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Zebinix

Publié le 21 avril 2012
Par Géraldine Galan
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L’eslicarbazépine présente beaucoup de similitudes avec la carbamazépine (Tegrétol) et surtout l’oxcarbazépine (Trileptal), dont elle est l’un des métabolites. A leur différence, l’eslicarbazépine est réservée aux seules épilepsies partielles en association à un autre antiépileptique.

Indication

Zebinix est indiqué en association chez le patient de plus de 18 ans souffrant d’épilepsie partielle avec ou sans généralisation secondaire.

Mode d’action

Même si son mécanisme d’action n’est pas parfaitement élucidé, des études in vitro montrent que l’eslicarbazépine stabilise l’inactivation des canaux sodiques voltage-dépendants.

Posologies

• Zebinix n’est instauré qu’en association à un traitement antiépileptique déjà en cours. La dose initiale est de 400 mg une fois par jour. Après une à deux semaines, la dose peut être doublée, toujours en une prise quotidienne. Elle peut ensuite être augmentée progressivement selon la réponse individuelle jusqu’à un maximum de 1 200 mg en une prise par jour.

• En cas d’insuffisance rénale avec une clairance de la créatinine comprise entre 30 et 60 ml/min, la dose doit être diminuée de moitié. L’utilisation de Zebinix n’est pas recommandée pour des clairances < 30 ml/min (insuffisance rénale sévère).

Contre-indications

• Hypersensibilité à l’eslicarbazépine, à la carbamazépine ou à l’oxcarbazépine.

• Antécédent de bloc auriculo-ventriculaire du deuxième ou troisième degré.

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Grossesse et allaitement

• Au cours des trois premiers mois de grossesse, une monothérapie est à privilégier autant que possible. Il n’existe pas de données sur l’utilisation de Zebinix chez la femme enceinte. En cas de grossesse il convient de réévaluer le traitement et de favoriser l’administration de la dose minimale efficace.

• Une supplémentation en acide folique est recommandée chez les femmes enceintes traitées par antiépileptiques.

• Les antiépileptiques administrés à la mère peuvent provoquer des troubles hémorragiques chez le nouveau-né. Il convient d’administrer un traitement préventif par vitamine K1 à la mère au cours des dernières semaines de grossesse et au nouveau-né.

• Les femmes traitées par Zebinix ne doivent pas allaiter.

Effets indésirables

• Les effets indésirables les plus fréquemment observés sous eslicarbazépine sont des sensations vertigineuses et une somnolence. Des troubles visuels sont également fréquents (diplopie ou vision trouble). Le patient doit être prévenu qu’il faudra éviter de conduire en début de traitement, tant que l’absence de ces symptômes n’est pas avérée.

• Parmi les autres effets indésirables fréquents, des céphalées, des troubles de la coordination ou de l’attention, des tremblements, des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées), des rashs cutanés, de la fatigue et des troubles de la marche ont été rapportés.

• En raison d’un risque d’hyponatrémie, le taux de sodium sanguin doit être surveillé avant et pendant le traitement.

Interactions médicamenteuses

• Une augmentation des doses des médicaments principalement métabolisés par le CYP3A4 peut être nécessaire en cas d’association avec Zebinix.

• L’association d’eslicarbazépine avec de la carbamazépine augmente le risque de survenue de certains effets indésirables (diplopie, coordination anormale et vertiges). Une association de Zebinix à la phénytoïne peut nécessiter d’augmenter les doses d’eslicarbazépine et de diminuer celles de phénytoïne.

• L’eslicarbazépine diminue l’exposition aux œstroprogestatifs. Un autre type de contraceptif doit être utilisé pendant le traitement et jusqu’à la fin du cycle en cours lors de l’arrêt de Zebinix.

• Lors d’une instauration ou d’un arrêt de Zebinix au cours d’un traitement par warfarine, une attention particulière doit être portée à l’INR.

FICHE TECHNIQUE

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L’ÉPILEPSIE PARTIELLE

→ Qu’est-ce que c’est ?

Les crises d’épilepsie partielle, ou crises focales, sont la conséquence de décharges électriques excessives, soudaines et hypersynchrones d’une population de neurones se limitant à une partie d’un hémisphère du cerveau. Les symptômes varient en fonction de la partie du cerveau touchée. Ces crises durent en général moins de 2 minutes.

→ Quelle est l’évolution possible ?

– Les crises partielles peuvent être simples, sans perte de conscience. Elles se manifestent par des signes moteurs (mouvements soudains et saccadés de la main ou de la face du côté opposé à la décharge), sensoriels (fourmillements au niveau de la main ou de la face ou hallucinations visuelles, auditives, olfactives…), végétatifs, essentiellement gastriques (pesanteur épigastrique), et/ou psychiques (troubles du langage, sensation de peur, de tristesse, de « déjà-vu », état de rêve…).

– Les crises partielles peuvent également altérer la conscience. Elles sont alors dites « complexes » et s’accompagnent de gestes involontaires et d’automatismes. Le patient semble perdu, peut déambuler sans but, mâchonner… Il ne se souvient pas de son comportement pendant la crise et ressent une fatigue intense.

– Ces deux types de crise peuvent se généraliser par propagation des décharges anormales à l’ensemble du cerveau et devenir secondairement tonico-cloniques.

→ Qu’est-ce que l’aura ?

L’aura est l’ensemble des signes qui précèdent une crise, constants pour un même patient : anxiété, hallucinations gustatives, auditives… Une crise n’est pas toujours précédée d’une aura et une aura n’est pas systématiquement suivie d’une crise. La présence de l’aura, qui peut durer plusieurs minutes, permet au patient de se préparer à une éventuelle crise et de se protéger en s’allongeant par exemple.

Sylviane Le Craz

L’AVIS DE LA HAS

→ Service médical rendu important

→ Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V)

→ Population cible estimée entre 42 000 et 72 000 patients en France.

Dites-le au patient

– La barre de cassure divise le comprimé en deux demi-doses égales.

– Le patient doit être averti qu’une consultation médicale s’impose face à tout signe de comportement ou d’idée suicidaires.

– Les femmes en âge de procréer doivent utiliser un moyen de contraception efficace autre qu’une pilule œstroprogestative au cours du traitement et jusqu’à la fin du cycle en cours lors de l’arrêt de Zebinix.

– La conduite doit être évitée en début de traitement.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Une réduction significative du nombre de crises

Trois études de phase III randomisées en double aveugle ont été versées au dossier de transparence de l’eslicarbazépine. Elles évaluent l’efficacité et la tolérance de 3 doses de la molécule (400, 800, 1 200 mg) versus placebo. Les 1 050 patients suivaient un traitement de base (jusqu’à trois antiépileptiques). Ils présentaient des crises partielles réfractaires, avec ou sans généralisation secondaire. Le traitement a duré 14 à 16 semaines. Seuls les résultats portant sur la dose de 800 mg ont été évalués puisque ce dosage est le seul pour lequel l’inscription a été sollicitée.

Une réduction significative du nombre de crises sous 800 mg d’eslicarbazépine a été observée versus placebo dans chacune des trois études. La différence moyenne a été de deux crises entre les groupes eslicarbazépine et placebo. L’analyse poolée donne un taux de répondeurs de 36,3 % dans le groupe eslicarbazépine contre 21,5 % pour le placebo. Aucune différence n’a été relevée en termes de qualité de vie. Si aucun effet indésirable sévère (aplasie médullaire, réactions anaphylactiques…) n’a été rapporté lors des études, la parenté de l’eslicarbazépine avec l’oxcarbazépine ne peut en exclure le risque.

L’absence d’études versus antiépileptique actif ne permet pas d’apprécier le bénéfice réellement apporté au patient par l’eslicarbazépine. La HAS souligne que l’efficacité de l’eslicarbazépine semble être du même ordre que celle des principaux médicaments comparateurs théoriques. Une fois de plus donc, cliniciens et patients ne disposent avec l’eslicarbazépine que d’une alternative s’ajoutant à un important panel de traitements déjà disponibles.