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Des vieux pas si dispendieux

Publié le 1 mai 2010
Par Anne-Laure Mercier
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Il faut évacuer de nos représentations l’image d’une “déferlante du grand âge” qui serait sur le point de submerger, sans qu’on n’y puisse rien, le système de couverture solidaire. » Tel est l’avis du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) sur le vieillissement, la longévité et l’assurance maladie, adopté le 22 avril. Il y est souligné que si les plus de 60 ans représentent 20 % de la population et 66 % des ALD, étant ainsi à l’origine de plus de 45 % des dépenses de santé, ces dépenses n’atteignent toutefois pas « des proportions exorbitantes ». Les dépenses pour les moins de 10 ans représentent d’ailleurs « une somme équivalente à celle du grand âge » et la dépense de la dernière année de vie ne représente en moyenne que 7 à 8 % de la dépense totale d’une vie.

En outre, si les personnes âgées bénéficient de remboursements plus élevés, le HCAAM constate qu’elles ont aussi à régler des « restes à charge » plus élevés.

Coordonner les soins est le vrai enjeu

Le HCAAM note également le « niveau anormalement élevé des dépenses individuelles moyennes de soins au “grand âge”, difficilement explicable par la seule addition des maladies ». Ce suraccroissement des dépenses traduirait « des inadaptations structurelles, à l’origine de coûts » : addition pas toujours cohérente d’actes et de prescriptions, succession d’hébergements parfois trop longs, trop courts ou inadaptés, accumulation d’examens non conclusifs, recours trop fréquent aux services d’urgences, etc. Ces dysfonctionnements naîtraient des besoins mêmes du grand âge, dont les soins n’ont « pas pour principale caractéristique d’être coûteux ou mobilisateurs de moyens lourds, mais plutôt d’être très complexes ».

Or, « notre système de soins, performant dans le traitement en quelque sorte “vertical” de pathologies isolées, est très vite désemparé lorsqu’il s’agit de prendre en charge des sujets polypathologiques et fragiles, qui appellent au contraire un travail d’une très grande transversalité, point de fragilité fondamental de notre organisation (assimilation trop exclusive de la qualité médicale à la surspécialisation disciplinaire, tendance à sous-estimer l’importance du concours des soins d’accompagnement et d’entretien et gestion séparée des questions sanitaires et sociales). »

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Le HCAAM recommande donc de travailler à « une coopération plus efficace des différentes professions et institutions sanitaires, médico-sociales et sociales ». Relever le défi de « la coordination du soin », qui fait « intégralement partie de l’acte de soigner », c’est prendre la voie d’une « amélioration globale qui peut profiter à tous », conclut-il.