Escroquerie aux tests antigéniques : « ces pharmaciens qui nous déshonorent »

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Escroquerie aux tests antigéniques : « ces pharmaciens qui nous déshonorent »

Publié le 19 janvier 2022
Par Magali Clausener
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Ce sont Le Parisien et Le Canard enchaîné qui ont révélé l’affaire : un pharmacien du 11e arrondissement de Paris a facturé à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Paris des tests antigéniques (TAG) destinés à des professionnels de santé mais, en réalité, jamais commandés ! Un médecin s’est ainsi rendu compte qu’il avait acheté « à son insu » des TAG. « Il y a un mois et demi, nous avons signalé à l’Assurance maladie que nous avions eu des informations comme quoi certains pharmaciens parisiens avaient ce genre de pratiques », déclare aujourd’hui Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). La CPAM a porté plainte et une enquête judiciaire a été ouverte le 17 décembre 2021, la Brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) étant chargée de l’investigation.

L’affaire s’élève à plus de 18 millions d’euros de faux bons de commandes. Selon les informations recueilies par Le Moniteur des pharmacies auprès d’une source proche du dossier, le pharmacien, âgé de 46 ans, est mis en examen pour :
– « escroquerie réalisée en bande organisée courant septembre 2021 au 16 décembre 2021 à Paris et en Île-de-France » ;
– « blanchiment aggravé » sachant que la BRDA a trouvé plus de 796 000 € en espèces cachés dans des boîtes à chaussures ;
– « faux : altération frauduleuse de la vérité dans un écrit » par la falsification de bons de commande de TAG au nom de professionnels de santé destinés à la CPAM 75 qui aurait ainsi déboursé 18 546 000 euros pour plus de 3 millions de tests ;
– « usage de faux en écriture ».

Le pharmacien est actuellement incarcéré à Fleury-Mérogis (Essonne). 

Un autre titulaire installé dans le 18e arrondissement de Paris serait également mis en cause dans une affaire simillaire. Pour, dans son cas, 4 millions d’euros.

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Cette affaire suscite évidemment des réactions de la part de l’Ordre. « Des actes inqualifiables entachent notre profession, a réagi Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre national des pharmaciens dans un tweet ce jour même. Des poursuites disciplinaires seront initiées à l’encontre de ces pharmaciens qui nous déshonorent. L’Ordre s’associera également, en tant que partie civile, à toute action pénale initiée par les autorités judiciaires ». Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a également tweeté hier soir : « En période de guerre sanitaire, plus que jamais, trahir la confiance des patients, trahir son serment de pharmacien est inexcusable ». Pierre-Olivier Variot dénonce également ces actes et approuve les contrôles et actions de l’Assurance maladie à l’encontre des pharmaciens fraudeurs.