Mais en haut de la façade, un bandeau court sans discontinuité le long des deux structures. Sophie Biedermann et Julien Nocella, jeunes diplômés et adhérents Giphar d’une trentaine d’années, sont co-gérants de cet ensemble depuis décembre 2014, date à laquelle ils ont racheté ce fonds de commerce « bicéphale ». « Je navigue beaucoup entre la pharmacie et le magasin de matériel médical », note Julien Nocella, qui dispose des diplômes requis (DU d’orthopédie et d’orthésiste). Il apprécie de disposer d’une annexe de matériel médical de 100 m2, dont 85 m2 dédiés à l’exposition. « Ce serait inconcevable dans la pharmacie ! », reconnaît-il.
Une permanence est assurée par la secrétaire comptable de la pharmacie, formée par le précédent titulaire et justifiant de 25 ans d’expérience. Elle se charge donc des patients « les plus simples ». Son bureau étant installé dans l’arrière-boutique, elle s’occupe aussi de l’administratif.
Les deux associés ont mis volontairement entre parenthèses le développement du matériel médical (CA de 150 000 €) car ils envisageaient déjà de le sortir de l’officine. Comment ? « Le plus simple est de céder cette activité à une SARL et de nommer un gérant, car tout pharmacien inscrit à la section A n’a pas le droit de gérer seul une autre activité commerciale », indique Hervé Ferrara de Pharmacessions. Une fois cette opération réalisée, ils peuvent communiquer. « J’ai l’intention de laisser des cartes de visite dans les hôpitaux et de faire de la publicité dans les journaux locaux », annonce d’ores et déjà Julien Nocella.
SYMBIOSE extérieure
Alexis Berreby, cofondateur du groupement Leader Santé, a ouvert, il y a 3 ans, un premier magasin sous l’enseigne Leader Santé Optique, à proximité immédiate de sa pharmacie à Aubervilliers. L’objectif est clair : développer une synergie d’enseigne entre l’officine et l’opticien, avec un renvoi de l’une à l’autre. « La pharmacie est génératrice de flux de clientèle, mais la synergie aurait été moins bonne avec les deux activités sous le même toit », estime-t-il. D’une part, parce que la pharmacie étant régie par le Code de la santé publique, il n’y a pas de campagne de communication possible, d’autre part, parce que, dans un espace d’exposition réduit, l’optique va cannibaliser une activité de la pharmacie. »
Ce choix de deux entités séparées est gagnant pour ce pharmacien. En effet, son magasin d’optique affiche des indicateurs encourageants : un chiffre d’affaires en progression constante qui atteint aujourd’hui 500 000 €, soit deux fois supérieur à la moyenne nationale en optique.
PÔLE de santé ?
Dans le concept de Leader Santé Optique, les deux activités sont séparées tant physiquement que juridiquement et Alexis Berreby n’est investisseur qu’à 49 % dans la SELARL d’optique. « L’idéal serait de pouvoir créer, autour de la pharmacie, différents pôles de santé sous forme de SEL et de les filialiser au niveau d’une SPFPL. En conjuguant moyens mutualisés et économies d’échelle, ce mini-réseau pourrait être un vrai vecteur de rentabilité », affirme-t-il. Un montage cependant impossible en l’état actuel de la réglementation pharmaceutique.
CHACUN chez soi
« Je suis presque le premier concurrent de la pharmacie de mon épouse », ironise Alexandre Autrou, pharmacien et gérant de l’enseigne Demavie, une parapharmacie située dans une zone commerciale de la périphérie de Lorient. Ouverte depuis deux ans, elle est la déclinaison physique du site de compléments alimentaires et de dermocosmétique Vitalya.fr, créé cinq ans plus tôt par le couple. Catherine Autrou, elle, est installée à 3 km de là, à Quéven. Les époux ont souhaité la séparation distincte entre les deux structures. Une autonomie voulue à l’origine par Monsieur qui ne souhaitait faire courir aucun risque à la pharmacie, au cas où l’aventure Internet tournerait mal. « Vitalya a servi de terrain d’expérimentation permettant d’identifier des leviers d’action pour l’officine, mais l’activité sur Internet est trop fluctuante pour y être adossée, explique-t-il. Au départ, le site s’est autofinancé avec les premières ventes en ligne. L’activité augmentant, il a fallu investir le premier et le deuxième étage de la pharmacie pour le stockage, puis basculer sur un entrepôt de 350 m2. » Cette indépendance était inévitable pour Alexandre Autrou qui souhaitait évoluer et asseoir son activité dans un point de vente physique. Mission accomplie. Demavie dispose de 240 m2, soit trois fois plus que l’espace alloué à l’exposition des marques dans la pharmacie de son épouse. « Je bénéficie du trafic d’une agglomération de 100 000 habitants et j’ai les coudées franches pour communiquer », précise-t-il. Et il ne s’en prive pas : dépôt de 50 000 flyers dans les boîtes aux lettres en avril, présence dans les guides des comités d’entreprise, pub radio… Aujourd’hui, Demavie emploie 7 salariés et réalise un CA de 250 000 €, en progression de 25 % sur le premier trimestre 2016.
Le B.A.-ba sur l’acquisition de plusieurs sociétés
Un pharmacien diplômé inscrit au tableau A de l’Ordre ne peut pas avoir, physiquement, d’autres activités professionnelles que celle de pharmacien d’officine. De plus, il est obligé d’être propriétaire de son fonds de commerce de pharmacie.
Il peut, cependant, être associé, même majoritaire, voire être l’associé unique d’une autre société exploitant un magasin de parapharmacie ou de matériel médical, à condition de ne pas être gérant de droit, ni de fait.
La SARL et la SAS demeurent les formes juridiques les plus adaptées à l’exploitation d’un autre commerce. Il faudra nommer un gérant. En SARL, ce dernier pourra être révoqué à tout moment par une décision des associés représentant plus de la moitié des parts sociales, à moins que les statuts prévoient une majorité plus forte. Sa révocation doit être basée sur de justes motifs. En SAS, les conditions de révocation de son président sont beaucoup plus souples. La loi laisse une grande liberté aux associés pour organiser, par exemple, une révocation sans motif et sans indemnité.
A noter que la Loi Hamon permet à des non diplômés de gérer un magasin d’optique, à la seule condition d’embaucher une personne titulaire d’un diplôme d’opticien-lunetier. La qualité d’opticien n’est pas obligatoire pour chacun des associés, dirigeants ou gérants de magasins d’optique.
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