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Pourquoi les virus grippaux pandémiques peuvent-ils tuer des personnes jeunes et bien portantes ?

Publié le 18 décembre 2010
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On sait bien que la grippe saisonnière est dangereuse pour les personnes fragilisées par leur âge ou par une maladie chronique. En revanche, quand apparaît un virus grippal très différent des précédents, les formes graves touchent plutôt les sujets jeunes sans maladie chronique.

A quoi est dû ce paradoxe ?

Une partie de l’explication est peut être d’ordre immunologique. En étudiant tous les aspects du système immunitaire de 75 adultes victimes d’une forme grave de grippe pandémique 2009 en Argentine, des chercheurs nord-américains ont constaté que les anticorps retrouvés chez ces malades étaient présents en grande quantité, mais que leur capacité à adhérer aux virus grippaux était faible. Cette faible avidité pour le virus a empêché ces anticorps de bloquer la multiplication virale et perturbé l’action du complément, la protéine C4d. En effet, au lieu de se fixer sur les anticorps pour détruire les virus, cette protéine a eu un effet délétère : elle a détruit les cellules du poumon.

Ces travaux vont dans le sens de l’hypothèse formulée il y a 50 ans, après la pandémie de grippe asiatique, quand il a été découvert que les poumons de certains patients décédés en 1957 de la souche A (H2N2) pandémique contenaient de grandes quantités de protéine C4d.

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Dr Jean-Marie Cohen, coordinateur national des groupes régionaux d’observation de la grippe (Grog) et consultant Open Rome