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Moins de pharmaciens, tout un symbole
C’est une première, qui met l’Ordre des pharmaciens en alerte. Les chiffres démographiques montrent que le nombre de pharmaciens ne progresse plus en 2010. Dans le même temps, l’officine n’attire plus les jeunes. Et les diplômés sont de plus en plus nombreux à quitter le secteur pharmaceutique.
C’est un symbole, qui fait craindre le pire. Pour la première fois, l’effectif pharmaceutique ne progresse plus. C’est ce que révèlent les chiffres de la démographie professionnelle pour 2010, présentés mardi dernier par l’Ordre national des pharmaciens. L’instance recense 73 259 pharmaciens, soit 73 de moins qu’en 2009 (- 0,1 %). Parmi eux, on compte 27 853 titulaires (- 0,77 %) et 26 652 adjoints (- 0,2 %, mais – 1,5 % exerçant en officine). Ce recul n’est pas considérable, mais il inquiète Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens, d’autant que d’autres éléments plutôt négatifs se confirment.
La population pharmaceutique continue de vieillir. L’âge moyen des titulaires dépasse 49 ans (46,2 ans pour l’ensemble des pharmaciens inscrits à l’Ordre). Près de 31 % d’entre eux ont même plus de 55 ans (contre 16,8 % des adjoints).
La profession vieillit et n’attire plus
Cette tendance ne pourra pas s’inverser avant le cap des années 2020. Les titulaires âgés de 48 à 57 ans, actuellement les plus nombreux, partiront alors à la retraite. Mais le doute subsiste sur les capacités des nouvelles générations à les remplacer. « La profession ne peut pas refuser l’évidence, elle n’attire plus et ne sait pas accueillir ses jeunes, reconnaît Isabelle Adenot. Or une profession sans jeunes est une profession sans avenir. Nous devons changer nos paradigmes de pensée. » Pour la présidente de l’Ordre, il faut faciliter la transmission des parts sociales entre pharmaciens. « Nous avons aujourd’hui de nouveaux modes d’exercice en société. Mais nous fermons la porte aux jeunes adjoints », déplore-t-elle, en appelant à reprendre au plus vite le texte créant des sociétés holdings en pharmacie. Pour inciter les étudiants à devenir pharmaciens, l’Ordre veut désormais mettre l’accent sur des actions auprès des lycéens. Dans le cadre de la nouvelle première année d’études commune, les étudiants se sont détournés de la filière officine, au profit notamment de la filière médecine.
L’ « évaporation » des pharmaciens
Le numerus clausus a été relevé en 2004 (de 2 250 à 2 400 étudiants admis à passer en seconde année d’études), mais les effets ne s’en sont pas fait sentir. Il y a des pertes. Près de 20 % des diplômés ne s’inscrivent pas à l’Ordre en quittant la faculté. Certains tardent à le faire, mais il faut aussi noter que de plus en plus de pharmaciens se tournent vers d’autres secteurs professionnels (environnement, cosmétologie, industrie agro alimentaire). Désormais, le devenir des étudiants en pharmacie sera mieux suivi par l’attribution d’un numéro RPPS avant l’entrée dans la vie active. Les jeunes sont sensibles aux messages diffusés. Tout ce qui peut contribuer à leur offrir un profil de carrière au sein d’une pharmacie devrait les rapprocher un peu plus de la porte des facultés.
Les transferts se multiplient
L’an dernier, la quasi totalité des 235 transferts d’officine (98 %) se sont effectués à l’intérieur de la commune d’implantation. Ces transferts concernent en majorité des communes rurales (moins de 5 000 habitants) dans les régions de l’Ouest et du Nord-Est. Seulement 31 regroupements ont été recensés. « Il y a trop de transferts qui se font au détriment d’un regroupement, déplore Jean-Charles Tellier, président de la section A (titulaires). Les regroupements sont pénalisés par des pesanteurs. Ils ne se font pas toujours là où ils devraient l’être, c’est-à-dire dans les zones excédentaires en officines. »
De plus en plus de titulaires seniors
Près de 31 % des titulaires ont plus de 55 ans. On les trouve surtout dans le Sud-Ouest, en Corse, en Ile de France et dans le centre du pays. A contrario, les jeunes titulaires privilégient la moitié nord de la France, ne boudant pas la campagne et les zones sensibles. « Mais plus de la moitié des adjoints affirment qu’ils sont opposés à une mobilité géographique, souligne Jérôme Parésys-Barbier, président de la section D. Les jeunes adjointes savent mener une carrière, mais le développement professionnel de leur conjoint est souvent prioritaire. »
Une répartition officinale harmonieuse
« Il n’y a pas de désert pharmaceutique en France », se félicite Isabelle Adenot. On compte en moyenne une pharmacie pour 2 800 habitants. La densité est de 43 officines pour 1 000 km2, contre près de 64 pharmacies pour la moyenne européenne. L’impact des fermetures d’officines (116 en 2010 contre 98 en 2009) est faible car elles ont lieu plutôt en zone urbaine, où leur densité reste importante.
L’association se développe encore
En 2010, 51 % des pharmaciens titulaires exercent en association. Le nombre de sociétés d’exercice libéral (SEL) s’élève à 5704, dont 40,8 % ont au moins deux sources de capital (associés exerçants, associés non exerçants ou autres SEL).
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