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Les thérapies ciblent le cancer

Publié le 3 juillet 2010
Par Véronique Pungier
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Les cancers du sein, du rein, les mélanomes et les métastases figurent parmi les principaux bénéficiaires de la biologie moléculaire et des thérapies ciblées. Ces nouvelles pratiques diagnostiques et thérapeutiques ont été présentées lors du 23e congrès Eurocancer qui s’est tenu à Paris du 22 au 24 juin. Voici ce qu’il fallait en retenir.

Mélanomes

Pour la première fois, des espoirs se dessinent dans le traitement des mélanomes métastatiques. Un anticorps monoclonal, l’ipilimumab, a déjà prouvé qu’il augmente de plus de 30 % la survie de certains patients ayant déjà reçu un traitement. Mais il faut encore déterminer les traitements à associer à cette immunothérapie et le moment opportun pour l’arrêter. Le PLX4032 et le trémélimumab, deux molécules inhibitrices des formes mutées de l’oncogène BRAF (soit 50 % des mélanomes), laissent également entrevoir de solides espoirs. A suivre également deux inhibiteurs de MEK actuellement en phase I. Une technique spécifique de radiothérapie (radiothérapie stéréotaxique extracrânienne) délivrant de fortes doses d’irradiation tue des cellules cancéreuses alors que le mélanome était jusque-là considéré comme radiorésistant.

Métastases

Grâce à l’imagerie in vivo, le concept de métastases évolue. Alors qu’on pensait que les métastases se développaient à partir d’une cellule cancéreuse s’échappant de la tumeur primaire, on parle à présent de « migration collective de cellules cancéreuses ». Dans le mélanome, les sarcomes ou le cancer du sein, des colonnes de cellules quittent la tumeur primaire pour envahir de nouveaux tissus. Autre avancée : les métastases, voire les métastases entre elles, n’ont pas forcément les mêmes caractéristiques phénotypiques que la tumeur cancéreuse primaire. D’où l’intérêt, à l’heure des thérapies ciblées, d’évaluer cette hétérogénéité pour optimiser les traitements.

Sein

Grâce au dépistage organisé et à l’amélioration qualitative des mammographes, de plus en plus de cancers du sein sont diagnostiqués au stade infracentimétrique (moins de 1 cm). 5 à 15 % de ces tumeurs sont associées à un envahissement ganglionnaire qui demeure un facteur de mauvais pronostic. Jusqu’à présent, on n’administrait pas de chimiothérapie adjuvante aux femmes atteintes d’un cancer du sein infiltrant de moins de 1 cm après la chirurgie et la radiothérapie. On sait aujourd’hui qu’un traitement adjuvant doit être envisagé, en particulier chez les femmes dont la tumeur mesure plus de 5 mm et qui présentent une surexpression de HER-2 ou bien qui ont une tumeur « triple négatif », c’est-à-dire sans récepteurs des estrogènes, de la progestérone et de HER2. Une étude française montre déjà l’intérêt du trastuzumab – déjà utilisé comme adjuvant dans les cancers du sein surexprimant HER-2 avec un envahissement ganglionnaire ou supracentimétriques – dans les cancers infracentimétriques à risque de rechute.

Prostate

Deux études laissent entrevoir l’intérêt à confirmer d’une prise préventive d’un inhibiteur de la 5-alpharéductase (finastéride ou dutastéride) chez les sujets à risque de cancer de la prostate (antécédent familial). L’abiratérone, inhibiteur de la C17-alphahydroxylase et du C(17,20)-lyase impliquées dans la synthèse des androgènes, est actuellement étudiée chez les patients présentant un cancer de la prostate résistant à la castration : elle entraîne une réduction du PSA de 50 % en trois mois chez un à deux tiers des patients selon qu’ils sont prétraités ou naïfs de traitement

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Rein

L’utilisation séquentielle des thérapies ciblées intervenant sur le VEGF comme le bevacizumab, le sorafénib, le sunitinib, le pazopanib (AMM à venir), le temsirolimus ou l’évérolimus allonge de façon significative la durée de vie des patients souffrant d’un cancer du rein à cellules claires au stade métastatique. Elles sont en cours d’évaluation dans les stades localisés.

Et les médecines parallèles ?

L’homéopathie, les acides gras oméga-3, les probiotiques, les régimes alimentaires « alternatifs », la vitamine C, le thé vert et la pratique d’un sport sont les principales médecines complémentaires utilisées par les patients suivis en oncologie. 46 % des 844 sujets interrogés dans l’étude « Mac-Aerio » réalisée début 2010 n’en parlent pas à leur médecin. Plus de 8 patients sur 10 se renseignent via Internet. La moitié pense que leur cancer est dû à leur mode de vie. Et les adeptes des médecines complémentaires ont plus souvent des idées fausses sur les facteurs de risque que les patients qui n’y recourent pas.