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La capote en haillons

Publié le 3 juillet 2010
Par Evelyne Dreyfus
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Le segment king size du marché de la contraception revient, année après année, aux préservatifs, tant la pilule et la crainte du sida ont formaté l’art de se protéger. Spermicides et dispositifs intra-utérins en sont devenus anecdotiques et accusent encore un net recul en 2009.

En 2009, le marché global de la contraception (pharmacie et parapharmacie) s’est monté à 32,5 millions d’unités, marquant une légère croissance de 1 % pour un chiffre d’affaires de 21,69 millions d’euros, soit une baisse de 3,8 % versus 2008.

Les ventes en para sont ridicules en regard de l’officine : 751 000 unités (- 0,6 % versus 2008) et 518 000 euros de CA (- 2,9 %). La différence sensible entre le poids en valeur et en volume s’explique en grande partie par la reconduction de l’opération « Sortez couverts » relancée par Polidis et le groupement PHR, mettant le préservatif à 2 euros la boîte de 12. Opération poursuivie avec une « opération vrac » à 20 centimes. Un effet manifeste que souligne Patrick Pisa, directeur général de Polidis, puisque le marché a fait un bond de 6,5 % entre début juillet et fin octobre, date de fin de l’opération. « Lorsqu’on donne accès au plus grand nombre et sans forcément associer le préservatif au sida, cela profite à l’ensemble du marché », constate Patrick Pisa, dont la société avait organisé, avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la mise en place (qui devrait être achevée d’ici fin 2010) de distributeurs de préservatifs dans toutes les cités universitaires, boostant – momentanément – le marché. Chez Polidis, on estime que 50 % de l’évolution du marché en volume est due aux trois nouvelles références lancées dans l’année et que l’autre moitié a profité a toutes les autres marques. La marque restant positionnée sur les préservatifs à épaisseur renforcée avec Ultra + et sur les préservatifs de grande taille.

La grande surface ne fait plus peur

Aussi bizarre que cela puisse paraître, les grandes surfaces, d’une certaine manière, renforcent la puissance de la pharmacie. Leurs linéaires de plus en plus importants décuplent l’offre, la banalisent et surtout déculpabilisent l’achat. Les préservatifs manquent encore de visibilité en pharmacies où ils ne sont pas en accès direct dans une sur trois, selon l’étude Eurostaf de l’an dernier.

Jean-Marc Bloch, directeur marketing et communication de Manix, traduit le maintien de la pharmacie en volume – si ce n’est en valeur – comme un signe de maturité des officinaux : « Il fut un temps où ils avaient du mal à jouer le jeu… ». D’autre part, remarque Jean-Marc Bloch, « les prix, en pharmacie, ont tendance à toujours baisser alors qu’en grande surface ils ont au contraire toujours tendance à monter, si bien que nous ne sommes pas loin d’être au même niveau, et cela joue forcément en faveur de la pharmacie ». Il s’interroge sur la validité des offres à bas coût qui, selon lui, « prend les pharmacies en otage une fois par an », et redoute l’effet nuisible pour le marché d’un surstockage. Il préfère miser sur la créativité, comme celle de Manix Skin sans latex, à l’effet « peau nue ». Lancée en septembre dernier, cette nouveauté pèse déjà, à ses dires, 3 % du marché en pharmacie. Très confiant en ce produit qui bat des records aussi à l’étranger, Manix va l’entourer de nombreuses attentions, comme l’opération « satisfait ou remboursé » qui durera 4 mois. Jean-Marc Bloch estime, lui aussi, que les six premiers mois de lancement de Manix Skin ont assuré plus de la moitié de la progression du marché en pharmacie.

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Deux marques sont leaders en pharmacie, bien que présentes dans seulement 40 % d’entre elles. En cumul annuel mobile à fin février 2010, Manix affiche 35 % de parts de marché en volume et 38 % en valeur, Durex 39 % et 44 % en valeur, Protex 10 % et le même score en valeur, Reflex 9 % et 4 % en valeur et les toutes les autres marques réunies entre 6 et 7 % du marché en volume et 4 % en valeur.

Spermicides et DIU en berne

Le plus que modeste marché officinal des spermicides a représenté, en 2009, 147 000 unités (en recul de 21,5 % en un an) pour un chiffre d’affaires de 1,62 million d’euros (en recul de 12 %). Encore plus discret, celui des dispositifs intra-utérins a chuté de 13 points pour un volume de 36 000 unités et un chiffre d’affaires, en recul de 5,6 points à 1,1 million d’euros. Dans ce segment qui a peu de chances d’assister à un redressement soudain, le trio de tête reste exactement le même qu’en 2008.

– 3,9 %

En 2009, les ventes officinales de produits de contraception* ont représenté un chiffre d’affaires de 21,2 millions d’euros (– 3,9 % par rapport à 2008), correspondant à 31,8 millions d’unités vendues (+ 1,1 %).

(SOURCE IMS HEALTH.)

* Comprenant les préservatifs (hors gros conditionnements, soit plus de 100), les spermicides et DIU.

LES MEILLEURES VENTES

Préservatifs

1 Durex Jeans Easy On (12)

2 Manix Super, distributeur (4)

3 Durex Feeling Extra Easy On (12)

Spermicides

1 Pharmatex unidoses (6)

2 Pharmatex ovules 18,9 mg (10)

3 Pharmatex ovules (20)

DIU

1 Gynelle 375

2 Multiload 375

3 Multiload 375 SL