Robots : le flop du low cost
L’automatisation à bas prix, standardisée, est née en France il y a 4 ans pour démocratiser l’offre de robots. Mais elle n’a pas trouvé de nombreux preneurs. Car l’argument du prix ne fait pas tout. L’adaptation aux locaux des officines demeure essentielle.
Pharmagora 2011, ARX-Rowa annonce la sortie sur le marché français de Rowa Smart, robot low cost, à 74 900 € et aux dimensions standards. Une première dans la robotisation où les machines conçues sur mesure, le plus souvent à partir de 130 000 €, rebutaient plus d’un pharmacien par leur coût. A l’instar d’ARX-Rowa, les autres fournisseurs ont lancé leurs appareils standardisés : Medimat Light pour Mach4 Pharma System, MTXL pour MediTech et, dans un concept un peu décalé, Sellen, comptoir robotisé, pour Intecum Pharmagest.
Une nouvelle cible
Après avoir démarché les officines capables de s’offrir des machines sur mesure, les fabricants ont cherché à séduire des officines de CA plus modeste. « Nous avons d’abord lancé Smart en deux tailles, fixes et assez petites. Cette offre standardisée nous permettait la production d’un maximum d’unités à des coûts minimaux. Coté installation, Rowa a conçu Smart de façon à le monter en une journée ouvrable par deux ou trois personnes et sous forme de modules simples à démonter et à réparer. En sortant des machines entre 75 et 95 000 €, nous nous adressons à des officines de 1 à 3,5 M€ de CA qui entendent depuis 15 ans que l’automatisation coûte chère », résume François Legaud, directeur commercial d’ARX France.
Une utopie
Après 3 ans de commercialisation, ces machines aux tarifs plus accessibles ont-elles trouvé leur marché ? Non, à entendre la plupart des fabricants. ARX, en avançant 25 ventes à ce jour, serait donc le leader de ce micromarché. Chez MediTech, on reconnaît avoir fait « chou blanc » et Mach4 comptabilise tout juste trois ventes. « Les volumes n’ont pas été rendez-vous, avoue Bertrand Juchs responsable de Mach4. Ces machines standardisées étaient censées être amenées, posées, et être immédiatement opérationnelles. En visitant les locaux des pharmacies, on se rend bien compte que ce scénario ne fonctionne pas. » Et s’il faut mettre des tapis et réviser l’appareil pour s’adapter à l’officine, on retombe dans du sur mesure. Pourtant, au départ, le low cost, Bertrand Juchs y a cru. « J’envisageais même de proposer mes machines aux agenceurs qui les auraient livrées comme un frigo… », avoue-t-il. Le standard butte contre l’architecture des locaux. S’y ajoutent la crise et les incertitudes réglementaires qui freinent les investissements.
Un modèle allemand
« En revanche, le standard marche très fort en Allemagne. Je livre 30 à 40 machines par an. Mais les officines y sont toutes agencées sur le même modèle », poursuit Bertrand Juchs. Ce n’est pas un hasard si, Rowa, premier promoteur de robot low cost, est d’origine allemande… L’automatisation low cost n’aura-t-elle été qu’un coup d’épée dans l’eau en France ? Pas complètement. En ravivant l’espoir de s’automatiser à moindre frais, elle a ramené l’attention des titulaires sur l’offre de robots. « Une officine sur deux qui nous contacte pour un Smart choisit finalement une machine sur mesure », avance François Legaud. A défaut de se vendre, les low cost auront donc au moins servis de produits d’appel.
Pionnier
Malgré l’atonie du marché français, ARX-Rowa a élargi fin 2014 sa gamme Smart de 2 à 8 modèles. Lanceur du concept de l’automatisation low cost sur Pharmagora 2011, le constructeur rhénan propose désormais son robot en deux hauteurs, 2,50 m et 2,80 m, et en quatre longueurs, 3,5, 4,5, 5,5 et 6,5 m. Ce produit « historique » semble le seul à avoir trouvé un débouché en France sur le marché de l’automatisation accessible.
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