Libéraux de santé : ils font la loi

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Libéraux de santé : ils font la loi

Publié le 10 février 2022
Par Magali Clausener
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Ce 10 février, Les Libéraux de santé*, qui regroupe 11 syndicats de professionnels libéraux représentatifs (1), dont la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ont présenté leur projet de loi pour réformer le système de santé. Le 30 mars, ils le détailleront aux candidats de la présidentielle.

« Le système de santé va mal, est à bout de souffle. Et la médecine et les médecins de ville vont très mal. L’offre de soins est délétère. Le plus préoccupant est la perte de sens du métier dans tous les secteurs de la santé qui conduit à une pénurie des personnels, des retards de soins et a des conséquences en matière de santé publique ». Tel est le diagnostic posé par Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux de France (CSMF). Et pour soigner ce système de santé malade, les libéraux de santé n’hésitent pas à proposer une loi afin de réformer véritablement le système de santé.

Ce projet, présenté succinctement à la presse afin d’en réserver la primeur aux candidats à l’élection présidentielle, s’appuie avant tout sur les professionnels de santé de ville qui devraient être « le premier accès à la santé ». La pierre angulaire est l’ESCAP, équipe de soins coordonnée autour de chaque patient, qui réunirait médecin, pharmacien, infirmière, kiné, etc. Si l’on pousse le raisonnement, il pourrait y avoir, selon Jean-Paul Oritz, « 60 millions d’ESCAP ». Ces équipes de coordination seraient plus souples, notamment administrativement, que les Equipes de soins primaires (ESP), qui couvrent une patientèle commune et doivent élaborer un projet de santé.

« Révolutionner le système conventionnel et le financement » est un autre axe important du projet de loi des Libéraux de santé. Les syndicats veulent pleinement participer à la gestion du système de santé en ayant une place bien plus importante qu’aujourd’hui. Le décloisonnement des métiers, le numérique en santé, la prévention, la garantie de l’accès aux soins pour tous sont aussi des sujets qui font partie de la proposition de loi dont le texte sera présenté le 30 mars.

La coercition, c’est non

Pour autant, comment concilier mise en place d’ESCAP et déserts médicaux ? A cette question, Jean-Paul Ortiz répond que les syndicats médicaux ont émis plusieurs propositions pour faire face à ce problème de désertification médicale et que les mesures coercitives sont « une mauvaise idée ». Une des solutions serait d’avoir des ESCAP avec un médecin à distance grâce à des outils numériques de coordination. Ce qui pose également la question de la fracture numérique. « L’absence du numérique c’est une grande cause d’inégalité d’accès aux soins. La fracture sociale, la fracture autour de la prise en charge en santé, c’est aussi la fracture numérique. Il ne va pas falloir faire reposer soit sur les médecins aujourd’hui, soit sur les professionnels libéraux demain, la responsabilité de cette fracture qu’on trouve dans le pays. Les politiques doivent s’en saisir et prendre les mesures nécessaires », a déclaré le président de la CSMF. Et de conclure : « Les déserts médicaux ce sont aussi des déserts des services publics, ne l’oublions pas ».

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* FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France), CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), SML (Syndicat des médecins libéraux), FNI (Fédération nationale des infirmiers), SDB (Syndicat des biologistes), CDF (Chirurgiens-dentistes de France), FFMKR (Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs), FNO (Fédération Nationale des Orthophonistes), FNP (Fédération nationale des podologues), SDA (Syndicat des audioprothésistes), SNAO (Syndicat national Autonome des orthoptistes)