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Baisse historique du chiffre d’affaires

Publié le 14 septembre 2013
Par Francois Pouzaud
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L’activité des officines s’est dégradée en 2012, d’après les statistiques de Fiducial Expertise. Une première depuis l’après-guerre. Heureusement, l’effet générique permet de préserver, pour le moment, le taux de marge. Mais, pour le cabinet d’expertise-comptable, il est urgent de changer de modèle économique.

Après plusieurs années de stagnation (+ 0,74 % en 2011, + 1,29 % en 2010…), l’activité des officines vire dans le rouge en 2012 avec une évolution moyenne du chiffre d’affaires qui ressort à – 0,52 %. Le chiffre d’affaires hors taxes moyen a perdu 8 000 € l’an dernier pour s’établir à 1,497 M€. Une tendance inédite depuis l’après-guerre. 58,5 % des pharmacies de l’échantillon* enregistrent une chute de 4 % de leur CA HT. C’est bien pire qu’en 2011 : 47,3 % des pharmacies analysées avaient vu leur activité baisser de 3,39 %.

Les officines rurales accusent le coup

Dans ce contexte d’essoufflement général, les évolutions sont de plus en plus tranchées en fonction de la taille et de la typologie des officines. Les officines exploitées en association, qui ont souvent une activité moyenne plus forte – avec un CA de 1,756 M€ –, jugulent mieux la baisse que les autres (- 0,29 % contre – 0,72 % pour les officines individuelles). Seule une minorité parvient encore à un certain niveau de croissance, comme celles qui sont installées dans les centres commerciaux, affichant une hausse de chiffre d’affaires de 1,87 %.

Victimes de la désertification médicale, les officines rurales sont les plus touchées par la récession, accusant une baisse d’activité de 0,98 %. Seules 35,9 % d’entre elles ont vu leur activité progresser par rapport à 2011. Parmi les plus mal loties, on retrouve également les petites officines urbaines de centre-ville (- 0,77 %), soumises à la concurrence des enseignes de bas prix et aux problèmes de surdensité. Moins confrontées à ces deux fléaux, les officines de quartier sont encore préservées (- 0,42 %).

Une hausse de la marge en trompe-l’œil

Les ventes de génériques restent dynamiques. Conséquence ? Une hausse salvatrice de la marge commerciale (après remise). Celle-ci passe de 27,83 % à 28,32 % entre 2011 et 2012. Les officines rurales dégagent la plus forte marge (28,77 %) du fait de la moindre exposition à la guerre des prix qui sévit davantage en milieu urbain. « Cependant, cette augmentation de la marge en valeur relative est en trompe-l’œil, met en garde Philippe Becker, directeur du département pharmacie de Fiducial Expertise. Compte tenu de la régression du chiffre d’affaires enregistré en 2012, la marge en valeur absolue (en euros) n’augmente pas. » L’an dernier, elle était, comme l’année précédente, de 420 000 euros par pharmacie.

En dépit de la tempête, la coopération commerciale liée au générique progresse. Pour une pharmacie moyen-ne (chiffre d’affaires de 1,491 M€), elle est de 34 000 €, alors qu’elle n’était que de 30 000€ l’année précédente. « Elle représente l’équivalent de deux points de marge ou de 21 % du résultat net en 2012 ». Les évolutions de l’EBE en pourcentage du CA (+ 0,71 %) et du résultat net (+ 0,27 %) sont positives. Mais, avec la baisse de l’activité, leurs valeurs en euros se maintiennent tout juste. Pour l’expert-comptable, « 2012 marque une rupture qui illustre la fragilité du secteur de la pharmacie et la nécessité de changer de modèle économique pour l’officine ».

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* L’étude a été réalisée sur la base de 557 officines, clientes de Fiducial Expertise.