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Interprétation risquée autour du benfluorex

Publié le 23 octobre 2010
Par Véronique Pungier
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Le Figaro du 14 octobre annonçait que le benfluorex (Médiator et génériques), du laboratoire Servier, avait causé 500 à 1 000 décès, donnée soi-disant extraite d’une étude de la CNAM publiée le même jour. Or le propos mérite d’être sérieusement nuancé : la dite étude conclut simplement que « l’utilisation du benfluorex chez les patients diabétiques est significativement associée dans les deux années suivantes à des hospitalisations pour une cardiopathie valvulaire ». Et confirme avec des chiffres ce que l’on savait finalement déjà. Cette étude menée, en 2009, a inclus plus d’un million de diabétiques âgés de 40 à 69 ans remboursés en 2006 pour un traitement par un antidiabétique oral et/ou de l’insuline. Parmi eux, 4,1 % avaient pris du benfluorex. Elle montre aussi que le risque d’hospitalisation pour valvulopathie cardiaque est d’autant plus faible que la dose cumulative de benfluorex est petite.

Une simple hypothèse extraite d’une thèse

Quant aux 500 à 1 000 décès imputés au benfluorex, il s’agit d’une hypothèse émise dans une thèse de doctorat de pharmacie soutenue en juin à Rennes. D’après Fabienne Bartoli, adjointe du directeur de l’Afssaps, « c’est une première extrapolation assez simple, qui n’est pas fine, ce que dit d’ailleurs explicitement l’auteur de la thèse ». Afin d’émettre des recommandations complémentaires pour le suivi et la surveillance des patients les plus à risque, traités par le passé par le benfluorex, l’Agence a demandé à la CNAM un complément d’information. Elle devrait disposer d’ici un mois d’une première estimation du nombre de décès éventuellement liés à la prise du médicament.

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