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Donner libre cours à sa passion des études
A la fin de son cursus de pharmacie, Valérie Siranyan s’est dirigée vers une carrière officinale. Jusqu’à ce que la passion des études la rattrape. Retournée sur les bancs de la faculté pour se spécialiser en droit de la santé, elle a raccroché sa blouse d’adjointe et rangé sa carte d’étudiante. Car aujourd’hui, la prof, c’est elle !
En 2000, alors qu’elle exerçait depuis plusieurs années en pharmacie comme adjointe, Valérie Siranyan a eu l’audace et le courage de reprendre ses études. « Six ans après avoir soutenu ma thèse d’exercice – dont le sujet était « L’Evolution de la pratique officinale. Réflexion à partir d’un modèle québécois » -, j’ai souhaité approfondir mes travaux sur l’éducation thérapeutique du patient. Mon travail en pharmacie me plaisait, mais j’expérimentais de manière isolée ce que j’avais observé au Québec lors de mon stage de 6e année de pratique officinale », explique Valérie Siranyan, qui souhaitait élargir son champ d’actions au-delà du comptoir.
Comment procéder ? Avide d’apprendre et d’enrichir ses connaissances, la pharmacienne s’inscrit en DEA (diplôme d’études approfondies) de droit de la santé à la faculté d’Aix-en-Provence tout en exerçant à temps partiel comme adjointe dans la pharmacie de Gilles Bonnefond, également président délégué de l’USPO, à Montélimar. Pendant un an, elle jongle ainsi avec deux emplois du temps. « Ce fut une année très stimulante. En cours, j’étais au contact d’étudiants juristes. Et, à la pharmacie, je passais des heures à débattre avec Gilles Bonnefond sur l’évolution de la profession. » Le 11 septembre 2001, alors que le monde bascule à la suite de l’effondrement des tours jumelles de Manhattan, elle passe son grand oral et décroche le diplôme qui lui servira de sésame pour construire son nouveau parcours professionnel.
« Mes anciens professeurs devenaient mes collègues »
La pharmacienne fait part de sa réussite à son ancien professeur de droit pharmaceutique, François Locher, également doyen de la faculté de pharmacie de Lyon. « Une semaine plus tard, il me proposait un poste de doctorante. » Sans hésitation, la pharmacienne saisit cette opportunité et retourne une nouvelle fois à la faculté. Elle s’engage alors pour trois années de doctorat pendant lesquelles elle mènera des travaux de recherche sur « les actes et responsabilités du pharmacien d’officine ». Surtout, elle fera ses premiers pas dans l’enseignement, d’abord comme ATER (attachée temporaire d’enseignement et de recherche) puis comme chargée de cours. « J’étais très impressionnée. Je retournais sur les lieux de mes années de fac, mais cette fois-ci de l’autre côté du bureau. Et mes anciens professeurs devenaient mes collègues », confie la pharmacienne. Si son parcours paraît se dérouler sans accroc, tout n’est pas si simple. « Tant qu’on est vacataire, on est payé à l’heure de cours. Cette rémunération n’inclut pas le temps consacré aux travaux de recherche nécessaires pour obtenir le doctorat. Au-delà de l’aspect financier, la titularisation à un poste de maître de conférences n’est pas garantie. » Par sécurité, la jeune femme préfère alors garder un pied en officine. « Je l’ai aussi fait par passion car j’aimais mon métier d’adjointe et je souhaitais le conserver tant que c’était possible, même au détriment d’un emploi du temps bien chargé. »
Et ce n’est qu’en 2006 qu’elle raccroche sa blouse d’adjointe, lorsqu’elle obtient un poste de maître de conférences. « Le choix s’imposait. Je n’étais plus autorisée à cumuler mes activités universitaires avec un poste dans le privé », précise la pharmacienne, dont le parcours atypique fait aussi sa force. « Rares sont les enseignants qui ont une expérience concrète en officine. Les années que j’ai passées derrière un comptoir, au contact des patients, me donnent une légitimité et une crédibilité supplémentaires face aux étudiants. » D’autant que Valérie Siranyan enseigne des matières dont l’importance ne saute pas immédiatement aux yeux des étudiants en pharmacie. Au programme de ses cours : la législation pharmaceutique, la déontologie et les aspects éthiques de la profession, la santé publique, le droit des sociétés, le droit du travail, etc. Des matières relativement obscures pour des étudiants à la formation scientifique, mais pourtant essentielles dans la vie professionnelle de tout pharmacien salarié ou chef d’entreprise.
Explorer des sujets qui sont les enjeux de l’officine de demain
Aujourd’hui, quand Valérie Siranyan regarde dans le rétroviseur, elle n’a pas l’impression d’avoir pris un virage professionnel mais plutôt d’avoir progressé avec un seul objectif : participer à l’évolution de la profession. Ses travaux de recherche lui permettent en effet d’explorer des sujets qui sont les enjeux de demain de la pharmacie, comme par exemple, « l’obligation d’information et de conseil du pharmacien », « la vente des médicaments sans ordonnance médicale : enjeux et perspectives pour la grande distribution » ou « l’évolution de l’acte pharmaceutique ». Outre ses cours à la faculté de pharmacie et à l’Institut d’administration des entreprises de la faculté de droit de Lyon, elle trouve encore le temps d’intervenir comme conseillère auprès de l’Ordre. « C’est un moyen pour moi de rester en lien direct avec la profession officinale », conclut la pharmacienne.
Envie d’essayer ?
Les avantages
– L’indépendance : « En tant que maître de conférences, j’organise librement mon emploi du temps, en fonction de mes heures de cours (192 heures par an) et de mes travaux de recherche. »
– L’épanouissement intellectuel : « Mon activité au sein d’une équipe d’enseignants-chercheurs en santé publique et les contacts avec les étudiants sont très riches. L’ébullition d’idées est permanente ! »
– Atteindre un idéal : « Depuis que je suis étudiante, je souhaite participer aux réflexions sur l’acte pharmaceutique et à la modernisation de la profession. Mes fonctions à la faculté et auprès de l’Ordre me permettent cet engagement. »
Les difficultés
– Accepter l’incertitude : « Tous les doctorants n’ont pas la garantie de devenir maître de conférences. Tout dépend des postes disponibles. »
– Le cumul d’activités : « Tant que j’étais chargée d’enseignement, j’ai continué à exercer en officine à temps partiel. Ce double emploi du temps professionnel laisse moins de temps personnel. »
Les conseils de Valérie Siranyan
– « Soyez tenace : une fois que l’on a trouvé sa voie, il faut foncer. Avancer avec passion est le meilleur moyen de franchir les obstacles. Reprendre ses études et concéder, même temporairement, une baisse de ses revenus est à gérer avec détermination. »
– « Prévoyez des plans B pour subvenir à vos besoins : les années de doctorant ne sont pas très lucratives. Conserver une activité en officine constitue une sécurité financière. »
– « Osez et croyez en vous : ce sont deux ingrédients majeurs pour construire son propre parcours professionnel, surtout quand on ne choisit pas le chemin le plus direct. »
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