Est-il possible de substituer un lait hypoallergénique par un autre lait ?

Non, en aucun cas. Tous les laits HA hypoallergéniques ne sont pas équivalents. Un lait HA est indiqué pour diminuer la sensibilité initiale vis-à-vis des protéines de lait de vache chez un nourrisson présentant un risque allergique (c’est-à-dire dont l’un des parents au moins ou un membre de la fratrie présente déjà une allergie). Un lait HA répond à une réglementation bien précise : ses protéines ont été partiellement hydrolysées et il a fait la preuve de son efficacité en termes de prévention des manifestations allergiques par des études cliniques bien conduites.

L’intérêt des laits HA a en particulier été démontré dans la prévention de la dermatite atopique (méta-analyse Cochrane et étude GINI). Chez les nourrissons à risque atopique, si l’allaitement maternel n’est pas souhaitable (ou n’est pas possible), un lait HA est indiqué dès la naissance et doit être poursuivi jusqu’à au moins 4 mois. Or, seuls trois de ces laits ont fait la preuve de leur efficacité (études randomisées en double aveugle) : Nidal HA, Guigoz HA et Enfamil HA. Pour autant, leurs formulations ne sont pas identiques et les substituer entre eux n’est pas recommandé.

Pire, les remplacer par une autre marque de lait HA qui n’a pas fait l’objet d’étude expose peut-être le nourrisson à un risque d’apparition d’une allergie. Cette notion est valable également pour les hydrolysats poussés de protéines qui sont indiqués en cas d’allergie avérée.

De façon générale, la règle à retenir, quel que soit le type de lait (HA, AR…), est que lorsqu’un enfant est habitué et bien équilibré sous une marque de lait, il ne faut pas en changer, au risque d’exposer l’enfant à la survenue (ou à la réapparition) de troubles.

D^r Jean-Pierre Chouraqui, service de gastro-entérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques au CHU de Grenoble