Pas sauvé par le gong
Le printemps précoce en 2011 ne doit pas faire oublier les trop longues éclipses du soleil l’an dernier. En 2010, le marché des produits solaires affiche un recul manifeste. A la morosité météorologique s’est ajoutée une autre ombre au tableau : celle du pouvoir d’achat.
Les écrans solaires pour adultes mènent toujours la danse et représentent, de loin, la plus grosse part de marché des produits solaires en officines, avec 68 % de parts de marché. Ils ont néanmoins perdu 4,9 % en volume et 3,6 % en valeur. Le marché a représenté plus de 7 millions d’unités pour 106 millions d’euros. Les pré-solaires, activateurs de bronzage, occupent la deuxième position, mais chutent en 2010 de près de 16 % en volume comme en valeur. En revanche, les autobronzants ont progressé de façon importante de 22,3 % en volume et de pas moins de 44,6 % en valeur. Il est vrai qu’ils sont utilisés par une population tant féminine que masculine.
Tous les laboratoires s’accordent à dire que les consommateurs veulent des protections efficaces qui ne renient pas totalement le bronzage. La formulation, comme le marketing doivent donc tenir compte de ces exigences particulières. Dans cette perspective, Vichy attend beaucoup de ses premières huiles solaires haute protection pour peaux sensibles, affichant des indices 20 et 40. La marque a revisité ses packagings pour les distinguer des gammes à visée dermatologique pure. En créant, cette année, pour Bio-Beauté, une gamme courte de quatre produits (autobronzant, protection indice 20 et deux après-soleil prolongateurs de bronzage), Nuxe a fait le même constat en 2010 avant de se lancer dans le solaire version bio.
Autre acteur majeur du marché, La Roche-Posay a connu une baisse des ventes. La marque de l’Oréal est « tirée par les indices 50 qui représentent 75 % des ventes des solaires en pharmacie », note Yann Kerhervé, directeur marketing. Il salue également l’évolution des galéniques avec le succès incontestable des sprays, qui capteraient 28 % du marché des protections solaires vendues. Au sein même de la marque, le spray 200 ml pour adultes a même progressé de 35 % fin 2010. Pour élargir sa clientèle, la marque mise sur les formules de plus en plus épurées, efficaces et dépourvues de tout ingrédient potentiellement irritant. Des produits sont reformulés en y intégrant l’Octocrylène et le Mexoplex sans pour autant augmenter les tarifs.
Séduire les médecins
Bioderma conforte lentement sa position de challenger avec des formulations spécifiques pour peaux à problèmes. La marque reste un bon outil pour les dermatologues confrontés à la nécessité d’une bonne protection solaire dans des cas spécifiques. Pour répondre au besoin de sécurité de ses clients, la marque commercialise Photoderm Bronz depuis trois ans. Les nouveautés de l’année 2010 restent dans cet esprit, avec notamment des crèmes teintées à indice 50. En dépit de ces locomotives, Bioderma a subi, comme tous les autres, une baisse de chiffre d’affaires. Seule la récente nouvelle marque, Soleil Biafine, présente dans quelque 4 000 points de vente, a progressé l’an dernier de 13 % et lance cette année une protection pour peaux sensibles et une autre pour les peaux allergiques. La marque tente maintenant de séduire les généralistes, plus nombreux que les dermatologues. Roc, de son côté, qui avait reformulé toute sa gamme l’an dernier, entend renforcer, avec ses solaires, ce qui fait sa spécificité en soins visage : l’anti-âge.
– 6,1 %
Les produits solaires baissent de 6,1 % en valeur avec 106,7 millions d’euros de chiffre d’affaires. En volume, la chute est de 7,4 %, avec 7,3 millions d’unités vendues.
CHIFFRES CLÉS
Crèmes solaires (dans le segment dermocosmétique)
– 6,1 %
Écrans solaires
Publicité– 6,1 %
Compléments alimentaires solaires
– 13,7 %
Le barrage des prix
Il est une autre composante de la chute du marché que les marques n’évoquent que timidement : les prix. Pour les marques dermatologiques notamment, une mutation s’est opérée chez les dermatologues qui les conseillent, certes, mais les inscrivent de moins en moins souvent sur leurs ordonnances. Qu’il s’agisse du public ou des prescripteurs, le prix reste un critère non négligeable. Ainsi, Biafine parle de nécessité de prix raisonnables. La Roche-Posay estime que le pharmacien doit communiquer sur le tarif accessible. Pour Bioderma, il faut « poursuivre la politique de grands formats et rester très accessible ».
LES MEILLEURES VENTES*
ÉCRANS SOLAIRES
1 Avène Solaire très haute protection Spray IP 50+, 200 ml
2 Avène Solaire très haute protection Crème peaux sensibles IP 50+, 50 ml
3 Avène Solaire haute protection spray enfants IP 50+, 200 ml
COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES
1 Doriance Solaire (2 × 30 capsules)
2 Œnobiol Solaire Intensif (2 × 30 cp)
3 Phytobronz peaux claires (2 × 30 gél.)
* En unités