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La ricine a peut-être trouvé son antidote avec rétro-1 et rétro-2

Publié le 24 avril 2010
Par Véronique Pungier
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Rétro-1 et rétro-2. Il s’agit du nom des deux premières molécules efficaces pour protéger de la toxicité de la ricine. Cet agent biologique potentiellement mortel, arme du bioterrorisme, est un poison cellulaire qui inhibe la synthèse protéique. Rétro-1 et rétro-2 agissent également contre les toxines de type Shiga ou encore la toxine du choléra. Elles bloquent sélectivement le transport intracellulaire de la ricine (et des autres toxines citées) depuis l’extérieur des cellules vers l’intérieur, entre les endosomes précoces et l’appareil de Golgi. Les deux molécules respectent l’intégrité de l’appareil de Golgi et n’altèrent donc pas le transport des protéines essentielles au bon fonctionnement des cellules. Elles ne présentent pas de toxicité pour les cellules ni pour les animaux. Leur efficacité, notamment celle de rétro-2, a été prouvée in vivo chez l’animal. L’injection préventive de rétro-2 à des souris auxquelles on administre par voie nasale de la ricine les a totalement protégées.

Deux molécules parmi 16 500 isolées

Jusqu’à présent, il n’existait pas d’antidote pour contrer la toxicité de la ricine. Extraite des graines de ricin, se présentant sous forme de poudre blanche, hydrosoluble, la ricine s’administre par voie orale (elle ne donne pas de goût ni à l’eau ni aux aliments) ou par inhalation (poudre, aérosol). Ses effets, qui apparaissent au bout de quelques heures, peuvent entraîner la mort en trois à cinq jours.

Rétro-1 et rétro-2 ont été découvertes parmi 16 500 composés chimiques criblés par les chercheurs français du Commissariat à l’énergie atomique, du CNRS, de l’Afssaps et de l’université de Montpellier dans le cadre d’un programme interministériel de recherche et développement de lutte contre les agents du bioterrorisme.

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