- Accueil ›
- Profession ›
- Interpro ›
- Patrick Rambourg, docteur en pharmacie, chef du pôle hospitalo-universitaire Pharmacie du CHRU de Montpellier et conseiller de la section H de l’Ordre national des pharmaciens
Patrick Rambourg, docteur en pharmacie, chef du pôle hospitalo-universitaire Pharmacie du CHRU de Montpellier et conseiller de la section H de l’Ordre national des pharmaciens
« Le Moniteur » : Le plan hôpital 2007, la T2A, les groupes homogènes de séjours (GHS) et maintenant l’obligation de retour à l’équilibre pour 2012 : autant de mesures qui touchent l’hôpital et, avec lui, la pharmacie hospitalière. Comment cela se traduit dans votre pratique professionnelle ?
Patrick Rambourg : Le CHRU de Montpellier a décidé, dès 2006, de jouer le jeu de la nouvelle gouvernance hospitalière afin notamment de responsabiliser les différents professionnels de santé dans le plan de retour à l’équilibre budgétaire (PREB) imposé au CHRU. Les responsables de pôle ont donc eu une délégation importante dans le cadre de contrats signés avec le directeur général. Ces contrats pluriannuels sont complétés par des avenants financiers très concrets, comparables à des « mini-EPRD » (état des prévisions de recettes et de dépenses), cela afin de revenir progressivement à un équilibre financier entre 2007 et 2012. En ce qui concerne le pôle Pharmacie, dont le budget de fonctionnement est de 7,33 millions d’euros en 2010, nous devons contribuer au PREB à hauteur de 20 000 à 40 000 € par an. Nous sommes donc contraints d’agir sur notre tableau des effectifs non médicaux (200 personnes environ) sur lequel j’ai délégation, et de « rendre » des postes tout en optimisant la productivité de nos équipes. En parallèle, j’ai quand même pu faire valoir la progression de nos activités et obtenir la création de postes.
Ces mesures ont-elles été étendues au budget des produits de santé ?
C’est effectivement un deuxième aspect et sans doute le plus important au niveau financier puisque les gains prévisionnels liés à la politique d’achat de la pharmacie sont estimés en 2010 à environ 700 000 € d’économie possible sur les achats de médicaments et dispositifs médicaux stériles implantables ou non, inclus dans les GHS. Ces pistes d’économie identifiées impactent les dépenses déléguées aux pôles d’activité cliniques.
Parallèlement à ces mesures « maison », vous subissez comme l’ensemble des autres établissements la décélération de l’ONDAM et êtes, par conséquent, touchés deux fois. Il s’agit donc tout autant de rendre le système plus efficace que de maîtriser les coûts ?
Je peux répondre à votre question par un mot-clé qui dicte notre action : la performance. Au sein de notre pôle, nous essayons d’optimiser nos organisations et nos processus afin d’être plus efficients en renforçant la sécurité des soins. C’est un beau challenge…
Quelles en sont les conséquences sur la dispensation ? La rétrocession constitue-t-elle un facteur favorable pour vos finances ?
Nous analysons 100 % des prescriptions qui nous parviennent, soit près de 8 300 par mois, et nous délivrons nominativement 1 100 à 1 200 spécialités pharmaceutiques sur les 2 000 référencées au CHRU (42 000 lignes de délivrance nominative par mois). Nous sommes très vigilants sur le bon usage même si nous savons que nous avons collectivement, équipes médicales et pharmaceutiques, encore beaucoup de chemin à faire. La rétrocession, quant à elle, ne représente plus véritablement un « atout » financier pour les établissements, les marges de rétrocession – qui au demeurant diminuent – équivalent maintenant pour le CHRU de Montpellier à moins de 500 000 €, auxquels nous devons soustraire les coûts de structure, soit 200 000 €. Cette activité, qui nécessite un investissement matériel et intellectuel important, n’apparaît donc dans les recettes du CHRU qu’à hauteur de 300 000 €. Aujourd’hui, je pense que nous devons considérer cette activité de rétrocession comme une mission de service public.
Cette pratique, vous souhaitez néanmoins la prolonger ou pas ?
Pour ne rien vous cacher, au moment où l’Assurance maladie nous réclamait des indus en utilisant des règles de péréquation à partir d’enquêtes faites sur un certain nombre de dossiers, nous nous sommes demandés si nous devions poursuivre cette activité de rétrocession. Mais il paraît difficile d’envisager que les CHU et les CH n’exercent pas cette mission, alors que rares sont les établissements de santé privés qui le font… Par ailleurs, cela permet aussi aux pharmaciens hospitaliers d’être en relation plus concrète avec les officinaux et d’exercer leur mission d’éducation thérapeutique pour les patients.
Avez-vous le sentiment, au sein de l’hôpital tel qu’il fonctionne aujourd’hui, d’exercer votre métier de pharmacien ?
Plus que jamais. En tant que chef de pôle, je joue pleinement mon rôle de pharmacien, car la politique que nous menons, notamment avec la Commission du médicament et des dispositifs médicaux stériles, est une clé importante dans la T2A et la facturation. Les équipes du pôle sont très attentives au bon usage des produits de santé, à la traçabilité de leur utilisation et donc à leur facturation exhaustive pour ceux qui sont remboursés en sus des GHS. Nous travaillons encore plus qu’auparavant avec les pôles d’activité clinique. Tous les praticiens sont maintenant sensibilisés au contrat de bon usage, et le pôle Pharmacie participe à des actions au niveau des pôles cliniques afin d’utiliser au mieux les produits. Les stratégies thérapeutiques sont évaluées avant et pendant leurs mises en œuvre. Bref, les pharmaciens sont intégrés plus que jamais aux activités proches du patient sans oublier l’approche médico-économique.
- Enquête de l’Anepf : la vie des étudiants en pharmacie, pas si rose
- Économie officinale : faut-il ressortir les gilets jaunes et les peindre en vert ?
- Prescription des analogues du GLP-1 : les médecins appellent au boycott du dispositif imposé
- Bon usage du médicament : doit-on oublier la dispensation adaptée ?
- Grille des salaires pour les pharmacies d’officine
- Ménopause : qu’attendre des traitements laser contre la sécheresse vaginale ?
- Nature Care, gamme naturelle pour le soin des plaies
- Pharmaciens et IA : l’ère du professionnel augmenté
- Maladie de Charcot : le Parlement vote une amélioration de la prise en charge
- Médicament contre la douleur : une alternative aux opioïdes