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La phénylcétonurie
La phénylcétonurie, la plus fréquente des maladies rares du métabolisme, touche un nouveau-né sur 16 000 en France. Cette pathologie héréditaire est transmise sur le mode autosomique récessif.
Qu’est-ce que c’est ?
La phénylcétonurie est due au déficit en phénylalanine-hydroxylase, une enzyme hépatique qui permet la transformation de la phénylalanine en tyrosine. Ce déficit entraîne une augmentation de la phénylalaninémie, responsable de la toxicité et de la symptomatologie caractérisée par des troubles neurologiques graves (retard mental, troubles du comportement, épilepsie…), une hypopigmentation globale (cheveux blonds, peau pâle, yeux bleus) et de l’eczéma.
Comment éviter les complications ?
La précocité de la prise en charge et la qualité du suivi diététique influent directement sur le devenir à l’âge adulte.
Il existe plusieurs types d’hyperphénylalaninémie selon le degré d’activité enzymatique résiduelle générant une concentration plasmatique en phénylalanine variable.
Quelle prise en charge ?
• Le traitement principal consiste en un régime alimentaire « sur mesure » dont l’apport en phénylalanine est contrôlé tout au long de la vie du patient. La phénylalanine est un acide aminé essentiel présent dans la plupart des protéines alimentaires. Elle ne peut pas être synthétisée. Ce régime alimentaire contraignant est plus strict chez le jeune enfant et peut ensuite être élargi à partir de 10 ans. Les patientes ayant un projet de grossesse doivent revenir à un régime strict avant même la conception pour éviter l’embryofœtopathie phénylalaninique.
• Le régime consiste à limiter les apports en phénylalanine :
– aliments interdits : viande, poisson, laitage, œufs, chocolat, riz…
– aliments autorisés en quantité mesurée : céréales, haricots verts, carottes, pommes…
– aliments autorisés sans limitation : sucre, huiles…
Ce régime est très contraignant et les parents doivent le réaliser en lien avec une équipe diététique spécialisée qui pourra l’adapter en fonction des taux de phénylalanine plasmatique. Les répercussions sociales pour l’enfant et la famille sont importantes, avec en particulier la nécessité d’un plan d’accueil individualisé en milieu scolaire.
Qu’associer au régime alimentaire ?
• Le régime alimentaire autorise une prise quotidienne d’une quantité calculée de protéines naturelles qui couvre les besoins en phénylalanine. Les besoins en protéines sont comblés par des mélanges d’acides aminés sans phénylalanine.
• Des produits hypoprotidiques (< 10 % de la teneur en protéine d’un aliment normal) appauvris industriellement (pain, pâtes, riz, substitut de lait ou d’œufs…) permettent de fournir un apport énergétique suffisant. Ils sont prescrits par l’équipe médicale et pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Le patient envoie son ordonnance à l’AGEPS (ex-Pharmacie centrale des hôpitaux) qui fait livrer les produits chez le patient ou dans sa pharmacie.
Si le traitement est bien suivi, l’espérance de vie est inchangée.
Quel traitement médicamenteux ?
Un traitement par Kuvan (dichlorhydrate de saproptérine), cofacteur de l’enzyme permettant la transformation de la phénylalanine en tyrosine, est disponible à l’hôpital. Il est proposé aux patients « BH4-sensibles » (environ 20 % des cas). Ce médicament améliore la tolérance en phénylalanine, permettant ainsi un allégement des contraintes diététiques et une meilleure diversification alimentaire.
EN PRATIQUE
• Les médicaments contenant de l’aspartam (édulcorant contenant de l’acide L-aspartique et de la L-phénylalanine) sont contre-indiqués. Noter cette contre-indication dans le dossier du patient.
• L’absence de régime à l’âge adulte peut entraîner des troubles neurologiques et comportementaux (fatigue, troubles de l’humeur et de l’attention). De plus, des carences nutritionnelles peuvent survenir si le patient se restreint lui-même en protéines. Un suivi annuel doit donc être maintenu tout au long de la vie chez les patients phénylcétonuriques.
• Allaitement possible mais la mère doit maintenir un régime strict pour conserver de faible taux de phénylalanine plasmatique.
TEST DE GUTHRIE
• Depuis 1972, le test d’inhibition bactérienne de Guthrie est réalisé systématiquement en France à la naissance. Cette méthode de détection de la phénylcétonurie a radicalement changé le pronostic de la maladie.
• Le test de Guthrie est réalisé sur quelques gouttes de sang prélevées sur un papier buvard après piqûre au talon du nouveau-né au 3e jour de vie.
• Dès qu’un enfant est diagnostiqué, il est hospitalisé pour réaliser des explorations complémentaires et mettre en place sa prise en charge (information sur la maladie, éducation thérapeutique de la famille).
Sources : association Les Feux follets, www.phénylcétonurie.org ; « La Phénylcétonurie », mars 2006, François Feillet, encyclopédie Orphanet ; « Traitement de la phénylcétonurie : régime pauvre en phénylalanine », « Prescrire », février 2010 ; « Phénylcétonurie », guide ALD, Haute Autorité de santé, mars 2010.
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