L’orage s’est éloigné

En 2021, le chiffre d’affaires hors taxes (CA HT) du Répertoire des génériques exploité a atteint 5,1 Md€, en progression de 1,5 %, selon les chiffres de la commission des comptes de la Sécurité sociale. Il représente près du quart (24,2 %) du marché global du médicament remboursable. Les médicaments génériques générent à eux seuls un CA HT de 3,9 Md€, en progression de 3 %, alors que les princeps accusent un recul de 4 %, du fait d’un rebond de la pénétration en valeur des génériques. « Le taux de pénétration a atteint 84,6 % en moyenne sur les huit premiers mois de l’année, contre 83,9 % pour 2021 », constate David Syr, directeur général adjoint de Gers Data. En nombre d’unités vendues, le marché du générique a progressé de 4,6 %.

Malgré cette croissance, la France n’est pas vraiment en route pour rattraper son retard de développement par rapport aux pays européens comparables à l’Hexagone en termes de taille.

Des remises sauvegardées

« L’enjeu est très simple, le marché des génériques pèse 4 Md€ par an en prix fabricant hors taxes (PFHT) et la remise pondérée globale sur facture tourne autour des 30 %, soit 1,2 Md€ de remises perçues par le réseau », explique Julien Chauvin, président de la commission études et stratégies économiques de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Cette remise compense la perte de marge qu’occasionne la substitution lancée et développée par les pharmaciens depuis plus de 20 ans, faisant économiser à l’Assurance maladie 2 à 3 Md€ par an.

Cette ressource liée aux remises génériques représente environ 55 k€, ce qui correspond à la rémunération annuelle de bon nombre de pharmaciens titulaires. « Si elle avait été utilisée pour servir à un référencement – l’appel d’offres [initialement prévu dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, NdlR] aurait abaissé les prix de vente des médicaments génériques en supprimant les remises -, des milliers d’officines auraient disparu, et leurs salariés avec, en particulier celles qui sont en zone rurale », souligne-t-il. Reste que le maillage territorial pourrait ne plus pouvoir être maintenu pour d’autres raisons : pénurie de médecins, de personnel, étranglement des marges, érosion de la rentabilité avec l’inflation, etc.

CONTRIBUTEURS

JULIEN CHAUVIN

(FSPF)

DAVID SYR

(Gers Data)

L’analyse

Sur les huit premiers mois de l’année 2022, le taux de pénétration des médicaments génériques sur le total du Répertoire exploitable est, à chaque fois, supérieur à celui du même mois de l’année 2021. La comparaison 2022 versus 2020 déroge à cette règle pour les deux premiers mois de l’année 2020 : janvier et février de cette année enregistrent des taux de pénétration supérieurs aux mêmes mois de 2022. La substitution n’a jamais été aussi élevée en 2022 (84,6 %).

L’analyse

Afin août 2022, en cumul mobile annuel (CMA), le chiffre d’affaires des génériques progresse en valeur, à périmètre courant, de + 2,4 %, alors qu’en cumul fixe sur les huit premiers mois de l’année, la hausse est plus faible (+ 1,9 %). Les ventes de génériques en volume performent mieux (+ 4,4 % en CMA à fin août, + 3,2 % en cumul fixe). Cette croissance dynamique du secteur est liée aux besoins de la population, dans un contexte où les ruptures sont reparties à la hausse en 2022.