Plantes médicinales : pour un retour des herboristes

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Plantes médicinales : pour un retour des herboristes

Publié le 24 octobre 2018
Par Anne-Hélène Collin
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Un collectif de pharmaciens, médecins, et représentants des métiers de l’herboristerie, plaide pour un retour des herboristes (disparus depuis 1941), dans une tribune publiée le 19 octobre dans le quotidien national Libération. Avec des arguments mordants.

Si le collectif met en avant quelques bénéfices d’ordre sanitaire (« le recours à la flore médicinale usuelle ne comporte souvent que des risques faibles, dans des conditions traditionnelles d’emploi ») ou économique (« vouloir des herboristes pour accompagner l’hygiène de vie et la prévention de la santé des Français peut générer une économie très importante dans le budget de la santé »), ils pointent surtout le déni des instances ordinales envers les attentes des patients et les pratiques existantes « qu’elles devraient au contraire accompagner ».

L’argument du réseau pharmaceutique qui serait suffisant pour répondre à la demande, derrière lequel se cachent les pouvoirs publics et l’ordre des pharmaciens, est ici balayé : « (…) Force est de constater que l’offre en matière de plantes et de conseils associés en pharmacie est généralement limitée, malheureusement trop souvent fondée sur une logique économique et concurrentielle plutôt que scientifique et sanitaire. Là où on invoque une sécurité et une qualité meilleures pour ce secteur, en dehors d’une quarantaine de médicaments de phytothérapie, on retrouve principalement les mêmes compléments alimentaires qu’en dehors des officines, le monopole pharmaceutique s’étant presque totalement dissous avec la réglementation européenne sur ces produits ».

Il serait donc temps de reconnaître et d’encadrer cette profession d’herboriste, tant le regain d’intérêt du public pour les plantes médicinales est manifeste, et la réglementation imprécise, laissant la porte ouverte aux dérives : « Refuser de légiférer dans ce sens favoriserait les risques pour le public, en encourageant des pratiques inadéquates ou dangereuses », défend le collectif.

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Le Sénat vient, de son côté, d’émettre plusieurs propositions visant à promouvoir et organiser les métiers de l’herboristerie. Des universitaires des facultés de pharmacie travaillent avec les écoles d’herboristerie et des centres de formation agricoles pour organiser des formations à socle commun de « professionnels sûrs et responsables ». Une pétition pour soutenir l’herboristerie est également en ligne, et compte à ce jour plus de 68 000 signatures.