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LES CHAÎNES DE PHARMACIES DÉROUILLENT

Publié le 17 juin 2011
Par Marie Luginsland
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La Hongrie baisse le rideau. Depuis le 1er janvier, la création de chaînes de pharmacies par des répartiteurs, des laboratoires ou des groupes d’investisseurs est désormais interdite. Les chaînes existantes seront progressivement remises aux mains des pharmaciens indépendants d’ici à 2017. La volonté de Budapest de mettre un frein à la libéralisation du marché de la pharmacie qui agite l’Est est la marque d’une mutation plus générale de la pharmacie en Europe et d’une redistribution des forces. C’est un fait : aujourd’hui, les chaînes font profil bas.

Il s’en est fallu de peu pour que la Roumanie suive sa voisine hongroise dans le grand mouvement de retour vers la régulation du marché. A la dernière minute, le Premier ministre a bloqué le projet de loi de son collègue de la Santé qui visait à interdire l’ouverture du capital et barrer ainsi la route aux groupes pharmaceutiques qui occupent déjà un tiers du marché roumain de la pharmacie. Hongrie, Roumanie, qui l’aurait cru il y a encore deux ans ? Les groupes, répartiteurs en tête, paradaient alors en misant sur une libéralisation du marché. Les pharmaciens européens tremblaient à l’idée d’une déferlante de pharmacies en chaînes. Dans les starting-blocks, Celesio, devant tous ses concurrents, avait posé ses jalons : sur le marché allemand, via son réseau de franchise de pharmacies, Doc Morris ; sur le marché français, sa filiale OCP était prête à servir de tête de pont pour une conquête de l’Hexagone. Et puis, le 19 mai 2009, contre toutes spéculations, la Cour de justice des communautés européennes (CJCE) validait les législations italienne et allemande qui n’autorisent la détention et l’exploitation des pharmacies qu’aux seuls pharmaciens. Les derniers verrous du marché européen de la pharmacie ne sauteraient donc pas. Du coup, ce jugement a coupé les ailes de ceux qui, trop vite, avaient parié sur un libéralisme à tous crins. Celesio a remballé ses projets et s’est reporté sur d’autres pays. Aux Pays-Bas, en fusionnant avec son concurrent Phoenix pour créer en juin 2010 le numéro deux du marché, Brocacef. Et en Italie, où il a racheté le mois suivant quatre pharmacies communales de Milan, rebaptisées Doc Morris. Une avancée timide des chaînes en Europe qui ne convainc qu’à moitié tant la situation semble figée depuis. Et le principe de subsidiarité, respecté. Timidité toujours de la part de la Suède, qui a longuement tergiversé avant de privatiser son réseau de pharmacies étatiques. Depuis un an, craignant de reproduire l’expérience de la Norvège, elle n’a de cesse de se protéger des oligopoles et de laisser la part belle aux pharmaciens indépendants. En Italie, Celesio se passerait bien de la « rivolta » de ses pharmaciens de Milan dénonçant « l’insuffisance des effectifs, des citoyens traités comme des poulets de batteries, des pharmaciens relégués au rang d’employés de supermarchés et des pharmacies qui rappellent plus un fast-food américain qu’une pharmacie milanaise ».

Pénurie de pharmaciens et de préparateurs

Certes, les groupes poursuivent leur percée, notamment dans les pays de l’Est qui représentent encore un formidable terrain de jeu pour les investisseurs : le groupe ukrainien Alba, soutenu par la banque européenne de reconstruction (BERD) veut développer la chaîne Nasha ; le bulgare Sopharma a repris la chaîne biélorusse Interfarm, sans parler de l’Allemand Phoenix qui a successivement conquis les marchés lettons, lituaniens et estoniens. Plus proche de nous, Alliance Boots est arrivé Outre Rhin, via le rachat du répartiteur Anzag en janvier dernier, ne provoquant que quelques frémissements sur le marché de la pharmacie, vite étouffés par Stefano Pessina, président du groupe, qui a juré ses grands dieux dans la presse allemande qu’il « n’était pas un fan des chaînes de pharmacies et qu’une présence sur un marché allemand libéralisé lui coûterait un investissement difficilement rentable ». L’Europe occidentale n’attiserait-elle donc plus les convoitises des chaînes ? Même la Suisse, terre de chaînes depuis 1972, devrait connaître une saturation. « Les chaînes vont arriver à une certaine limite en Suisse d’ici 2013-2015, et je pense que 40 % du marché sera concentré aux mains des chaînes contre 25 % aujourd’hui environ », prédit Dominik Hotz, directeur de la division de conseil stratégique chez PWC à Berne. Le jugement de la CJCE n’est pas la seule cause de ce ralentissement. Sur le terrain, les chaînes doivent affronter des difficultés improbables comme le manque de main d’œuvre. Cette pénurie en pharmaciens et en préparateurs sévit particulièrement en Norvège, où les chaînes doivent recruter dans les autres pays scandinaves. C’est également le cas de la Suisse.

Les chaînes redoublent d’imagination

Autre contrainte, la crise qui a hypothéqué la multiplication des points de vente. De même que Celesio ne pourra atteindre les 500 franchises Doc Morris qu’il s’était promis sur le sol allemand pour la fin de l’année, les pays qui autorisent la multipropriété d’officines notent une stagnation. « La création de filiales à laquelle sont autorisés nos titulaires indépendants – à concurrence de trois – tend à se ralentir. Le taux de croissance de 21 % observé entre 2007 et 2008 n’atteint plus que 7 % entre 2009 et 2010 », constate Christian Splett, chargé des questions économiques auprès de l’Abda, la fédération des pharmaciens allemands. Le modèle économique des chaînes, particulièrement basé sur des économies d’échelle permettant des prix bas, est mis à mal par les politiques de santé en vigueur dans les pays européens. Aux Pays-Bas, des pressions sur les prix pharmaceutiques rendent les conditions d’exercice difficiles. Les produits OTC, qui constituent le fonds de commerce de chaînes comme Sun Store en Suisse ou Doc Morris dans divers pays européens, ont eux-mêmes subi la crise et la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Davantage encore, les nouvelles orientations des politiques de santé, qui privilégient aujourd’hui les prestations du pharmacien au détriment de la vente de produits, remettent en cause les orientations des chaînes. Celles-ci redoublent d’imagination et cherchent à se positionner elles aussi sur ces créneaux d’éducation thérapeutique et d’accompagnement du patient. A la pointe de ce mouvement, les pharmacies suisses Amavita qui, jouant le profil du pharmacien traditionnel, s’alignent sur les prestations recommandées aux pharmaciens par la société faîtière de pharmacie suisse, pharmaSuisse.

Du trouble de l’érection à la lutte contre la calvitie

En Grande-Bretagne, il est possible de consulter dans les chaînes de pharmacies – avec la bénédiction du NHS (National Health Service), le système de santé public national. Une planche de salut pour Boots. La chaîne favorite des Britanniques offre ainsi depuis quatre ans des consultations d’aide au sevrage tabagique, de contraception d’urgence ou encore de conseils contre le cholestérol, pour lesquelles l’intervention d’un pharmacien sera moins coûteuse que l’avis d’un médecin. A titre personnel, les clients peuvent même recourir à leur pharmacien Boots pour des troubles érectiles ou une vaccination contre le cancer du col de l’utérus. Dans un établissement Boots londonien, les consultations pour la calvitie rapportent à elles seules 120 000 euros par an. Ces diversifications sont rendues possibles par les moyens générés grâce aux économies d’échelle que les chaînes réalisent. Des chaînes qui viennent chasser sur les terres des pharmaciens indépendants. Ceux-ci ont pourtant comme allié – un phénomène que connaît actuellement la GMS – le retour des consommateurs vers les petites unités. Hormis dans les pays comme la Grande-Bretagne, où elles sont historiquement ancrées dans le paysage, ce besoin de proximité jouera sans aucun doute contre les chaînes, où le turn over est important. Deux après l’arrêt de la CJCE, les pharmaciens indépendants jouent aujourd’hui leur deuxième manche contre les grandes officines européennes. « Raison de plus pour leur donner dès aujourd’hui le moyen de subsister », plaide Gilles Bonnefond, président de l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine). Car, selon lui, « la France a adopté une position claire par rapport à l’ouverture du capital, mais elle reste trop attentiste actuellement pour réglementer SEL et holding. Au risque de donner des billes à ceux qui veulent une ouverture du capital », ajoute-t-il. Protéger les pharmaciens de l’assaut des chaînes en renforçant leurs compétences, c’est l’option prise depuis des années par pharmaSuisse, qui lutte pour que de nouvelles fonctions soient confiées aux pharmaciens et leur soient rémunérées. C’est également la volonté de Heinz-Günther Wolf, président du GPEU (Groupement pharmaceutique de l’Union européenne) : « Nous devons affermir le rôle du pharmacien indépendant dans les systèmes de santé de l’Europe. Je soutiens l’idée de développer, en prenant en compte les caractéristiques nationales, des outils comparatifs de très grande qualité pour les services pharmaceutiques. » Un procédé pour éviter qu’un jour le dernier album de Lady Gaga soit en vente en officine comme ce fut le cas récemment dans les chaînes de pharmacies américaines Walgreens et CVS.

Au Royaume-Uni, les chaînes innovent pour résister à la crise

La créativité pour se développer : tel est le modèle en vigueur dans les chaînes Outre-Manche.

Alliance Boots, qui dispose de 2 472 officines à l’enseigne Boots au Royaume-Uni, a résisté au ralentissement économique et à la réduction des dépenses de santé en pariant sur un modèle équilibré : si la croissance reste largement tirée par ses activités de grossiste, dont les recettes ont progressé de 23,6 %, l’activité des officines, regroupée sous la division Health & Beauty (« beauté et santé ») a enregistré une hausse des recettes sur un an de 1,2 %. Cette bonne tenue face à la crise est à mettre au compte d’innovations, aussi bien dans les services que dans les produits : services de vaccination dans les officines, check-up, espaces de consultation, possibilité de récupérer les articles commandés sur le site Boots.com dans plus de 2 500 officines… La politique de partenariats de l’enseigne a également servi de relais de croissance : Alliance Boots, tombé dans l’escarcelle du fonds d’investissement américain KKR il y a quatre ans, dispose d’un accord de partenariat avec la chaîne de supermarchés de proximité haut de gamme Waitrose. Les produits de beauté et de soins à la marque Boots sont vendus dans treize de ses magasins.

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Le succès des programmes de fidélité

En retour, Boots vend des plats préparés pour le déjeuner à la marque combinée Boots et Waitrose dans douze de ses officines. L’introduction de nouvelles marques de distributeurs ainsi que leur internationalisation ont également permis au groupe de se protéger du ralentissement économique : récemment, le leader britannique a lancé Boots Pharmaceuticals, une gamme de produits OTC incluant des vitamines et des produits de premiers soins, mais aussi des médecines alternatives. Surtout, la réussite de Boots s’explique par le succès de son programme de fidélité : Boots Advantage Card regroupe désormais quelque 16,8 millions d’adhérents. Le principe a d’ailleurs fait des émules auprès des chaînes concurrentes : Superdrug, dans le giron du groupe américain A.S Watson Group et recouvrant environ 900 officines au Royaume-Uni et en Irlande, a lancé un programme de fidélité sur ses articles de beauté (Beautycard) le 11 mai dernier : après seulement quinze jours, le nombre d’adhérents avait déjà dépassé le million.

John Chave, secrétaire général du Groupement pharmaceutique européen (GPEU), chargé de représenter les pharmaciens d’officine auprès de l’Union européenne

« Je serais surpris de voir des changements significatifs en France dans les années à venir »

LE MONITEUR DES PHARMACIES : Peut-on dire que, depuis mai 2009, la pression des chaînes sur le marché européen de la pharmacie s’est relâchée ?

John Chave : La situation s’est stabilisée depuis la décision de la Cour, et nous avons vu que quelques pays comme la Hongrie tentent de rétablir le modèle de la pharmacie en nom propre. Bien sûr, la décision de la Cour n’empêche pas les pays de libéraliser leur système s’ils le souhaitent, comme la Suède. Il serait prématuré de suggérer que le danger de la libéralisation est écarté.

Peut-on parler de trois approches différentes des chaînes en Europe, entre les pays d’Europe de l’Est, ceux du sud de l’Europe (France, Italie) et le modèle anglo-saxon ?

Non. Il serait erroné de diviser l’Europe de cette manière. Par exemple au regard de ce qui se passe dans les pays du Sud, avec la libéralisation de la propriété au Portugal ou encore la levée du monopole sur l’OTC en Italie. De même, il n’y a pas davantage de modèle nordique depuis que dans ces pays , il y a deux systèmes complètement libéralisés et deux autres profondément régulés. Nous entendons parler de comportements très agressifs de la part de certaines chaînes dans l’Est de l’Europe et de pratiques professionnelles de très bas niveau, pendant qu’en Grande-Bretagne par exemple les grandes chaînes tendent à favoriser le développement de pratiques de services.

Quelle est la position du GPEU face aux pharmaciens indépendants ?

Plus de 80 % des pharmacies en Europe sont détenues par des pharmaciens. Le GPEU a toujours soutenu fortement la pharmacie indépendante. Il est absolument essentiel pour l’avenir de la profession qu’il y ait un secteur indépendant fort et durable en Europe. Je pense que la pharmacie indépendante est à renforcer et nous avons besoin de continuer à nous assurer que les décideurs politiques comprennent notre valeur ajoutée. La qualité et l’innovation ont besoin d’être à l’avant-garde de notre agenda.

Que pourrait-il arriver qui puisse mettre en danger l’équilibre du marché de la pharmacie en Europe ?

Nous savons que pratiquement partout en Europe les pharmacies sont sous pression économique. Hormis l’impact immédiat de la crise économique, il y a une tendance à long terme à contrôler les coûts dans le secteur. Certains arguent du fait que les systèmes libéralisés sont plus à même de les réduire. Le problème que nous rencontrons est que l’économie de la pharmacie tend à favoriser les chaînes au détriment des indépendants en raison des plus grandes économies d’échelle qu’elles génèrent. Je pense que les pharmacies indépendantes auront besoin à l’avenir de regarder en direction des chaînes virtuelles ou des modèles de coopératives afin de pouvoir générer de l’efficacité tout en maintenant le caractère professionnel d’une pharmacie indépendante. Cela est bien sûr déjà le cas dans certains pays.

Certains répartiteurs comme Celesio continuent de suivre les discussions sur la libéralisation du marché européen et font pression. La commission examine-t-elle à nouveau les restrictions en Italie, en Espagne, en Autriche ou en France ?

Il y a encore des procès en suspens au regard de certaines restrictions dans la branche (le Portugal est un exemple). Nous avons demandé plusieurs fois à la commission de clore ces cas mais elle refuse de le faire. Je pense que le jugement de la Cour était assez clair pour que le champ d’action de la commission s’en trouve très restreint.

Quelles sont les perspectives pour la pharmacie européenne dans les dix prochaines années ?

Selon un point de vue pessimiste, on pourrait envisager que les contraintes économiques conduisent les gouvernements à réfléchir à la libéralisation. On spécule souvent sur la possibilité de la Finlande et du Danemark de suivre l’exemple suédois, et je pense même que dans des pays comme l’Italie il y a une volonté grandissante au sein des partis de l’opposition d’envisager des changements. D’un point de vue plus optimiste, on peut penser qu’on réalisera que la libéralisation n’est pas une garantie pour économiser les coûts et que c’est dans l’amélioration de la pratique professionnelle que l’on peut offrir le plus d’efficacité aux systèmes de santé à une époque où notre recours aux médicaments croît. Je serais surpris de voir des changements significatifs en Espagne, en Allemagne et en France dans les années à venir.

INTERVIEW
, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA REVUE DU SYNDICAT FARMACEVTFÖRBUND, L’ASSOCIATION PHARMACEUTIQUE SUÉDOISE.

« D’autres changements vont intervenir dans un proche avenir »

LE MONITEUR DES PHARMACIES : Qu’en est-il du marché de la pharmacie en Suède un an après sa libéralisation ?

NILS BERGEÅ NYGREN : 300 pharmacies quasiment ont été implantées depuis la dérégulation. Les problèmes émergents comme les stocks plus réduits ou encore le manque de communication entre les chaînes sur la situation des stocks font l’objet de discussions. Ces points sont perçus comme ayant mieux fonctionné pendant la période du monopole d’État, bien que l’accessibilité aux pharmacies soit actuellement meilleure. Il n’y a que dix à vingt pharmacies totalement indépendantes. Le reste appartient à des chaînes nationales ou internationales*.

Quelle est aujourd’hui la situation des pharmaciens suédois ?

Beaucoup disent – ce qui n’est pas surprenant – que les groupes exercent une pression pour augmenter les ventes. Cela va être un défi pour la profession : ventes à tous crins contre éthique professionnelle. Des voix s’élèvent maintenant pour dénoncer des conditions de travail rudes pour les pharmaciens.

Est-il plus difficile pour les pharmaciens de se maintenir sur le marché en raison de la concurrence des chaînes ?

Les pharmacies indépendantes ne font pas le poids face aux fournisseurs. Le système de « pricing » (fixation des prix) ne permet que de faibles marges. Aussi, les analystes doutent de plus en plus qu’elles soient capables de survivre à long terme. Les demi-indépendants (groupements de pharmaciens, Apoteket AB Franchise et Boots/Farmacevtföretagarna) sont intégrés dans des chaînes et ont plus de chances de réussir. Un scénario selon lequel les chaînes acquerraient les indépendants dans quelques années n’est pas improbable.

Quelle évolution envisagez-vous ?

Je m’attends à ce que le nombre des pharmacies continue de progresser mais à partir de 2012 à un rythme plus lent. Je pense que le marché sera encore consolidé. Des changements de propriétés pourraient intervenir cette année ou dans celles à venir.

*Le 1er janvier 2010, après quarante ans de monopole d’État, la Suède libéralisait son marché de la pharmacie. Aujourd’hui les shop in shop des supermarchés Ahlens côtoient un autre autochtone, le groupe Hjärtat, numéro un du marché avec 260 officines et qui a récemment défrayé la chronique pour avoir fait poser nus ses collaborateurs dans une campagne de pub. Autres acteurs de ce nouveau marché suédois, les grands groupes européens : le finnois Tamro, les allemands Celesio avec 58 pharmacies Doc Morris, et Phoenix, qui a importé sa chaîne norvégienne Apotek 1, ainsi que Boots qui après avoir ouvert un système de franchise annonce la création de 100 pharmacies en nom propre d’ici à la fin de l’année.

Celesio ne pourra atteindre les 500 franchises Doc Morris qu’il s’était promis sur le sol allemand pour la fin de l’année.

Sondage directmedica

Sondage réalisé par téléphone, du 7 au 8 juin 2011, sur un échantillon de 100 pharmaciens titulaires représentatifs de la population des pharmacies françaises en fonction de la répartition géographique et du chiffre d’affaires de l’officine.

Pensez-vous qu’au sein de l’Union européenne, chaque Etat membre doit pouvoir fixer ses propres règles en matière de propriété et d’exploitation des officines ?

Pour vous, les chaînes de pharmacies représentent-elles une menace pour l’exercice des pharmaciens indépendants en Europe ?

Selon vous, dans les chaînes, le conseil et le service sont-ils moins bons que dans les pharmacies indépendantes ?

Sondage directmedica

La présence de chaînes sur le marché français renforcerait-elle la concurrence entre les pharmacies (prix, horaires, services, accueil…) ?

Pensez-vous que le consommateur français soit attaché au principe du pharmacien indépendant ?

En cas d’ouverture du capital, seriez-vous prêt à céder votre officine pour un prix supérieur au marché à un investisseur propriétaire d’une chaîne de pharmacie ?

3 QUESTIONS A
PASCAL LOUIS, PRÉSIDENT DU CNGPO (COLLECTIF NATIONAL DES GROUPEMENTS DE PHARMACIENS D’OFFICINE)

« Les groupements, une alternative typiquement française »

LE MONITEUR DES PHARMACIES : Au niveau européen, le terme de « chaîne virtuelle » est très souvent utilisé pour nommer ce que nous appelons en France « groupement ». Cette confusion est-elle selon vous sciemment entretenue ?

Pascal Louis : Effectivement des pays comme les Pays-Bas parlent de chaînes virtuelles. Et non de groupements. Je ne sais comment distinguer ces deux termes. Cela me gênerait si on l’utilisait en France et je pense que cette terminologie ne plairait pas non plus aux pharmaciens français. Il y aurait une ambiguïté dans son utilisation. Mais dans la mesure où elle est usitée dans des pays où il y a une ouverture du capital, cela ne me gêne pas.

N’y a-t-il pas un risque que les groupements soient utilisés comme cheval de Troie par les groupes pharmaceutiques en cas de libéralisation du marché ?

P. L. : Non. Je ne pense pas objectivement que les pharmaciens groupés adhérents soient ciblés en masse par un investisseur. L’articulation pharmacien/groupement n’est pas faite sur cette base-là. Même s’il existe une typologie d’officine par groupement. D’ailleurs, rappelons que l’adhésion est volontaire et non capitalistique. Peu de pharmaciens envisagent d’ailleurs leur adhésion sous le projet de vendre leur officine. Le groupement est une façon d’appréhender le marché autrement que sous son aspect capitalistique.

Sur le marché de la pharmacie, les groupements sont-ils capables d’opposer une résistance à la pression des chaînes ?

P. L. : Les groupements constituent un modèle tout à fait français. Dans la mesure où le capital n’est pas ouvert, les groupements offrent une solution à des officines qui requièrent de plus en plus une organisation économique. Les groupements se sont positionnés comme une alternative à l’ouverture du capital. Et ce modèle ne marche pas si mal. C’est une organisation pertinente qui est observée de l’étranger par les pays qui nous entourent et qui sont réceptifs à ce que nous faisons.