Les titulaires de l’Aveyron, l’un des départements les plus ruraux de France, liés par convention avec La Poste ne décolèrent pas depuis que celle-ci a modifié, à compter du 1er janvier, sa tarification pour le portage des médicaments. Le forfait annuel de 480 € pour 500 colis a été abandonné pour une facture qui passe désormais à 4,20 € par paquet. Sur 122 titulaires aveyronnais, 23 avaient signé la convention précédente. Au total, 15 000 colis de médicaments étaient livrés par les facteurs, soit une moyenne hebdomadaire de douze paquets par officine. « Avec la formule précédente appliquée depuis des années, cela me revenait à moins d’un euro par envoi et, même lorsque je dépassais 500 colis, je n’ai jamais atteint un tel prix !, déplore Philippe Caussignac, titulaire à Salles-Curan et président du syndicat des pharmaciens aveyronnais. »
Des centres de tri trop éloignés
Au tarif, s’ajoute le problème des centres de tri. Dans l’ancienne convention, les pharmaciens livraient leurs paquets à la poste ou les donnaient au facteur. Désormais, ils doivent les déposer dans les centres de tri. « Avant, chaque bureau de Poste était un centre de tri, maintenant je dois me rendre à 15 kilomètres, et bientôt 25. Autant les amener directement aux patients… », tempête Philippe Caussignac. Le pharmacien a sollicité le conseil général pour une contribution pécuniaire à l’acheminement des paquets. Ce dernier a conditionné son intervention à un effort de la part de La Poste sur sa tarification. En vain. Philippe Caussignac a donc signé la convention, mais s’en sert le plus rarement possible. Et adopté le système D, comme d’autres confrères. « Nous avons recours au voisin, à l’aide médicale, au ramassage scolaire, au facteur, au médecin voire au boulanger ou au boucher qui se déplacent dans le canton. Mais rien d’officiel », relatent Jean-Pierre Cauquil et Marie-Hélène Fanjaud, cotitulaires à Camarès, également signataires de la convention. Les deux pharmaciens envoient chaque année entre 2 000 et 3 000 colis. Soit une facture de 1 800 euros. « Avec la nouvelle convention, cela nous coûterait plus de 10 000 euros par an. Ce n’est pas supportable. »
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