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Honoraires de dispensation : ce qui pourrait retarder la revalorisation
Invité au 74e du congrès national des pharmaciens qui s’est déroulé à Lille (Nord) les 25 et 26 juin 2022, Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) se savait attendu sur le volet économique de la convention nationale pharmaceutique, différé en 2023 à la demande des syndicats pharmaceutiques, en raison de l’interférence du Covid-19 sur l’activité des officines. Six mois après le début de nouvelles négociations, « il est difficile de se projeter et d’avoir des perspectives économiques », annonce-t-il.
Les chiffres sont têtus. Grâce ou en raison de l’épidémie, chaque pharmacie a reçu en moyenne de l’Assurance maladie 95 000 € de plus sur l’année 2021 et 45 000 € de plus sur le premier quadrimestre 2022. Soit pour le réseau officinal : 1,5 milliard d’euros d’actes liés au Covid-19 en 2021, et déjà 1 milliard de plus au compteur en 2022, soit en cumul 2,5 Mds€. Et sur la partie métier, le directeur de la Cnam rappelle que 130 M€ ont été ajoutés dans la balance pour financer les nouvelles missions. Il donne le ton : « Avec 26 milliards d’euros de déficit en 2021, il s’agit du deuxième déficit le plus élevé de l’histoire de l’Assurance maladie. »
Les syndicats pharmaceutiques sont prévenus. La revalorisation souhaitée des honoraires de dispensation, seul levier pour assurer la pérennité et l’intégrité du réseau officinal, est loin d’être gagnée. Dans son programme des élections aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS), la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) avait tablé sur 800 M€ de revalorisation sur 5 ans. « Il va falloir revoir nos ambitions par rapport à la réalité », confesse Philippe Besset, président de FSPF.
La solution : déployer la convention et plaider l’inflation
Tout porte à croître que l’activité Covid sera une ressource pérenne au moins en 2023, qui pourrait se substituer à toute revalorisation des honoraires. Sauf que la manne du Covid ne profite pas à 100 % des officines, alors que l’inflation des salaires et des prix d’achat, elle, impacte tout le monde. « 1 point de salaires en plus, c’est 60 M€ de plus en charges pour le réseau. Avec deux revalorisations de 3 % sur 2022, c’est 360 M€ pour affronter l’inflation. On peut l’assumer en 2022 mais pas en 2023 ! », lance en guise de signal d’alarme Philippe Besset à Thomas Fatôme.
Pour ouvrir la négociation face au risque d’insoutenabilité des hausses de salaires, il est essentiel que 100 % des officines s’engagent sur la totalité des nouvelles missions, d’où des actions sur le terrain des syndicats et de l’Assurance maladie pour déployer la convention dès la rentrée. Si déjà, les 130 M€ de ressources allouées sont utilisées par l’ensemble du réseau, au prix parfois pour certaines officines d’investissements supplémentaires en ressources humaines en dépit de l’inflation, alors peut-être, les acteurs de la convention y verront plus clair pour négocier le volet économique de la convention.