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« L’objectif est d’innover tout en visant plus de sécurité »
A partir du 1er janvier prochain, Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, deviendra présidente du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE) et la première femme élue à cette fonction depuis la création du GPUE en 1959. Le GPUE représente 400 000 pharmaciens d’officine de 31 pays auprès de l’Union européenne.
Vous êtes très appréciée de Heinz-Günter Wolf, l’actuel président du GPUE. Votre mandat s’inscrira-t-il dans la continuité des actions entreprises par ce dernier, comme l’application des directives sur la pharmacovigilance et la contrefaçon ?
ISABELLE ADENOT : Effectivement. D’ailleurs, la continuité est prévue dans les statuts du GPUE car seuls ceux qui ont déjà siégé au moins deux ans au sein du comité exécutif peuvent se présenter à la présidence. Ce qui permet d’être au courant des sujets en cours. Et en ce moment ils sont particulièrement nombreux ! Pas moins de sept directives, qui touchent de près ou de loin les pharmaciens, sont en cours d’élaboration ou de révision.
Votre mandat portera sur quels axes ?
Dans le domaine de la santé, l’objectif est d’innover tout en visant plus de sécurité. C’est bien là aussi le cœur de métier du pharmacien, professionnel de santé, dont il faut défendre sans concession l’indépendance. Aussi, le premier axe de mon mandat sera de promouvoir le rôle qu’ont les pharmaciens dans la protection des patients, en particulier dans la pharmacovigilance et la vigilance sanitaire. Le deuxième axe sera d’identifier et de comparer les services de proximité – 46 millions d’Européens poussent chaque jour la porte d’une officine – que les pharmaciens développent dans tous les Etats Membres. J’ai demandé au vice-président, Piotr Bohater, président de la chambre des pharmaciens polonais, d’engager cet inventaire assorti d’une étude des modèles économiques adoptés.
Le projet de réforme du médicament en France fait apparaître plus que jamais la nécessité d’une rémunération du pharmacien. Ce modèle émerge-t-il dans les pays européens ?
Les Etats membres ont à relever des défis identiques. Dans un environnement en mutation, ce qui était vrai naguère ne l’est plus forcément aujourd’hui. Des solutions d’efficience émergent. La coopération entre professionnels de santé en fait partie. Les Pays-Bas ont, par exemple, présenté de nouveaux modèles d’organisation avec partage d’honoraires entre professionnels.
J’ai délégué l’étude de l’ensemble de ces questions économiques à notre confrère polonais. Il sera aidé de nos trois syndicats représentatifs nationaux, également membres de la délégation française. Cependant, il n’est aucunement question de gommer nos spécificités nationales. L’Europe, je le rappelle, c’est l’unité dans la diversité. Néanmoins, on le constate tous les jours, l’Europe de la santé devient de plus en plus une réalité. Les virus, les médicaments, les professionnels de santé et les patients circulent au sein de l’Europe. Pour ces raisons, nous devenons de plus en plus interdépendants et le commissaire européen à la santé et à la politique des consommateurs, John Dalli rappelle que ses priorités en matière de santé visent l’harmonisation des règles pour plus de disponibilité (accessibilité) et de sécurité.
Nombre de vos confrères européens sont confrontés à la dérégulation du marché de la pharmacie. La France est éloignée de ces préoccupations, non ?
Bien sûr que non ! Il est vrai que la Cour de justice européenne a confirmé que dans le domaine de la santé c’est l’échelon national qui prime. Et le principe de subsidiarité a été conforté par le traité de Lisbonne. Mais cela n’empêche pas d’étudier ce qui se passe chez nos voisins ! Aussi j’apprécie que le GPUE permette à chaque membre de présenter les impacts des options nationales. A chacun ensuite d’en tirer ses propres enseignements. Personnellement, je reste convaincue qu’une régulation proportionnée est essentielle en matière de santé. Je suis également convaincue que les membres du GPUE disposent de suffisamment de dénominateurs communs pour développer une vision partagée du rôle du pharmacien d’officine. L’objectif que je me fixe, c’est que le GPUE finalise une vision commune. Cette synergie serait un véritable tremplin pour l’avenir de la profession. Une sorte de carnet de route…
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