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L’HÔPITAL RÔDE LES INNOVATIONS
Huit nouvelles molécules ont enrichi l’arsenal thérapeutique hospitalier en 2011. Trois d’entre elles pourraient être prochainement dispensées en officine, dont deux sont les premiers inhibiteurs de la protéase du VHC.
BOCÉPRÉVIR
Victrelis (MSD-Chibret)
Le bocéprévir est un antiviral, inhibiteur de la protéase du VHC, capable d’inhiber la réplication virale dans les cellules hôtes infectées par le virus de l’hépatite C. Il est commercialisé depuis juillet 2011 dans Victrelis, des gélules dosées à 200 mg. Victrelis est indiqué en association au peginterféron alfa et à la ribavirine dans le traitement de l’hépatite C chronique causée par le virus de génotype 1. Il s’administre à la posologie de 800 mg toutes les 8 h en même temps que de la nourriture, pour une durée maximale de traitement allant de 24 à 32 semaines. Son adjonction à la bithérapie classique peginterféron + ribavirine se traduit par un taux statistiquement plus élevé de réponse virale prolongée (environ 66 % contre 37 à 21 %), que ce soit chez le patient non encore traité ou en situation d’échec thérapeutique, quel que soit le type d’échec. Les effets indésirables les plus fréquents sous bocéprévir sont des anémies pour 1 patient sur 2, des thrombopénies pour 1 patient sur 3 et des neutropénies pour 1 patient sur 4. Inhibiteur puissant du CYP3A4, le risque d’interactions est très présent en cas de coprescription avec les médicaments à marge thérapeutique étroite.
Sa place dans la classe : Victrelis s’adresse aux patients VHC-génotype 1 naïfs ou en échec face au traitement de référence. Des essais restent nécessaires afin de pouvoir le comparer au télaprévir, second inhibiteur de la protéase du VHC disponible en 2011, et d’en évaluer la morbimortalité.
L’avis de la HAS : la Commission de la transparence estime important le service médical rendu par Victrelis. Elle lui accorde une amélioration du service médical rendu mineure (IV) chez les patients naïfs et une ASMR modérée (III) chez les patients en échec de traitement.
TÉLAPRÉVIR
Incivo (Janssen-Cilag)
Le télaprévir est un antiviral, le second inhibiteur de la protéase du VHC après le bocéprévir, agissant essentiellement sur la phase de réplication virale. Il est disponible depuis septembre 2011 dans Incivo sous forme de comprimés dosés à 375 mg. Incivo est ainsi indiqué en association au peginterféron alfa et à la ribavirine dans le traitement de l’hépatite C chronique causée par le virus de génotype 1. La posologie est de 750 mg toutes les 8 heures, administrés au cours d’un repas, pour une durée maximale de traitement de 12 semaines. L’adjonction d’Incivo à la bithérapie classique peginterféron + ribavirine sur 24 à 48 semaines se traduit par un taux statistiquement plus élevé de réponse virale prolongée, que ce soit chez le patient non encore traité (72 % contre 44 %) ou en situation d’échec thérapeutique (de 86 à 32 % contre 22 à 5 %), quel que soit le type d’échec. Les effets indésirables les plus fréquemment rencontrés lors des essais cliniques étaient de type éruptions cutanées pour 1 patient sur 2 et de type anémies pour 1 patient sur 3. Ce médicament étant substrat et inhibiteur du CYP3A4 ainsi que substrat de la P-gp (glycoprotéine P), le risque d’interactions médicamenteuses est très présent.
Sa place dans la classe : Incivo cible plutôt les patients en échec au bocéprévir étant donné ses effets indésirables plus difficiles à prendre en charge. Des essais restent nécessaires afin de pouvoir le comparer au bocéprévir et d’en évaluer la morbimortalité.
L’avis de la HAS : elle a attribué à Incivo le même SMR et les mêmes niveaux d’ASMR qu’à Victrelis.
ABIRATÉRONE
Zytiga (Janssen-Cilag)
L’abiratérone est un anticancéreux, inhibiteur de la biosynthèse des androgènes. Mis sur le marché en septembre 2011 dans les comprimés Zytiga dosés à 250 mg, il est indiqué dans le traitement du cancer métastatique de la prostate résistant à la castration, en seconde intention après chimiothérapie à base de docétaxel. Ce médicament se prend à la posologie de 1 000 mg (4 comprimés de 250 mg) en prise unique journalière, en association avec de la prednisone ou de la prednisolone et à distance des repas. Les transaminases font l’objet d’un suivi toutes les 2 semaines pendant les 3 premiers mois de traitement puis tous les mois ensuite. Tension artérielle, potassium et rétention hydrique sont surveillés mensuellement. L’abiratérone est un substrat du CYP3A4 et un inhibiteur du CYP2D6, laissant supposer un risque fort d’interactions avec les inducteurs et inhibiteurs classiques du 3A4 ainsi qu’avec les médicaments substrats du 2D6 (métoprolol, propranolol, désipramine, venlafaxine, halopéridol, rispéridone, propafénone, flécaïnide, codéine, oxycodone et tramadol). Les effets indésirables les plus fréquents sont des œdèmes périphériques, des hypokaliémies, des hypertensions artérielles ou des infections du tractus urinaire.
Sa place dans la classe : elle est stricto sensu celle de l’AMM, soit la seconde intention après une chimiothérapie à base de docétaxel. Zytiga permet de retrouver de l’efficacité thérapeutique quand la première ligne de traitement s’est épuisée.
L’avis de la HAS : il n’a pas encore été communiqué.
Cinq autres nouvelles molécules
• Argatroban (Arganova) : médicament anticoagulant, inhibiteur direct de la thrombine, indiqué chez les patients nécessitant une anticoagulation par voie parentérale et présentant une thrombopénie induite par l’héparine.
• Belatacept (Nulojix) : immunosuppresseur anti-CD80 et CD86 indiqué en association aux corticoïdes et à l’acide mycophénolique en prévention du rejet du greffon en transplantation rénale.
• Cabazitaxel (Jevtana) : anticancéreux de la famille des taxanes (docétaxel, paclitaxel) indiqué dans le traitement du cancer de la prostate métastatique, hormonorésistant, chez les patients précédemment traités par docétaxel.
• Ipilimumab (Yervoy) : anticorps antilymphocytaire indiqué dans le traitement du mélanome non résécable ou métastatique, en seconde intention chez les patients prétraités.
• Vélaglucérase alfa (Vpriv) : enzyme de substitution administrée au long cours chez les patients atteints de la maladie de Gaucher de type 1 ; alternative de Cérézyme (médicament orphelin).
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