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- 255 fermetures d’officines en 2023, l’avenant économique stoppera-t-il l’hémorragie ?
![255 fermetures d’officines en 2023, l’avenant économique stoppera-t-il l’hémorragie ?](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2024/06/40325bf12af53467eaf180689479c.jpg)
© Getty Images
255 fermetures d’officines en 2023, l’avenant économique stoppera-t-il l’hémorragie ?
Le bilan de la démographie pharmaceutique dressé annuellement par l’Ordre national des pharmaciens est une nouvelle fois… sombre. En dix ans, 2 028 pharmacies ont été rayées de la carte du territoire portant désormais leur nombre à moins de 20 000. La signature du nouvel avenant économique de la convention pharmaceutique peut-il inverser la tendance et sauver le modèle officinal français ?
« En l’état, l’avenant économique est une illusion. Il ne sauvera pas l’officine, considère Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO). Depuis 2022, la cadence des fermetures d’officines s’est accélérée. Nous enregistrons des hausses records de pharmacies tirant le rideau. Si les raisons sont multifactorielles – dépôt de bilan, départ en retraite non remplacé, regroupements…-, elles n’ont pour autant pas été enrayées. En 2024, plus de 200 fermetures pour le seul premier semestre ont été dénombrées. Même les régions les plus dynamiques sont concernées comme l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Sur les dix dernières années, les départements qui ont connu la plus forte réduction du nombre d’officines, en pourcentage d’évolution, sont l’Allier (- 22 %), l’Ariège (- 20 %), l’Yonne (- 20 %), le Gers (- 19 %) et la Corrèze (- 18 %). L’avenant économique signé le 10 juin dernier contre l’avis d’une grande partie de la profession ne va nullement enrayer ce phénomène. L’aide financière pour les pharmacies en territoires dits fragiles sera conditionnée à de multiples critères, et ne concernera au mieux qu’un millier d’entre elles. Elle ne fera que camoufler de manière temporaire de vrais problèmes structurels, liés notamment à un déséquilibre entre la marge dégradée des officines et la hausse continue des charges. Seule une version 2 de l’avenant améliorant l’ensemble des rémunérations et mettant l’accent sur les biosimilaires permettra d’offrir une bouffée d’oxygène à l’économie officinale. Sans cela beaucoup d’entre nous ne survivront pas ».
« Oui, mais… », selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF)
« L’avenant économique et les mesures associées apporteront du souffle à l’officine à moyen terme, estime Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Dans son analyse, l’Ordre national des pharmaciens affiche une volonté de positiver la situation. Ils ont bien raison. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Or, le sujet est de renforcer l’attractivité de la profession et des études. Évidemment, voir passer le nombre d’officines en dessous de 20 000 est inquiétant mais, pour autant, les chiffres montrent aussi une augmentation du nombre total de pharmaciens. L’avenant économique offrira à beaucoup d’officines des rentrées financières intéressantes. Toutefois, la dynamique des fermetures ne va pas s’enrayer par un coup de baguette magique. Et l’avenant économique a été signé il y a tout juste quelques semaines. Il n’a pas encore été publié. Il ne sera donc pas mis en œuvre avant le début de l’année 2025. L’année 2024 ressemblera fortement à celle écoulée. Il faudra plusieurs mois avant d’en voir les effets bénéfiques. Les mesures de l’avenant empêcheront difficilement les fermetures de pharmacies proches du dépôt de bilan : 10 000 ou 30 000 € de plus ne changeront pas leur situation. Or, donner davantage est au-dessus des capacités financières de l’Assurance maladie. Aujourd’hui, notre attention doit se porter sur les 5 000 communes ayant une seule pharmacie. Celles-ci doivent être sauvées prioritairement. Dans les communes, où il y a plusieurs officines, les pharmaciens doivent parvenir à se regrouper. La restructuration du réseau est en marche et c’est sans doute, le seul moyen d’éviter des fermetures ».
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