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La teigne
En augmentation en France, la teigne touche surtout les milieux socialement défavorisés et les enfants avant 12 ans (prévalence scolaire : 1,9 %). Dépistage et traitement précoces sont essentiels pour éviter sa propagation.
Qu’est-ce que c’est ?
La teigne est une affection fongique du cuir chevelu ou de la barbe provoquée par différents champignons kératinophiles, les dermatophytes.
Comment se transmet-elle ?
• De l’homme à l’homme pour les espèces anthropophiles, lors de contamination intrascolaire ou intrafamiliale, en particulier dans les populations migrantes d’Afrique de l’Ouest ou du Nord (ex : Microsporum langeronii, Trichophyton soudanense), par contact direct avec des poils, cheveux ou squames infectés, ou indirect par les bonnets, peignes… Les adultes peuvent être porteurs sains.
• D’animal à l’homme pour les espèces zoophiles (Microsporum canis) au contact d’animaux parasités (chat, chien, cheval). Acquise dans un contexte professionnel (élevage, abattoir), la teigne peut être déclarée maladie professionnelle indemnisable.
• Rarement, du sol (de ferme) à l’homme pour les espèces géophiles (Microsporum gypseum).
Quels sont les différents types ?
• La teigne tondante, surtout chez l’enfant de moins de 10 ans, très rare chez l’adulte.:
– de type microsporique (Microsporum canis, Microsporum langeronii), souvent zoophile, avec 1 à 3 grandes plaques alopéciques squameuses et des cheveux régulièrement cassés à quelques millimètres du cuir chevelu ;
– de type trichophytique (Trichophyton tonsurans, Trichophyton soudanense), anthropophile strict, avec de nombreuses petites plaques pustuleuses et des cheveux cassés très courts. La guérison est parfois spontanée à la puberté.
• La teigne inflammatoire suppurative (Trichophyton mentagrophytes, Trichophyton gypseum), zoophile ou géophile, formant un macaron érythématosquameux (kérion du cuir chevelu) ou une folliculite aiguë (barbe de l’adulte). Il y a chute du cheveu ou du poil avec possible adénopathie et fièvre. L’évolution est spontanément régressive en quelques jours ou mois avec une cicatrice résiduelle plus ou moins alopécique.
• La teigne favique (Trichophyton schonleinii), anthropophile, touche les enfants et les adultes âgés. Formant des « godets faviques » à la base du cheveu, jaune soufre, friables et d’odeur fétide, elle évolue vers une alopécie définitive. Non traitée, elle persiste à vie.
Comment se fait le diagnostic ?
• Un diagnostic mycologique est indispensable avant tout traitement antifongique :
– examen du cuir chevelu sous UV par lampe de Wood :
– examen direct de squames ou cheveux confirmant le parasitisme.
– culture sur milieu de Sabouraud précisant le genre et l’espèce en 1 à 4 semaines.
• Une enquête épidémiologique est menée dans l’entourage du patient.
– Si le dermatophyte est anthropophile : dépister et traiter famille et proches. Eviction du milieu scolaire, sauf si l’enfant présente un certificat médical attestant d’une consultation et d’un traitement adapté.
– Si le dermatophyte est zoophile : rechercher et traiter l’animal parasité et son environnement.
Quel traitement ?
Le traitement associe :
• Le traitement systémique à base de griséofulvine en première intention chez l’enfant (10-20 mg/kg/j) et chez l’adulte (1 g/j) en 2 prises durant 6 à 8 semaines.
La terbinafine peut être utilisée en première intention durant 4 semaines chez l’adulte (1 comprimé à 250 mg/j), mais elle est déconseillée chez l’enfant et chez la femme enceinte ou allaitante pour qui seul le traitement local est possible.
• Le traitement local, par dérivés imidazolés (Kétoderm, Fongamil…) ou par ciclopiroxolamine (Mycoster, Sebiprox…) sous forme de solution, crème ou shampooing, après rasage de la zone contaminée.
Ces traitements doivent être suivis jusqu’à guérison complète, clinique et mycologique.
En pratique
• Ne pas appliquer de corticoïdes
• Insister sur une bonne observance du traitement.
• Si prescription de griséofulvine (à prendre au cours d’un repas riche en lipides pour augmenter l’absorption): risque de photosensibilisation, d’effet antabuse, de mauvaise tolérance digestive et d’effet inducteur enzymatique (contraception, AVK…).
• Conseiller à la famille de :
– ne pas s’échanger les effets personnels de toilette ;
– désinfecter peignes et brosses avec une poudre antimycosique (Pevaryl, Fazol);
– laver serviettes, bonnets et peluches à 70°.
Sources : « Teignes chez les enfants scolarisés », « La Revue du praticien – Médecine générale », tome 22, n° 802, mai 2008 ; « Les teignes du cuir chevelu : épidémiologie, conduite diagnostique et thérapeutique », « Les Nouvelles dermatologiques », 2003, pp. 290-295 ; « Dermatophytoses », 2009, www.biomycologie.com ; « Les Teignes », 2007, www.agriculture.gouv.fr.
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