Le préservatif féminin peine à se faire une place
Souffrant d’une mauvaise image, considéré comme coûteux et difficile à poser, le préservatif féminin est largement sous-utilisé.
Une rareté. Marc Pointel, fondateur du site www.leroidelacapote.com, qui commercialise des préservatifs féminins, s’est amusé un jour à appeler des pharmacies parisiennes : « Sur une trentaine, seules trois en vendaient ! », déplore-t-il. Quand bien même on en trouverait partout, le produit est-il facile à vendre ? « J’en ai quelques-uns en stock, mais on ne m’en demande presque jamais », répond Jacques Simonin, pharmacien à Besançon.
Oui, le préservatif féminin, ou Femidom, n’a pas bonne presse. En 2004, seuls 3 % des Français en avaient déjà utilisé. Pourtant, le produit est aussi fiable que son homologue masculin (97 % d’efficacité). Après des produits en latex, la nouvelle génération est en nitrile, un matériau plus agréable et résistant. Avec Femidom, les femmes peuvent mieux gérer leur sexualité, ne pas dépendre des hommes et contourner certains refus, plaide l’association Frisse, qui se bat pour la réduction des risques sexuels des femmes. Mais la pose est plus complexe que celle d’un préservatif masculin. « Les femmes devraient en avoir cinq ou six sous la main, pour pouvoir les essayer et s’y habituer, estime Danièle Authier, coordinatrice de Frisse. Il faut valoriser le préservatif féminin à travers une mise à disposition à bas prix et des campagnes de communication, pour en faire un produit anodin et attractif. »
Car le prix est supérieur à celui du préservatif masculin : la boîte de trois est vendue autour de 8 euros. L’INPES distribue des préservatifs féminins aux centres de planification, où ils sont donc disponibles gratuitement. Et pourquoi ne pas prendre exemple sur l’Agence régionale de santé Guyane, qui en vend à la population au tarif de un euro pièce ? Mais ces initiatives restent isolées. « Ce n’est pas une priorité de santé publique », regrette Danièle Authier. Autre frein à l’usage : un packaging peu attrayant, sous la forme d’un blister blanc de type médical. Et pour cause : en France, le brevet est détenu par la Female Health Company, une société américaine. Casser ce monopole et introduire une concurrence pourrait-il être bénéfique ? Cela ne semble pas encore à l’ordre du jour.
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