Vaccination par les pharmaciens : une pétition de médecins en colère

© Stylo prêt à agir - TIXT/Pixabay

Vaccination Réservé aux abonnés

Vaccination par les pharmaciens : une pétition de médecins en colère

Publié le 16 mai 2019
Par Matthieu Vandendriessche
Mettre en favori

Un collectif anonyme de « médecins en colère » a lancé fin avril une pétition contre la vaccination par les pharmaciens sur le site Mes opinions.com. Ce long texte adressé à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a reçu près de 6200 signatures et  570 commentaires à la date du 14 mai. 
Avec la généralisation de la vaccination en officine, les initiateurs de cette pétition dénoncent une « concurrence vénale et déloyale à l’encontre des infirmiers libéraux et des médecins généralistes » et un « hyperlibéralisme dérégulateur délétère pour le patient ». En vaccinant seulement pendant la campagne antigrippe saisonnière, les pharmaciens sont assimilés à des « vaccinateurs improvisés ». Par ailleurs, le coût supplémentaire pour l’Assurance maladie serait accru puisque les médecins pratiquent la vaccination au sein d’une consultation globale. Et le manque à gagner serait conséquent pour les infirmiers libéraux, qui équilibrent au plan financier la vaccination avec des actes plus longs et plus lourds.
De plus, selon la pétition, les pharmaciens devraient éviter de prendre la tension artérielle, de vendre des assistants d’écoute et de réaliser des TROD (tests rapides d’orientation diagnostique) pour se concentrer sur leur vrai métier : la pharmacologie et la lutte contre l’iatrogénie médicamenteuse. Les médecins à l’origine de l’initiative proposent en retour de vendre des vaccins, de même que des collutoires, des pastilles ou des antalgiques, le tout à prix concurrentiel.

Représentant les médecins généralistes au sein de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), Luc Duquesnel ne s’inscrit pas dans cette manifestation de colère. « Ce n’est pas mon combat. L’idéal, pour moi, est de ne pas avoir à vacciner. Ce que je veux, en revanche, c’est avoir le retour des pharmaciens et infirmiers sur la vaccination d’un patient. C’est pour cela que je partage l’accès à mon logiciel métier avec les autres professionnels du territoire ».

De même, Daniel Guillerm, président de la FNI (Fédération nationale des infirmiers), estime que ce combat est d’arrière-garde. « Aujourd’hui les pharmaciens se forment pour vacciner. Cette mesure est rentrée dans les mœurs. Il faut se battre sur des sujets convergents, comme l’installation des équipes de soins primaires, et non sur des sujets qui nous divisent ».

Publicité