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Le libre accès à contretemps mais sûr de son destin

Publié le 17 avril 2010
Par Magali Clausener
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Même si son avenir est tout tracé, le libre accès est loin d’être un succès. Une étude d’Eurostaf et d’ACS le confirme et fait le point sur les freins et les leviers de développement.

Le libre accès : un bilan mitigé mais un développement inéluctable ». Tel est l’intitulé de l’étude réalisée par Eurostaf (groupe Les Echos) en partenariat avec Agence Conseil Santé (ACS). « Les freins à la mise en place du libre accès sont plus nombreux et plus forts que prévus, comme les réticences des pharmaciens et les problèmes de taille de l’officine et d’organisation de l’espace libre accès, [laquelle requiert] un audit des différents produits en libre accès par rap-port à sa clientèle et une vraie démarche merchandising », note Magali Affre, responsable du pôle Pharmacie à Eurostaf et chargée de l’étude. Autre frein : le manque de cohérence de la liste des produits disponibles en libre accès. Seules 8 références parmi le top-50 des ventes des pharmacies y figurent.

Le rôle important des groupements

De fait, le nombre de pharmacies adeptes de l’OTC a lentement progressé. En septembre 2009, 47 % des officines avaient mis en place le libre accès contre 29 % en octobre 2008. Et 15 % des pharmaciens qui n’ont rien mis en place aujourd’hui pensent le faire d’ici la fin de l’année.

« Les groupements jouent un rôle important dans le développement du libre accès, souligne Magali Affre. PHR affirme que le taux de croissance des ventes en libre accès de ses adhérents se situe entre 15 et 25 %. Les adhérents de Pharmactiv enregistrent des hausses de 9,2 % de leurs ventes en valeur et de 11,2 % en volume. » Ces deux groupements, ainsi que Giphar, Pharmodel et Alphéga, proposent des kits de communication pour un meilleur conseil et une aide au merchandising.

La difficile comparaison des prix

Côté laboratoires, certains se positionnent clairement en modifiant leur packaging et en proposant aux pharmaciens formations et conseils merchandising. C’est le cas de Sanofi-Aventis, Bayer Santé familiale, Urgo, Boiron et certains génériqueurs (Actavis, Arrow, Biogaran, Merck, Ratiopharm, Sandoz, Teva). Mais, question prix, les stratégies des laboratoires se montrent très différentes (voir ci-dessus). « Il est difficile de comparer les prix. Avec les remises, les prix des catalogues sont surévalués. Il n’y a donc pas de prix de référence, remarque Magali Affre. L’USPO et l’UNPF estiment que les prix ont finalement augmenté d’environ 9 % en 2008. »

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Pour autant, le développement du libre accès est inéluctable. « La responsabilisation des patients, la valorisation du conseil officinal et l’intervention possible des complémentaires constituent autant de moteurs pour le marché », conclut Magali Affre.

La sortie de l’OTC du monopole peut augmenter les prix

La sortie de l’OTC du monopole officinal, redoutée par 63 % des pharmaciens français, n’impliquerait pas forcément une baisse des prix. En Italie, ils ont diminué d’à peine 5 % et, au Portugal, les prix des vingt médicaments les plus vendus ont même augmenté.