L’impact des robots, entre mythe et réalité
La décision de s’automatiser avec un robot, plutôt qu’avec un automate, doit reposer sur une analyse de ses besoins et un cahier des charges précis de ce que l’on en attend. en sachant prendre le recul nécessaire, par rapport à l’investissement.
L’achat d’un système d’automatisation doit être réfléchi, ce qui nécessite un échange en toute transparence entre le pharmacien et son fournisseur. L’objectif commun est de trouver la bonne configuration en termes de stockage, de confort et de vitesse de délivrance, qui sera génératrice de gains. Le premier critère à prendre en compte est l’environnement concurrentiel. « Si vous êtes pharmacien en pleine campagne, la vitesse de délivrance ne sera pas un critère déterminant. », souligne Bertrand Juchs, directeur général d’Omnicell. Pour Oliver Résano, directeur commercial de Mekapharm, le pharmacien doit en priorité déterminer son choix entre un robot et un automate. « Tout dépend si l’on souhaite optimiser ses gains de productivité globale ou simplement investir dans un outil de confort. L’amélioration d’une potentielle productivité varie en fonction de la technologie retenue et de la typologie des officines : nombre de boîtes à délivrer par jour, pics d’activité etc. Par définition, le robot apporte un confort plus important qu’un automate, mais vous l’aurez compris, la distinction entre les deux se fait, surtout, sur la performance souhaitée en termes de productivité. »
POINTS forts/points faibles.
Aujourd’hui, la différence de vitesse entre un automate et un robot fait toujours débat. « La délivrance est plus rapide avec un automate et à fortiori aux heures de pointe, estime Olivier Resano. Plus les pics d’activité sont marqués et le nombre de postes de vente important, plus un automate sera productif par rapport à un robot, même à plusieurs bras. La différence de temps de délivrance peut être de 3 minutes ! » Moins rapide, certes, mais un robot travaille tout seul, contrairement à un automate qui nécessite une assistance humaine (pour le remplissage des colonnes) et qui, de fait, entraîne une surcharge de travail. « Un robot est plus intelligent qu’un automate. Il rend plus de services et génère plus de gains de productivité au niveau du back-office », poursuit Bertrand Juchs. Autre critère à considérer : la politique d’achats du titulaire. Un robot dispose d’un espace de stockage plus dynamique que celui d’un automate et cette configuration permet de mieux gérer les commandes chez le grossiste. « Plus précis dans la gestion des faibles rotations, un robot est plus amène de réduire 10 à 15 % des stocks. », maintient Bertrand Juchs. A Olivier Resano de compléter : « Un robot est plus compact qu’un automate pour les faibles rotations, mais il l’est moins pour les fortes rotations. »
ÉVITER la délocalisation.
« La délocalisation doit être envisagée, si la transitique est simple et n’engendre pas de surcoût de structure ou d’acheminement. », conseille Vincent Deltour, directeur commercial de MediTech. Selon lui, l’automate est en général la meilleure solution pour une installation à l’étage, mais il requiert la délocalisation d’une personne pour son chargement. Tandis que le robot est plus adapté pour une implantation au rez-de-chaussée, car il est plus compact qu’un bloc colonne tiroir ou qu’un automate. Et au rezde- chaussée, la transitique est quasiment nulle. « Les dimensions très raisonnables des robots sont un atout pour des pharmacies de plain-pied, sans cave ni étage, et limitées en surface. », explique-t-il.
QUEL RETOUR sur investissement ?
Dans la grande majorité des cas, en additionnant le prix d’achat et le coût de l’entretien, un robot coûte plus cher qu’un automate. « Pour les pharmacies dont le C.A se situe aux alentours d’1,5 M€, l’écart d’investissement entre un robot et un automate n’est pas si important. », souligne Olivier Resano. Pour une officine qui réalise environ 1 M€ de C.A, l’amortissement d’un tel investissement prendra environ dix ans. A l’évidence, un automate sera plus vite rentable pour une officine qui bénéficie de beaucoup de trafic et dont le C.A s’élève au-dessus de 2 M€. « Pour les petites comme pour les très grosses pharmacies, l’automate est un investissement moins onéreux qu’un robot. Mais, au-delà d’une certaine activité, le robot peut-être plus lent que la délivrance manuelle classique. D’où la solution combinée “automaterobot”, qui permet de cumuler les avantages des deux technologies, mais son coût sera logiquement supérieur à un robot seul ! », résume Olivier Resano.
OPTER pour un bon SAV.
Un robot exige une surveillance plus assidue et un remplacement des pièces d’usure plus régulier. Sa maintenance est donc plus onéreuse que celle d’un automate. La méfiance est donc de mise sur la durée et le prix des contrats de maintenance ! Enfin, Olivier Resano met en garde contre les contrats à bas prix : « Sur le long terme, ils peuvent s’avérer plus onéreux de par des exclusions éventuelles. », conclut-il.
Le B.A.-ba sur un système de mécanisation du stock
Le choix d’un système de mécanisation du stock reste encore marqué par l’antagonisme robot/automate, ou on opte pour un système combiné, associant les avantages des deux technologies. Chaque solution répond à des critères bien particuliers, qu’il convient de hiérarchiser en fonction de ses besoins, de ses capacités d’investissement et de la configuration des lieux. Si le souci d’optimisation des stocks et d’autonomie prévaut, c’est le robot qui paraît le plus adapté.
• Regarder au niveau de ses ventes et de son stock, la proportion de faibles et de fortes rotations à automatiser. Les robots sont plus compacts que les automates pour les faibles rotations.
• Déterminer le lieu d’implantation. La configuration de l’officine et le lieu où est délocalisée la machine influencent sur le choix et le coût d’une automatisation. Un robot est entièrement modulable en hauteur et en profondeur, mais il nécessite un déploiement plus important en longueur.
• Choisir le meilleur compromis entre le gain de surface réalisé et la difficulté d’approvisionner sa machine, car une délocalisation entraîne des coûts annexes – monte-charge ou ascenseur en cave – pour la délivrance.
• Même si le coût d’un robot entre en ligne de compte, on n’achète pas une machine pour son prix, mais pour que le service rendu soit en adéquation avec ses besoins. Le prix doit être relativisé par rapport à des critères, tels que la performance de la machine, la technicité du matériel, sa fiabilité, ses nouvelles fonctionnalités, ses gains de productivité qui vont permettre de rentabiliser l’investissement.
• Maintenance : Se renseigner sur la politique des fournisseurs (durée de la garantie et nonréévaluation tarifaire).
RobotUn investissement rentable sur dix ans
J’ai acheté un robot, car je n’avais pas les moyens d’acheter un automate. », lance Philippe Dauphin, reconverti dans l’officine à Beauchamp (95) après vingt ans dans la répartition. Un pied de nez aux idées reçues ! Si ce titulaire pouvait se contenter d’investir dans un automate à 60 000 €, il a préféré investir 140 000 € dans un robot hybride avec un chargeur et, en prime, un surplus de maintenance. Un coût global largement couvert par les gains de productivité induits. « Avec un robot, on supprime le back-office. Compte tenu des gains de temps cumulés sur dix ans, par rapport à un automate, lors des phases de réception des commandes des grossistes, du rangement, du remplissage des goulottes… A raison d’un coût de l’heure chargé de 35 €, l’économie avec un robot peut varier de 44 000 € à 148 000 €. », calcule-t-il. Et pour quelle différence de service ? « Mon robot est de rapidité équivalente à celle d’un automate et le nombre d’ordonnances servies au comptoir sans se déplacer est largement à l’avantage du robot. »
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